DISCREATION (de) - The Silence Of The Gods (2013)
Label : Remission Records
Sortie du Scud : 18 octobre 2013
Pays : Allemagne
Genre : Death Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 41 Mins
Où se situent les limites de la création ? Voici une question qu'il ne faut surtout pas poser à DISCREATION. Comme son nom l'indique, ce projet est confortablement vautré dans un confort musical qui lui impose de généreusement ignorer le concept de créativité au profit d'une efficacité indiscutable. Trois ans après Withstand Temptation, on prend (quasiment) les mêmes et on recommence. Peu de nouveautés au menu : un nouveau label (Remission Records) et un nouveau batteur (Martin Engels). Autrement dit, à moins d'un miracle, ces quelques minimes modifications seront imperceptibles chez un tel groupe, qui a des idées très arrêtées sur le Death Metal. Pire encore : en s'adjugeant les services du talentueux Juan José Castellano (qui a créé entre autres les artworks de Ritual Zombi, AVULSED, de Primal Massacre, VOMITORY ou de World Lobotomy, PAGANIZER) pour la pochette, DISCREATION va signer son Metal d'une image encore plus authentique qui ne le quittera plus.
Il était déjà difficile de se défaire du Death Metal collant qui a fait de Withstand Temptation l'œuvre qu'elle est. Pour le coup, avec ce troisième album intitulé The Silence Of The Gods, les teutons iront encore plus loin, se débarrassant carrément de dernières approximations légitimes après une inactivité de quatre ans. Il y a l'intro, l'outro, et le reste. Comme pour mieux "scénariser" son disque, DISCREATION a fait un choix qui lui permet de lancer correctement l'écrasante "Savage Soul". Kai y est toujours à son avantage, distillant d'énormes râles gutturaux qui chevauchent des guitares graissées au saindoux. Le refrain est particulièrement énorme, ce qui rend d'emblée la suite de The Silence Of The Gods excitante par rapport à un Withstand Temptation qui manquait de jalons. Les surprises ne sont pas légion comme on pouvait s'y attendre, mais n'empêche, cette capacité qu'ont les mecs à soutenir la comparaison sur le long terme est tout à fait stupéfiante. Les écoles américaines et européennes sont tour à tour évoquées, quand le groupe montre sa facette la plus remuante ("Event Horizon", comme un bon vieux OBITUARY) ou la plus structurée ("Bringer Of Torture And Pain" avec toujours ce petit côté épique à la AMON AMARTH, remember "Breeding Terror"). On pourrait croire à un moment que le disque s'essouffle à cause de "Tombworld" (avec son intro mélodique) et "Wartribe" (en mode mid-tempo, il en fallait bien une), mais c'est un faux-semblant anéanti par un climat oppressant et omniprésent. C'est fait avec beaucoup de sérieux, et je dirais même que la production plutôt moderne, toujours œuvre de Jörg Uken (batteur de NIGHTFALL), apporte à cette sortie une profondeur que la précédente exploitait bien plus mal. Au sommet de son art, puisqu'on ne voit pas trop comment DISCREATION pourrait faire mieux sans prendre un minimum de risques, The Silence Of The Gods est l'album de Death "à l'allemande" par excellence. Carré, organique, destructeur. De mémoire, le pays de Goethe n'a pas accouché de bébés bien plus portants en 2013.
Alors ces limites de la création, elles sont finalement bien insignifiantes quand on considère un album abouti comme l'est celui-ci. Pratiquement condamné à jouer toute sa vie les seconds rôles ou à ouvrir pour des formations au prestige plus avancé (citons pêle-mêle BELPHEGOR, MAYHEM, ENDSTILLE ou ABORTED et GORGUTS prochainement), DISCREATION n'aura que sa solidité et sa force de frappe pour convaincre. Avec en main ces deux atouts qui sont à n'en pas douter leurs arguments les plus persuasifs, on ne s'en fait pas trop pour la suite des évènements.
Ajouté : Dimanche 24 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Discreation Website Hits: 7192
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