Pour les connaisseurs, le label Metal On Metal s'est fait une spécialité du vintage, du culte, de l'underground métallique de la grande époque, et signe des groupes plus ou moins obscurs ou réédite, d'ARKHAM WITCH à STONEGRIFF en passant par SACRED GATE ou OUTRAGE.
Depuis 2011, MELIAH RAGE a rejoint leur écurie, et après deux singles et un LP en 2014 Warrior, le label à sorti le mois dernier une compilation de raretés de ce groupe de Boston, surtout connu (légèrement il faut l'avouer), pour son effort Kill To Survive, paru en 1988, qui avait un tant soit peu émoustillé les rédactions, sans non plus causer un raz de marée passionnel.
MELIAH RAGE, c'est un peu le symbole d'une certaine seconde division US du Metal mordant, a mi chemin entre le Power Metal, le Heavy et le Thrash très light. Je n'ai rien de particulier contre ces garçons, mais je dois avouer qu'à part cette référence, et plus vaguement le mini LP live qui s'ensuivit, je ne connais pas grand chose d'eux.

Leur histoire est pourtant émaillée de cassures, et après un début de carrière assez stable, le quintette s'est fait avaler tout cru par la vague de Seattle, avant d'émerger de nouveau en 1996, de sortir un plutôt pas mal Death Valley Dream selon les avis, avant de se remettre en sommeil jusqu'en 2001, et depuis, leur parcours semble plus calme.
Plusieurs albums ont vu le jour, dont le fameux Warrior l'année dernière, que je n'ai malheureusement pas écouté.

Mais là n'est pas le propos, puisque cette compilation se concentre sur les premières années du combo, avant même qu'ils n'optent pour le patronyme de MELIAH RAGE, et se constitue de plusieurs petites choses plus ou moins rares, qui se décomposent comme suit.
Les huit premiers titres sont en fait une répétition de ce qui allait devenir le groupe définitif, captée en 1986, les quatre suivants constituaient la première démo officielle du groupe, éjectée en 1987, trois chansons live à Boston, leur fief prennent la suite (1988), et le morceau final se trouvait en 1987 sur leur seconde démo. Voilà pour les détails techniques, et avec ce tracklisting, vous imaginez bien que la production n'a rien d'un hommage à Bob Rock ou Mutt Lange, mais c'est aussi ça qui fait le charme de ces enregistrements.

Je ne discuterai pas ici de la pertinence de cette publication, pressée à mille exemplaires par le label, car je me doute qu'il y a un marché disponible chez les fans de ce groupe, sinon, à quoi bon...
Niveau musique, l'affaire est différente. L'intérêt du groupe, selon le point de vue d'un amateur évidemment, étant ce qu'il est, je ne dénigrerai rien et je me doute même que certains ont du se réjouir de voir les premières années de leur groupe favori compilé sur un même support. Alors abordons cette sortie l'esprit vierge et disséquons un tant soit peu. La première partie, soit le préambule de huit morceaux à la carrière factuelle du groupe est assez révélatrice d'un certain Metal en vogue aux USA durant les mid 80's. Riffs mordants, mid tempo de rigueur qui ne rechigne pas sur une petite accélération de temps à autres, et chant racé, haut perché, en gros, la recette qu'avait établi METAL CHURCH durant ses jeunes années, en version légèrement moins solide. Les chansons se tiennent bien, et à défaut de faire preuve d'originalité, sont suffisamment puissantes pour retenir l'attention, même si le tout, vous vous en doutez sonne très daté.
Néanmoins, tout ça n'est pas dénué d'un certain charme suranné, et cette absence de production rend la chose encore plus savoureuse même, comme si nous découvrions un groupe inconnu lors d'un voyage dans le temps. Admettons une petite préférence perso pour "The Eagle" et sa construction épique, et pour le savant mélange de BLACK SABBATH sur fond de LED ZEPPELIN de "Warrior Lord", et son chant emprunt des tonalités de Ian Gillan.

Loin du Thrash bien sur, ces huit pistes constituent les fondements du Power Metal sur lesquelles bien des groupes viendront se baser à l'avenir, et sont relativement agréables à écouter, sans trop faire d'effort. De plus, c'est le seul témoignage que l'on puisse trouver de Mark Mastroianni au chant, puisqu'il fut remplacé par Mike Munro (non, pas celui là, un autre) l'année suivante.

La seconde démo dispose d'un son un peu moins aigrelet et plus diffus, mais musicalement, les choses n'ont bien sur pas énormément changé. Le groupe y interprétait trois titres qu'on allait retrouver sur leur premier album, Kill To Survive, dans des versions qui allaient à peine évoluer. Soit dans l'ordre "Beginning Of The End", toujours dans un registre médium et presque early 80's dans l'approche, "The Pack", beaucoup plus hargneuse et à la lisière du Thrash, et "Enter The Darkness" et ses nombreux changements de plans accompagnés de lignes de basse serpentines appréciables.
Le live qui suit à l'avantage de compléter la présentation de ce fameux album, puisqu'il distille trois morceaux différents, joués devant leur public. Le son est très correct, au moins aussi bon qu'un bootleg de très bonne qualité de l'époque, et le quintette à le mordant qu'il faut pour dynamiser la foule. Rien de spécial à signaler, l'orientation mi Heavy mi Thrash est toujours constante, avec toutefois un regain de puissance du à l'interprétation en public.

La dernière piste, tirée de la seconde démo est quant à elle de très bonne qualité, et profite d'une production beaucoup plus ample et profonde qui fait rejaillir les basses, et donne du volume à la rythmique. C'est assez agréable en soi après tant de pistes au son approximatif, et qui plus est, "Kill To Survive" est en sus un assez bon morceau, à l'up tempo ravageur et aux riffs saignants.

Un avis tranché et global ?

Before The Kill, de par son contenu ne s'adresse qu'aux fans du groupe, mais rien ne vous interdit d'y jeter une oreille. Même si MELIAH RAGE est toujours resté un groupe mineur, leur musique est assez symptomatique d'une époque, et ma foi, pas désagréable à écouter, pour peu que le Heavy Power soit votre religion. C'est un témoignage qui a son intérêt, même si le groupe semblait déjà à l'époque avoir plusieurs trains de retard sur l'évolution du Metal aux USA.

Mais le produit est là, disponible, alors si une tranche d'histoire de l'underground vous sied, ne vous gênez pas, le prix est modique et le CD bien rempli.