"Bonjour, nous sommes un groupe de Thrash Metal lyonnais fondé en 2000 et nous sortons notre deuxième album."

La pugnacité d'un groupe qui tourne pendant quinze ans avant de publier un opus force le respect. Alors que trop de jeunes combos, à peine sorties de l'oeuf, profitent des bienfaits de la technologie moderne pour faire un disque moins d'un an après leur création, d'autres prennent leur temps. Il faut dire que depuis qu'ils se sont mis au Thrash en 2003. Les lyonnais n'ont pas chômé puisqu'ils ont ouvert pour pas mal de grands, dont DEATH ANGEL, THE HAUNTED, DARKANE ou HACRIDE… On n'a pas affaire à des perdreaux de l'année mais à des gars qui savent ce qu'ils veulent.
La qualité n'attend pas forcément le nombre des années, mais l'effort d'un groupe mature et rodé bénéficie de l'expérience commune et offre en général un son plus patiné que celui d'une jeune pousse.

Cet avis se confirme avec Anticlockwise, le deuxième méfait de DEADLYSINS (après un EP, Oldschool, en 2008, un debut album, Dementia, en 2012). La galette se présente habillée d'un artwork représentant le gang dans un pose caricaturale. Armés de leurs instruments, Laurent L et Laurent B (guitares), Lambert (basse, backvoice) et Kevin Paradis (batterie) font un rempart de leur corps pour protéger Mat (chant) d'une horde de...créatures hors champ. Le frontman tient un coucou dans les bras et fait une mano cornuta de la main libre. Le lien entre le dessin, le titre de l'album et son contenu ne sautent pas aux yeux, mais cette auto-parodie laisse entrevoir qu'on a affaire à des gars qui se prennent pas plus au sérieux que çà.

Les lyonnais ont bien raison de prendre les choses à contre-pied, leur musique n'a pas besoin d'artifices pour se faire respecter. Il suffit de lancer le skeud pour s'en convaincre. C'est un Thrash classique qui lorgne plutôt du côté SLAYER de la force. Un tempo super speed, avec une batterie qui explose d'énergie sur fonds de double pédale, des dialogues de guitare en folie, des break qui partent à contresens de la mélodie ("Brainless Playground" et "Bleeding Moon") et des soli épiques ("Beauty Slept In…"). Le chant gueulé de Mat, une espèce de râle démoniaque s'accorde bien à la musique de la formation. Les moments où il est doublé par le backvoice de Lambert ajoutent une belle profondeur à la narration (sur "In Praise of Hemoragge" et "Bloodstorm" par exemple). Bref, les aficionados de la bande de Tom Araya ne seront pas dépaysés. Cette filiation est d'ailleurs ce qu'on pourrait reprocher à DEADLYSINS qui ne prend pas énormément de distance par rapport au son des américains. Plusieurs parties de l'album ressemblent beaucoup au modèle (je ne les ai pas listé, les fans les repéreront sans peine, et pour les autres, çà ne vient pas gâcher l'écoute, alors pas la peine de s'appesantir).

Il ne faut pas pour autant résumer Anticlockwise à un tribute to SLAYER ! Certes, l'album ne réinvente pas le genre mais joue une partition classique qui plaira à tous les amateurs de Thrash Metal. La tracklist est plutôt variée, offrant diverses nuances de Thrash comme je l'ai détaillé plus haut. Peut-être qu'on tourne un peu en rond sur la fin mais vu la durée du méfait, on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Ajoutons que c'est Fred Duquesne (BUKOWSKI, WATCHA, MASS HYSTERIA) qui a fait le mix et le mastering. Le rendu est très propre. C'est le haut du panier de l'autoproduction.

En synthèse, même s'il n'est pas une révolution Anticlockwise offre un bon moment de Thrash bien speed et violent.