BLACK SABBATH (uk) - TYR (1990)
Label : IRS
Sortie du Scud : 20 août 1990
Pays : Grande Bretagne
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 40 Mins
Avec son titre tendancieux et son artwork à l'avenant, TYR est un disque souvent mal compris. De prime abord, on pourrait prendre le quinzième projet studio de BLACK SABBATH pour un concept album sur les viking que certains amateurs peu éclairés vont même jusqu'à qualifier l'opus de Viking Metal !
TYR reprend les bons ingrédients de Headless Cross et les tire encore plus haut, encore plus loin. Le groupe veut en effet utiliser ce disque comme un tremplin pour renouer avec le succès de l'Age d'Or. Composé et mixé par Tony Iommi et Cozy Powell, le disque offre une expérience sinon innovante, du moins assez éloignées du son caractéristique du Sab : batterie mise en avant, claviers omniprésentes, chants épiques soutenus par des choeurs grandioses, l'ensemble étant rehaussé par une production très appuyée.
"Le mixage de l'album fait vraiment la part belle à la batterie. La basse est plutôt discrète alors que si vous écoutez les albums de BLACK SABBATH des années 70, la basse est très forte et j'avais le sentiment que c'était ce qui aurait fallu pour TYR. C'est en partie pour ça que je n'ai jamais été totalement satisfait de cet album" (Neil Murray, 2007)
Il y a aussi une évolution côté lyrics. Les paroles de Headless Cross ayant été jugées comme un peu trop satanique, Tony Iommi et Cozy Powell ont invité Tony Martin à changer de registre, ce que le chanteur compositeur a géré en changeant de panthéon !
Sombre, épique et symphonique, TYR recèle de véritables merveilles comme les superbes "Anno Mundi" (et son introduction en latin) et "Jerusalem", mêlant guitares ronflantes et choeurs sacrés, l'atmosphérique et très Heavy "The Sabbath Stones", la trilogie fantastique et guerrière "The Battles of Tyr" / "Odin's court" / "Valhalla", ainsi que le terrible et dévastateur "The Law Maker". Seul véritable point faible de l'album, la ballade "Feels Good To Me" un peu trop mielleuse et Hard FM pour avoir sa place dans un disque de si haute volée. S'il n'est définitivement pas question de Viking Metal, les choix artistiques tirent le projet sur le terrain du Power Metal.
Le disque reçoit un accueil mi-figue, mi-raisin (comme tous les disques de rupture, me direz-vous) et IRS ayant déjà raté la tournée américaine pour Headless Cross, le label préfère tout miser sur l'Europe avec une tournée européenne d'une cinquantaine de dates. Pendant les premiers shows, le Sab sort le grand jeu : des spectacles de plus de deux heures au cours desquels les grands moments du répertoire sont passés en revue : "Neon Knights", "War Pigs", "Iron Man", "Children of the Grave", "Black Sabbath", "Heaven and Hell", "Die Young" et "Paranoid", "The Sign of the Southern Cross" se mélangent avec les extraits plus récents des albums de la période Tony Martin comme "Headless Cross", "When Death Calls", "The Shining" et trois extraits du dernier opus : "Annon Mundi", "The Lawmaker". Rendons grâce à Tony Martin d'être capable de couvrir tout le répertoire du Sab avec une setlist tellement plus ambitieuse et complète que celles que le Sab propose depuis la réunion avec Ozzy !
La tournée démarre sur des chapeaux de roues mais des ventes de tickets trop faibles contraignent la formation à annuler les six derniers concerts de la tournée britannique, soit le dernier tiers. Après sa terre d'adoption (les Etats-Unis), c'est désormais son pays natal qui tourne le dos à BLACK SABBATH et c'est un affront que même les concerts triomphaux que le combo donnera dans tout le reste de l'Europe ne parviendront pas à effacer.
"Album voulu grandiose par ses créateurs, TYR restera un épisode sombre dans la mémoire de Tony Iommi, un rendez-vous manqué." (Guillaume Roos / La bête venue de Birmingham)
Pauvre Tony Iommi, cette énième tentative pour remettre son groupe sur le chemin de la gloire se termine une nouvelle fois en eau de boudin. C'est à croire qu'il n'y a décidément qu'une seule formule gagnante, celle reposant sur une réunion du quatuor historique. C'est d'ailleurs le but que va poursuivre l'homme en noir pendant toute cette décennie 1990 où le son originel de BLACK SABBATH est vénéré par la jeune génération Grunge mais où, paradoxalement, ses nouvelles productions, qu'elles soient dans les plus purs canons sabbathiens, comme The Eternal Idol ou Headless Cross ou plus innovantes, comme TYR ou Forbidden ne parviennent pas à séduire le public (en tout cas pas dans les proportions que souhaiterait Tony Iommi). L'histoire donnera d'ailleurs raison à l'homme en noir puisque c'est en réunissant Ozzy Osbourne, Geezer Buttler et Tony Iommi que le Sab version 1990 retrouvera enfin le haut de l'affiche, même s'il devra pour cela sacrifier la créativité sur l'autel de la tradition en renonçant à jouer autre chose que les chansons tirées des six premiers opus du groupe.
"You could compare TYR to Headless Cross like you could compare Mob Rules to Heaven and Hell. There's the Ozzy thing and the Ronnie thing and there's this. It's like these albums belong to a lost era. I am even struggling to remember stuff from that time, because in a way it's wiped from my mind" (Tony Iommi, 2012)
Ajouté : Samedi 23 Juillet 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 6402
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