LAST SON (sp) - Primal Winter: The Son's Arrival Into Death's Life (2014)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 20 mars 2014
Pays : Espagne
Genre : Post Hardcore
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 34 Mins
L'avantage principal du Net, c'est la mondialisation qu'il offre. Le fait de mettre à portée de (presque) tous, toutes les cultures, les informations, la production, aussi petit soit le pays d'origine des données. Si dans les années 60, 70, et même 80 il était très difficile d'avoir accès aux sorties musicales venant d'autres nations que l'Allemagne, l'Angleterre ou Les Etats-Unis, les barrières sont aujourd'hui tombées, et chacun peut se promener au gré d'une carte virtuelle, qui nous mène d'Est en Ouest, sans frontières, sans barrières.
Ainsi, je me retrouve aujourd'hui en terre espagnole, à Alcazar De San Juan pour être plus précis, pour y découvrir la première sortie d'un groupe local, LAST SON.
Le but des cinq musiciens de ce groupe n'est pas banal. Ils ont souhaité mettre en textes et en musique l'histoire du dernier fils, être supérieur qui arpente une terre désolée post glaciation, et qui tente de retranscrire les sensations qu'il éprouve dans cette quête absolue.
Le manque de communication avec la nature, la peur, les souvenirs de ceux qui ont vécu ici, avant, et la tendance à l'auto destruction, inhérente à l'espèce humaine sont les thèmes abordés par LAST SON sur ce Primal Winter: The Son's Arrival Into Death's Life.
LAST SON a fait le choix du Post Hardcore pour illustrer son propos, style idoine il faut le reconnaître. La sècheresse du genre colle parfaitement à l'histoire racontée, et la liberté de ton offre aux musiciens une latitude totale dans l'expression. On retrouve donc toutes les composantes habituelles, guitares abrasives ou égrenant des arpèges nostalgiques, rythmique instable et libre, chant maladif, longues parties progressives, rien ne manque, sans pour autant tomber dans la platitude trop respectueuse des codes. Mais les cinq comparses ayant opté pour un traitement assez cohérent, remercions les d'offrir des pistes assez courtes, qui maintiennent l'attention sans trop verser dans le bavardage abusif ou les lancinances interminables.
En effet, seul le final dépasse les six minutes, ce qui est justifié puisqu'il se pose en conclusion du premier chapitre de l'histoire. De plus, LAST SON a eu le bon goût de parsemer son album de courtes et délicates interventions instrumentales, qui se présentent comme autant d'instants contemplatifs bienvenus. On imagine très bien dans ces courts moments le dernier enfant au bord d'une montagne, ou assis près d'un glacier, réfléchissant à la condition humaine et ce qui l'a mené à sa perte, le regard perdu dans le lointain.
La progression de l'album est intéressante, même si les thèmes utilisés sont similaires, et le disque gagne en densité au fur et à mesure des chansons, combinant la puissance du départ à de longues mélodies décharnées et réduites à l'essentiel.
Les espagnols décrivent un voyage sombre, mais porteur d'espoir, et adaptent leurs compositions à cette croisade de l'ultime avec brio, n'en rajoutent jamais, dans une sorte de bande son lo-fi extrême, qui rappelle un peu ces films américains doux amers, transposés dans un futur post apocalyptique.
Bien sur, on a parfois le sentiment d'avoir déjà entendu tel riff ou telle partie de chant, mais il est délicat sur l'intégralité d'un album de ce style d'éviter les pièges de la répétition, puisque les fondements mêmes du genre sont basés sur des cycles réguliers. Certes, LAST SON ne transcende jamais les bases, mais il les applique avec soin, précision et délicatesse.
Et si "Shivers Under Moonlight" et "Erroneous Transcendence" ne semblent être que deux parties d'un même tout, "Desolate Swamp" joue la variation, ralentit les riffs, pour s'offrir un crescendo sur lequel la guitare solo part dans une intervention harmonieuse quasi onirique du plus bel effet.
"Holy Sky" au climat étouffant ne laisse jamais retomber la pression, tandis que "Death On The Life Of Silence" et ses presque sept minutes nous perd dans une longue intro avant de nous écraser tout du long sans jamais desserrer l'étreinte, pour finalement nous lâcher en un dernier silence tombant comme un couperet inattendu... Fin de l'aventure.
Primal Winter: The Son's Arrival Into Death's Life est finalement un conte plutôt prenant. La première écoute laisse un arrière goût de déjà vu, mais le temps finit par imposer les vues de LAST SON, et on se prend à suivre cette narration sans se forcer, comme un livre trouvé au hasard d'étagères dans une vieille bibliothèque. Certes, le propos n'est pas novateur à outrance, mais Enrique, Andrés, Pablo, Jésus, et Diego ont fait leur boulot correctement, et livrent une première oeuvre qui ouvre un possible débat d'avenir.
Ajouté : Lundi 28 Juillet 2014 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Last Son Website Hits: 11468
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