Cet album live enregistré les 4 et 5 décembre 1997 au NEC de Birmingham immortalise la reformation officielle du groupe d'origine et la première fois que Ozzy Osbourne, Tony Iommi, Geezer Butler et Bill Ward jouent ensemble sur scène depuis le 15 novembre 1992. C'est également le premier album live officiel de BLACK SABBATH avec Ozzy Osbourne (Live at Last a été publié sans l'accord du groupe qui ne l'a jamais considéré comme faisant partie de sa discographie officielle).

Le double album restitue 1h30 de concert. Deux pistes inédites y ont été incluses. "Psycho Man" et "Selling My Soul" élaborées et enregistrées par Tony Iommi et Ozzy Osbourne à l'arrache pendant les sessions de mixage de l'album à la demande du label qui voyait dans cette réunion un bon point de départ pour une reformation du groupe ou sinon juste un moyen de faire croire aux fans que cette reformation était toujours envisageable. Deux jours pour deux morceaux, c'est bien plus qu'il en a fallu au groupe pour composer "Paranoid" et si ni "Psycho Man", ni "Selling My Soul" n'arrivent à la cheville de la plus célèbre chanson du SAB, on y retrouve les ingrédients qu'on aime tant dans le son des brummies. Ce petit avant-goût de ce qu'aurait pu être un nouvel album restera malheureusement une tentative isolée, le groupe n'ayant pas donné suite avant 2013.

En 1997, le groupe qui foule les planches du NEC de Birmingham est un SAB en grande forme. Les fans de la première heure ont fait le déplacement, l'ambiance est à son comble et dès les premières notes de "War Pigs", la foule s'embrase, sa liesse étant attisée par un Madman électrique qui multiplie les incitations à base de "I can't fucking hear you", " I wanna see your hands", "clap your fucking hands". A la longue, ça lasse, mais sur le coup, le résultat est à la hauteur de l'effort et le mixage de ce live dose parfaitement les bruits de la salle, permettant à l'auditeur de la galette de s'immerger dans le concert comme s'il était lui aussi dans la fosse torride du NEC de Birmingham. On l'a vu, la setlist manque clairement d'ambition, mais ce qui peut paraître un peu fâcheux aux fans les plus aguerris est une bénédiction pour le gros du public qui ne jure que par les hits intemporels du SAB. Et puis, cette séries de classiques est bien sûr l'occasion de revivre l'âge d'or du groupe, ce que les quatre musiciens sur scènes (cinq en comptant Geoff Nichols qui ajoute ses habituelles nappes de clavier depuis le backstage) parviennent à restituer avec force. On pourrait croire à entendre ces hymnes immortels que le SAB canal historique est enfin revenu pour de bon... Ce qui est en partie vrai, mais en partie seulement car si le groupe s'est bel et bien reformé, ce n'est que pour alimenter la flamme des gloires du passé en limitant au maximum la prise de risque.
"Si la tournée de promotion du double live Reunion marque le retour définitif de BLACK SABBATH sur le devant de la scène mondiale, elle marque aussi, malheureusement, la véritable fin du groupe en tant qu'entité musicale active." (Guillaume Roos, La bête venue de Birmingham).

A partir de 1997 et jusqu'à 2006, BLACK SABBATH tourne régulièrement, notamment dans le cadre du Ozzfest, mais il se contente de ressasser jusqu'à la nausée une setlist constituée majoritairement de chansons tirées des trois premiers albums. Cette frilosité à jouer d'autres morceaux d'un répertoire pourtant fourni (même si l'on se limite aux huit albums de la période Ozzy, le Madman refusant d'interpréter les chansons qui n'ont pas été écrites pour lui) agace certains fans qui commencent à appeler "Awfull Eight" les huit classiques interprétés systématiquement en live : "War Pigs", " N.I.B", "Fairies Wear Boots", "Into The Void", "Black Sabbath", "Iron Man, "Children Of The Grave" et "Paranoid"... Chansons qui sont toutes présentes sur Reunion, l'album préfigurant très fidèlement les concerts futurs.

Malgré une tracklist qui prend des airs de best-of, ce live est presque parfait. Un groupe au top de sa forme, jouant des hymnes acclamés par un public chaud bouillant. Une production très fidèle qui restitue autant ce qui se passe sur scène que dans la fosse. Un montage sans découpages qui semble restituer un set entier. C'est un disque à classer sur le haut du panier des live de BLACK SABBATH mais plus généralement sur le haut du panier des albums live de Metal.