DOG FASHION DISCO (usa) - Ad Nauseam (2015)
Label : Razor To Wrist Records
Sortie du Scud : 2 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Exprerimental Groovy Metal
Type : Album
Playtime : 9 Titres - 42 Mins
On va planter le décor puisqu'il paraît que ça se fait... Alors ok, Rockville, Maryland, milieu des années 90. Des jeunes tarés, absolument fascinés par l'univers décalé et barge de M.BUNGLE et les facéties de Patton/Spruance, décident de créer un collectif pour exprimer leur passion de l'absurde, de l'automutilation, des blagues un peu douteuses, et de la musique qui ne colle à aucun principe.
DOG FASHION DISCO était né, et se permettait déjà de fourrer son nez partout. Toutes les poubelles étaient fouillées avec minutie, et on ramassait ce qu'on pouvait, du Psychédélique, du Metal, du Barnum au foin, du Jazz, de l'Avant Garde, on mélangeait le tout dans une écuelle, et on secouait pour voir si ça donnait un truc mangeable.
Ca en a donné plusieurs bien sur, les mecs sachant accommoder les restes avec flair. Une grosse poignée d'albums, tous plus ou moins recommandables, dont les meilleurs se nommaient Experiments In Alchemy, Committed To a Bright Future ou Adultery.
Et puis ras le bol, séparation, et entame de la suite des aventures sous le nom de POLKADOT CADAVER, sans plus de logique ni de conventions respectées.
(Silence.)
Retour en 2013, validation des acquis l'année suivante avec le come-back Sweet Nothings, re-campagne de crowdfunding, des thunes amassées, et rebelote, Ad Nauseam, octobre 2015, cette année, ce mois. Ne pas en parler reviendrait à occulter l'importance des pets matinaux comme exutoire à une nuit d'insomnie, alors je m'y colle, d'autant que je suis fan du délire.
Encore une fois, ça ressemble à un big bazar version US, de la gaudriole professionnelle, une accumulation de trucs qui s'empilent comme ils peuvent et un rendu à mi chemin entre le FAITH NO MORE le plus inspiré et le BUNGLE le moins saignant.
Certains parlent déjà de "meilleur album", comme si c'était possible avec une carrière pareille et un disque sorti il y a si peu de temps.
Meilleur, je n'affirmerai point. Plus accessible, tout en restant aussi fun et récréatif, c'est une certitude, mais pour le commun des mortels qui écoutent du tout gentil qui ne fait pas de bruit, ça reste quand même un sacré pétard.
Ils n'ont pas grandi en fait, toujours aussi jeunes d'esprit. Et si FNM a en quelque sorte atteint la maturité avec Sol Invictus, on ne peut pas dire que ce Ad Nauseam assume son âge et ses responsabilités. Non, c'est toujours un amas foutraque de choses qui s'imbriquent sans qu'on comprenne pourquoi, mais même en devenant moins "déraisonnable", DFD ne risque pas de devenir fréquentable.
Mais allez y servez-vous pendant que c'est chaud. Ca va le rester encore un bon moment, parce qu'à la base, les plats ont été servis bouillants. Tiens, ce truc en intro, éponyme pour rester discret, ça grouille comme un up tempo bien assumé, c'est presque sexy dans l'approche, genre un HIM très love qui fricoterait avec un groupe de Metal moderne, même pas Patton non, un mec normal. Mais ça groove, ça rocke, et ça surprend de normalité en fait. C'est juste... excellent, mais normal. Pas l'habitude moi...
Mais rassurez-vous, c'est épicé modérément, mais la plupart du temps, ça décape quand même le palais. C'est même torride à l'occasion, avec verre d'eau à portée de la main, pour un Jazz-Swing-Circus-Heavy qui cite le "Bad Devil" de Devin et les DIABLO SWING ORCHESTRA. Ca s'appelle "Golden Mirage", et ça colle des fourmis dans les petons qui s'agitent. Gai ? Oui, comme avant, en moins décoiffé, mais avec pellicules.
Et c'est pas fini.
Version courte, version longue, c'est vous qui voyez. Vous avez payé votre ticket, vous êtes libres. Version longue, ça donne le final, "Starving Artist", qui s'il symbolise musicalement le cri de la faim de musiciens en pleine perdition financière, inquiète quant à leur état. Là pour le coup, ça prend plus de gants, pas la peine d'essayer de séduire le peuple, c'est casé en fin d'album, alors on y va. A moitié Thrash fusion, un peu crooner sur les bords, et les citations au FAITH des années 90 sont complètement acceptées et rendues...telles quelles. Tiens on dirait même space Mike au chant. Un peu de Polka trash, John Waters qui danse la gigue avec SAVE FERRIS, des intermèdes contemplatifs mais pas trop...Vous en avez pour votre pognon, ça va toujours ?
Alors plongez la tête dans le carnage "Covered In Blood", piano tragique, riffs Bay Area, EXODUS en ligne de mire, et puis on stoppe tout, pour partir en vrille de l'autre côté, non qu'on ait honte, mais il faut bien un peu de grandiloquence orchestrale dans tout ça...
En version courte par contre, pas sur que vous puissiez avoir une carafe d'eau en plus. Ils restent collés à leur optique Rock N'Sweat, et "Lotion On Its Skin" caresse dans le sens des poils, câlin même pas forcé, et ça Hard Rock à fond la caisse, option 90's, sans toucher au Metalcore. On est poli ou on ne l'est pas...
Bon et puis comme je ne suis ni payé à rien foutre, ni là pour tout vous expliquer de A à B, je termine avec le suintant "Baby Bones", qui se love au creux d'un contretemps Jazzy pour se payer une tranche d'affection, sans pour autant renoncer à un petit coup de griffe fusion l'espace d'une crise de colère.
Là, c'est plus que de l'hommage à Roddy & co, c'est un tribute, mais on prend quand même, parce que c'est bien foutu, et parce qu'ils sont là depuis longtemps.
Alors, verdict docteur/chef/serveuse? Non, pas le meilleur album, c'est certain. Mais un bon truc pour grimper la montagne par la face nord/sud, parce que plus facile d'accès que certains chemins du passé. Neuf morceaux dans l'assiette et pas de reste accommodé pour tromper le palais, un peu moins de folie dans la préparation, mais c'est toujours aussi goûtu.
Ni POLKADOT, ni DOG FASHION des 90's, le DFD d'aujourd'hui, c'est tout. De la gentille irrévérence, de la culture musicale, de la technique au service de l'envie, et beaucoup d'autres choses, barbouillées sur un tableau même pas vierge. Alors, votre truc, c'est quoi. Devin T, FNM, DIABLO, IWRESTLEDABEARONCE ? Vous ne connaissiez pas la bande ? C'est fait vous êtes présentés.
Et vous allez bien vous entendre.
Ajouté : Samedi 16 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Dog Fashion Disco Website Hits: 5398
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