STRATOVARIUS (fi) - La Cigale à Paris (31/03/13)
Groupes Présents au concert : SEVEN KINGDOMS, AMARANTHE, STRATOVARIUS
Date du Concert : dimanche 31 mars 2013
Lieu du Concert : La Cigale (Paris, France)
C'est cette fois à la Cigale que le Metal prend ses quartiers dans la capitale, toujours orpheline de son fief historique l'Elysée Montmartre. Une salle construite à la fin du XIXème siècle pour accueillir des concerts, puis de l'opérette et du théâtre, avant de rouvrir comme cinéma spécialisé dans les arts martiaux et le porno, et devenir à la fin des années 80 la salle de spectacles polyvalente que l'on connaît aujourd'hui. Presque un siècle après les petites sauteries de Jean Cocteau, c'est STRATOVARIUS qui se présente à la Cigale en « double headliner » avec d'autres finlandais, AMARANTHE et un obscur groupe américain : SEVEN KINGDOMS.
La fosse et les balcons se remplissent peu à peu dans ce superbe décor, lorsque déboulent sur scène de parfaits inconnus par chez nous : SEVEN KINGDOMS. Emmenés par Sabrina Valentine, sa plantureuse chanteuse, ce quintet donne dans un Speed Metal assez carré et direct, mâtiné sans grande finesse de quelques samples vaguement symphonique. Eux qui peuvent se vanter d'avoir joué avec QUEENSRYCHE, KAMELOT et même récemment avec DORO, ne nourrissent aucun complexe. A l'image de cette frontwoman, ligotée dans un corset que n'aurait pas renié la doyenne allemande, et qui fait fi de ses quelques lacunes vocales en compensant avec une belle énergie. Un gros guitariste, parfait sosie de Robert Hue dans les années 80, donne la réplique à un second gratteux, bien plus présentable, pour des parties instrumentales de bonne facture. Des rythmiques enlevées chauffent les premiers rangs et mettent la salle dans le bain, la soirée commence bien. Les américains quittent les planches avant qu'on ne s'ennuie, et laissent les roadies s'agiter.
AMARANTHE, c'est seulement deux disques, et déjà un succès dingue sur trois continents. Une chanteuse canon, une base Metal, des sons électro-pop, et des mélodies entêtantes, voici la recette rapide pour un vrai carton. Les revoici aujourd'hui à Paris, un nouveau test pour leur popularité. Et d'emblée, les spectateurs désormais en nombre se massent vers le devant, pour mieux entendre ces nouvelles icônes (ou pour voir Elize Ryd de plus près ?). Lorsque le combo investit la Cigale au son de l'intro, c'est du délire chez les plus jeunes. « Invincible » lance les hostilités, un titre qui donne le la : trois petites minutes formatées Metal-électro au refrain hyper catchy qui fait mouche en un instant. Trois chanteurs se partagent le devant de la scène : Jack E pour la voix claire, Andy pour le chant Death et Elize donc. Autant dire que ça fait du monde devant nous, même si on exclut le Mac qui doit envoyer les millions de samples nécessaires au bon déroulement du concert ! La setlist est majoritairement axée sur le premier album, avec 10 titres issus d'Amaranthe, sorti en 2011. « 1.000.000 Lightyears », « Hunger » ou encore la balade « Amaranthine », mièvre au possible, déchaînent les fans et les flashs. The Nexus, le deuxième opus, reçoit un excellent accueil, notamment les singles « The Nexus » et « Mechanical Illusion », maladroitement annoncé par Jack E, sorte de M. Pokora finlandais. Plus viril, Andy assure des growls plutôt réjouissants, et la complémentarité avec ses collègues est certaine. A la guitare, Olof Mörck est assez discret, mais difficile de prendre la scène à son compte quand elle est aussi fréquentée que la ligne A en heure de pointe... Pour se faire remarquer, Johann le bassiste a trouvé la solution : il tombe le t-shirt, détache les cheveux et montre pectoraux, tatouages, et un narcissisme dégoûtant. Celle qui se contente de s’effeuiller de temps en temps (elle est arrivée couverte comme une bonne sœur), c'est Elize Ryd, qui en plus d'être certainement la plus jolie fille du Metal, s'affirme sur quelques titres comme une vocaliste assez exceptionnelle. La justesse, la puissance et l'amplitude de sa voix lui assurent incontestablement un avenir radieux, de quoi renvoyer les Simone, Annette et autre Kerstin à leurs chères études. C'est de plus une fille qui sait se comporter en live... si l'on excepte les bisous qu'elle envoie et les petits cœurs qu'elle fait sans arrêt avec ses mains… Deux rappels, 16 morceaux plus un solo de batterie plus tard, AMARANTHE quitte les lieux au terme d'un set tout de même un peu trop long, d'autant plus que la soirée sera finalement raccourcie de façon assez improbable...
Il y a deux ans, alors que STRATOVARIUS devait jouer en première partie d'HELLOWEEN, Timo Kotipelto (chant) était tombé malade et le concert avait été annulé, laissant les fans à leur frustration. Ils ont bien l'intention de se rattraper ce soir, alors que les pionniers du Speed Metal finlandais reviennent en force avec un bel album, Nemesis, certainement le meilleur depuis le départ de leur cerveau Timo Tolkki en 2008. L'intro retentit, s'éternise, et enfin les premiers coups de caisse claire de Rolf Pilve annoncent « Abandon », le titre inaugural de ce nouveau cd. Arrivé comme une balle, Timo a l'air en forme, lui qui a tout de même du annuler une date en Allemagne il y a 3 jours, la faute à une infection des cordes vocales... Premier refrain, les poings se lèvent, l'ambiance est montée d'un cran ! Et on enchaîne tout de suite sur « Speed of Light » : un début à cent à l'heure. Un nouveau morceau, suivi d'un ancien : STRATOVARIUS va assurer largement la promo du dernier né mais aussi puiser dans sa riche discographie.
« Eternity », un des rares titres écrits par Kotipelto lorsque Tolkki était aux manettes, est une agréable surprise, et son thème est chanté par une grande partie de la salle. Une évocation de « Episode » qui fait sourire Jens Johansson (claviers), dont c'était le premier opus avec STRATO, il y a 16 ans. Depuis, Jörg Michael (batterie) et Jari Kainulainen (basse) ont laissé Timo et Jens comme ultimes représentants du line-up historique du groupe. Les remplaçants ne déméritent pas : si Lauri Porra a été adopté par les fans, Mattias Kupianen impose aussi sa patte, s'appropriant au passage les morceaux plus anciens, avec plus ou moins de réussite. Les puristes auront de quoi râler à l'écoute de soli quelque peu massacrés, comme celui de « Speed of Light » qu'il interrompt sans vergogne. Rolf Pilve, lui, n'a rejoint les rangs que depuis quelques mois, et s'il n'a ni la puissance, ni la hargne de son prédécesseur, il semble incarner l'avenir de STRATOVARIUS, du haut de ses 25 ans...
Parmi les nouveaux titres, l'ambitieux « Halcyon Days » aux accents électro passe sans encombre l'épreuve du live, avec l'aide précieuse d'un public conquis par ce refrain accrocheur. « Stand My Ground » manque de chœurs, les musiciens ne se dévouant que très ponctuellement à cette tâche, et « Dragons », assez basique, est surtout le prétexte pour un joli duel guitare-clavier. « Fantasy », écrit par Lauri Porra, se bonifie en concert, il gagne en intensité et en puissance et on est moins gênés par cette mélodie simplette, qui perturbe un peu sur la version studio. Des chœurs angéliques introduisent « Destiny », dont la partie a capella est magistralement maîtrisée par un Timo Kotipelto très en voix, mais dont l’interprétation de Mattias laisse parfois à désirer. Un rapide solo de clavier embraye sur « Black Diamond », qui n’est plus l’ultime rappel depuis deux tournées, et ce n’est pas plus mal : on terminait sur ce fameux thème de clavecin depuis la tournée « Infinite », débutée en 2000. Le dernier rappel, on n’y pense pas vraiment à ce point du concert, et pourtant…
Timo et compagnie s’éclipsent après un refrain repris en chœur par la foule, qui connait ses classiques sur le bout des doigts ce soir. Ils reviennent rapidement avec une mauvaise nouvelle, le couvre-feu approche, et il ne reste de temps que pour une chanson. De quoi croire à une mauvaise blague, surtout à une heure du 1er avril… Dans un bel élan démocratique, Timo nous donne le choix entre « Unbreakable » et « Hunting High and Low ». Le premier ne fait pas le poids face au second et c’est par ce classique de Infinite que STRATOVARIUS va achever ce concert. Un mosh pit se forme devant la scène, et devant l’imminence d’une fin aussi inattendue que contrariante, une partie de la foule se lâche comme jamais. Le groupe fait une pause au milieu du morceau et fait chanter la salle, assez rapidement hélas. Le temps de féliciter « le meilleur public sur cette tournée » (sic), de faire trembler une dernière fois le sol de la Cigale et les voilà déjà qui saluent avant de filer en vitesse. L’ovation est à la hauteur du plaisir procuré et ressenti, et de la tristesse de les voir déjà partis. La setlist, déjà tronquée par le principe de la double tête d’affiche, et certainement par la santé fragile de leur frontman, comportait tout de même deux titres de plus dont « Forever ».
Une mauvaise gestion de temps qui n’empêchera sûrement pas les fans présents ce soir de garder un beau souvenir de cette soirée. Voilà un concert qui a fait le plein (1000+ personnes) dans un contexte pourtant morose, et donné l’envie d’y revenir très très vite. C’est tout ce qu’on en attendait.
Ajouté : Jeudi 04 Avril 2013 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Stratovarius website Hits: 13015
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