EVERBLAST (FRA) - Everblast (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 26 septembre 2015
Pays : France
Genre : Crossover Core Sludge
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 37 Mins
"EVERBLAST est un groupe à l'état d'esprit positif, guidé par sa musique brutale aux accents obscurs. En dépassant les académismes d'un Thrash Metal classique, EVERBLAST explore ses vastes influences, creuse ses compositions, et impose son énergie."
Voilà une façon de se présenter très académique pour un groupe qui ne l'est pas du tout. Né à Montpellier au début de l'année 2013, EVERBLAST n'est rien de moins ou de plus que l'association de quatre furieux désireux de recréer l'atmosphère Crossover issue des années 80, en mixant le Thrash le plus radical au Hardcore le plus cru. Là où les choses dévient un peu, c'est que les montpelliérains sont aussi fan des MELVINS, et notamment de leur groove lourd et pesant. Qu'à cela ne tienne, autant tout mélanger dans le même creuset, et voir ce qui en sort.
Et donc ?
Et donc, ce premier LP, éponyme, qui met les choses au point et la douceur au coin. Parfois avec violence, parfois d'une façon plus sournoise et moins directe. La construction de ce Everblast est en effet assez particulière et intrigante. Si la première moitié fait la part belle aux morceaux les plus concis à la frappe qui cogne, la seconde s'étend beaucoup plus, et le Crossover laisse même presque tout l'espace à un Post Hardcore/Sludge assez prenant et ample.
Etrange, mais pas désagréable, un peu comme si ce premier effort se présentait comme un split entre deux projets bien distincts d'une même entité.
Tout commence à brides rabattues, et le Hardcore aux méchants relents Thrash se taille la part du lion. Rythmique en feu, riffs saccadés et circulaires dans la droite lignée de King/Hanneman/Holt/Hunolt, pour un Metal sans compromis qui surfe sur des tempi groovy. Un peu comme un fil tendu entre les balcons de SLAYER et DRI/EXCEL, avec une sale chaussette des MADBALL qui traîne au milieu.
Pas de temps à perdre, même si parfois les inflexions tournent légèrement à l'Induscore ("Laxative Corpse", charmant), même si de temps à autres on se laisse aller au calembour qui tue ("Master Of Poupi", époumoné et Hardcore jusqu'au bout du crâne rasé).
Ca bastonne grave, mais c'est surtout incroyablement souple, tel un exercice de style avec un élastique et des cordes de guitare. On se surprend plus d'une fois à tapoter des petons pour se mettre dans le ton, et lorsque la rythmique appuie à fond à la Ted Parsons (même morceau), c'est plus efficace d'une caisse entière de vinyles de la Bay Area.
Mais, comme indiqué, après quelques tendons Core à la limite de la cassure (qui laissent même passer quelques blasts Grind sur "Sledgehammer", qui n'a décidemment rien à voir avec le pauvre Peter Gabriel), dont le surpuissant "Venom" aux contretemps diaboliques, on passe au second chapitre, et pour ce, on tamise la bougie et on tire les rideaux.
A partir de "Dizzy", on comprend mieux pourquoi le quatuor parlait des MELVINS dans sa présentation. Faisant fi des indications laissées par le début de parcours, EVERBLAST change son fusil de râtelier, et abandonne les systématismes Thrash/Core pour se complaire dans un Post Metal/Hardcore boueux et sournois, saturé de lancinances de guitares et de redondances de stridences.
Après avoir privilégié l'efficacité et la concision, les montpelliérains se lancent à corps perdu dans les itérations irritantes, et d'ailleurs les cinq deniers morceaux représentent à eux seuls les deux tiers du métrage global.
"Stiffs" ne change en rien la donne, et se perd dans un labyrinthe de parties qui s'entremêlent, toujours aussi marquées par un Core sale et suintant, un peu FETISH 69/PRONG/NEUROSIS/WORLD NARCOSIS, mais aussi très intime, puisque le chant se replie un peu sur lui même et tente quelques lignes hurlées très pertinentes.
On se croirait presque dans les bas fonds new-yorkais, limite ROLLINS perdu dans Brooklyn à la recherche de SA vérité, et qui abandonne son éthique straight pour se laisser aller à tâter du goulot, profitant de la happy hour de "Free Booze".
Là aussi, et même plus que du Post Hardcore, c'est au Sludge que nous avons affaire, et même dans ce domaine le groupe s'en sort avec plus que les honneurs, laissant la basse prendre la place et aplanir le terrain. Six minutes qui progressent comme une ivresse qu'on craint mais qui sera libératrice, c'est une ode à la picole qui fracasse la tête et efface les souvenirs pour quelques instants, mais quelques instants seulement. La spirale est la même, concentrique, avec des guitares qui tournent et font tourner la tête, et une rythmique lancinante qui appuie sur les tempes.
"Bodies Of Doom" ne fait aucun effort pour apporter de l'aspirine, et en rajoute même une couche en ralentissant les effets de l'enivrement. Un peu TYPE O en moins gothique, un peu REFUSED dans le chant, mais surtout proche du dernier WHEELFALL pour la putrescence des ambiances.
Premier LP, mais quel prologue pour EVERBLAST qui m'a surpris et enchanté dans les grandes largeurs avec sa variété de ton et sa métamorphose progressive. Un album coup de poing, mais aussi coup de maître, qui vous entraîne sous des palétuviers avant de vous traîner sous un vieux tunnel sombre pour mieux vous égorger. Tour à tour Crossover, Thrash, Hardcore, Post Hardcore et Sludge, Everblast est un éventail impressionnant des capacités du quatuor, et il faut admettre qu'elles sont très larges.
Tiens, c'est tellement ouvert que tous les amateurs d'extrême pourraient s'y retrouver.
Et qui sait. Peut être qu'il feront open bar aussi, après tout, c'est plus ou moins ce qu'ils ont promis.
Ajouté : Dimanche 12 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Everblast Website Hits: 5856
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