THE ARRS (FRA) - Nico et Pierre (Mai-2013)
Interviewer les gars de THE ARRS, ce n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Laissez les boire un peu, et ils vous parleront toute la nuit. Bon, aucun abus d'alcool n'a été fait, mais il est vrai que le frontman s'est montré plus loquace à mesure que cette interview se déroulait. Et derrière ce physique bourru se cache surtout un gros nounours. On pourrait les croire désinvolte, ils ne sont simplement pas plus sérieux que cela, que ce soit sur scène ou en face-à-face. C'est leur façon d'être, sans pour autant sacrifier leur intégrité. THE ARRS s'est bien développé parmi le paysage Hardcore/Metalcore français depuis son premier disque, et c'en est désormais un acteur à part entière. Cela n'empêche pas le groupe de constamment changer la donne, que ce soit sur le précédent album Héros Assassins qui plongeait dans les ambiances théâtrales, ou leur dernière sortie en date, Soleil Noir, qui annonçait un renouveau visuel, musical et thématique de la formation. C'est donc au cours d'une sympathique petite soirée printanière, placée sous le signe du Hardcore, et organisée aux limites du centre ancien d'Orléans que j'ai pu échanger quelques mots avec les Franciliens sur leur actualité, à l'aube de leur retour en grandes pompes au Hellfest.
Line-up : Nico (Chant), Pierre (Guitare), Stefo (Guitare), Philippe (Basse), Toki (Batterie)
Discographie : Condition Humaine (EP - 2003), ...Et La Douleur Est La Même (album - 2005), Trinité (album - 2007), Héros Assassin (album - 2009), Dans La Chair Et Par Le Sang (DVD - 2011), Soleil Noir (album - 2012), Kronos (Album - 2015)
M-I Interviews du groupe : Nico et Pierre (Mai-2013), Nico et Pierre (Nov-2015)
Metal-Impact. Salut les gars. Donc hier soir vous étiez à Bordeaux, au Raging Metal Fest, comment ça s'est passé ?
Nico. Ouais, nickel. Bon festival, des bons groupes...
MI. Vous connaissez Orléans ?
Nico. Pas vraiment pour la musique. Je crois qu'on avait joué à l'Astrolabe à une époque.
Pierre. Très peu, ça fait longtemps qu'on n'a pas joué ici. Huit ans je crois.
MI. Parlons de Soleil Noir. Vous dites avoir voulu renouveler le visuel du groupe avec cet album, pourquoi cette envie ? Et comment avez-vous approché cette réorientation ?
Nico. En fait, notre guitariste Paskual est parti. Il y a eu un changement de flambeau avec Stefo. Et quand l'ancien bassiste est parti, vu que le line-up avait pas mal changé, on s'est posé la question de renouveler l'identité du groupe. C'est pour ça qu'on a un nouveau logo, qu'on a changé de tourneur, nos managers, le label, etc... On repart sur de nouvelles bases.
MI. Pourquoi s'orienter sur le thème du soleil, qu'on retrouve donc en titre d'album, au niveau de certaines paroles, du visuel, mais également de la tournée (le Solstice Tour) ?
Nico. C'est ésotérique. C'est basé sur la renaissance, celle du groupe et d'un tas de choses par rapport aux paroles si t'as pu les lire, ce nouveau line-up, cette nouvelle cover... Tout est autour de ça, des saisons, du cycle du temps... D'où le soleil noir, l'éclipse, le solstice, l'équinoxe.
MI. Peut-on dire également qu'il y a eu un remaniement musical avec l'arrivée des deux nouveaux membres ?
Nico. Ouais. Ca aurait pu être pire (rires). On était parti sur du Deathcore un peu plus moderne et on a resynthétisé tout ça, on a écrit pas mal de compos pour essayer d'avoir quelque chose de THE ARRS plus extrême. Le travail s'est déroulé différemment mais on a vraiment retrouvé l'attitude live du groupe. Il a fallu que Stefo et Philippe s'exprime un petit peu aussi.
Pierre. On a beaucoup plus composé que pour les précédents albums.
MI. Personnellement, je trouve que Soleil Noir décolle totalement avec "1781". Les premières pistes restent assez classiques pour le groupe, dans la veine d'Héros Assassin, mais par la suite c'est une succession de hargne ("Paranoia", "Décembre Acide"), justement dosée avec des riffs mélodiques entêtants ("Amants Damnés", "Invincibles"). Qu'en pensez-vous ?
Nico. Bah, je ne sais pas (rires). Nous on les aime toutes. Vas-y chronique (rire). Il y a la patte de tout le monde dans chaque morceau donc il y a des titres qui sont différents, c'est bien de le souligner, ce n'est pas homogène.
Pierre. Mais c'est vrai que "Du Berceau À La Tombe", on l'avait mise en intro car elle faisait plus THE ARRS. Après, chaque membre du groupe a aussi ses morceaux préférés.
MI. Je n'ai pas pu analyser toutes vos paroles, mais ma collègue qui s'est chargée de la chronique fait état d'une constante érotique contrebalancée par un ensemble plutôt tragique. Que pouvez-vous me dire là-dessus ? Comment les thèmes se démarquent-ils des précédents travaux ?
Nico. Les paroles sont beaucoup moins introspectives que sur les trois premiers albums. Elles partent plus sur des histoires, de la fiction ; chaque chanson a été pensée comme un clip vraiment pour faciliter la compréhension par rapport à ce que j'avais pu écrire avant. Par contre, là où je me suis manqué, c'est que tous les morceaux sont ultra-positifs, de mon point de vue, sauf que ça ne se ressent pas du tout et, du coup, c'est sûrement l'album le plus noir que j'ai écrit. Le contraire finalement, c'est assez marrant.
Sinon, au niveau de l'érotisme, dans tous les albums il y a toujours une histoire de cul ; c'est inhérent, ça fait partie de la vie. Pour la dramaturgie, ouais, il y a des histoires de zombies dans cet album, des histoires de paranoïa, des histoires de suicide, de plein de choses... enfin, c'est sensé finir bien.
MI. D'ailleurs, avec "Authentiques/Indignés", vous avez même un côté engagé. Que peux-tu me dire sur ce morceau ?
Nico. Je pense que tu peux voir avec les paroles, ça répondra à ta question.
MI. Le but derrière le morceau était-il vraiment de vous positionner de cette façon ?
Nico. Non, enfin, on a toujours eu un côté Punk/Hardcore dans nos débuts. C'était l'envie de ressortir des thèmes qu'on avait l'habitude de faire en faisant des phrases très claires, pas de sous-entendus, pas de métaphores, pas d'allégories. Tu as une intro qui est assez allégorique par contre, mais après on part sur des couplets très terre-à-terre. Voilà, c'était juste pour que ce soit plus simple à comprendre.
MI. On reconnaît rapidement THE ARRS grâce au chant en français, vous pensez que c'est une particularité qui vous permet de vous démarquer ?
Nico. Oui, forcément. On n'est pas des masses à chanter en français et à avoir l'occasion de tourner autant donc oui, c'est la marque de fabrique.
MI. Néanmoins, contrairement à Héros Assassins, et quelques autres essais plus avant, il n'y a pas cette intrusion de la langue de Shakespeare, que vous utilisiez au niveau des refrains pour avoir de meilleures sonorités. Pourquoi ce changement ?
Nico. Oui, c'était pour faire attention aux paroles. Et tout écrire en français sur cet album, c'était la volonté de Phil et Stefo. Ca les faisait chier d'entendre de l'anglais en fait, même si, à la base, ils n'étaient pas fans des groupes qui chantent en français. Mais THE ARRS, c'est bien le seul groupe qu'ils aimaient qui chante en français ; tant mieux. Et comme les paroles sont moins introspectives, peut-être que ça m'est plus égal que les gens comprennent ce que je dis. C'est vrai que l'album est plus articulé, plus soigné au niveau de la prod de la voix, et peut-être plus assumé aussi, parce que c'est, justement, moins personnel et davantage de la fiction qui se passe dans ce disque.
MI. Est-ce que vous estimez avoir évité ce côté variété française sur "Mon Epitaphe" et "Fahrenheit" ?
Nico. Oui, je pense. Les gars étaient d'accord. Si ça n'allait pas, ils me l'auraient dit. Je leur fais confiance.
MI. J'ai remarqué une certaine volonté d'avoir un maximum de rimes, c'est naturel ou bien tu travailles vraiment ce côté-là ?
Nico. J'écris des phrases. Ensuite, je remets les phrases dans l'ordre. Et après ce sont des assonances et des allitérations. Tant que ça sonne bien c'est bon ; je ne me pose plus la question maintenant. Je descends d'une longue lignée de poètes (rires).
MI. Vous avez déjà sortis deux clips pour Soleil Noir. Un avec une vraie histoire de meurtre/vengeance sur fond de péché/rédemption, et l'autre où ce sont davantage des plans symboliques - par rapport aux paroles - insérés pendant que vous jouez. Comment avez-vous approché ces deux clips ?
Nico. Pour "L'Âme La Plus Noire", le concept du clip est un "nu" - donc l'artiste qui peint un "nu", une nature morte – et à la fin on s'aperçoit que derrière la beauté de cette nature morte, de la fille, elle finit par représenter Baphomet qui est le Diable. En gros c'est ça, la pureté de l'artiste qui peut, en allant plus loin, découvrir le mal qui se cache en chacun.
MI. Est-ce que c'est important, pour vous, de travailler vos clips ?
Nico. Maintenant oui ; on ne s'était jamais pris la tête dessus. Et comme j'ai écrit toutes les chansons, on pourrait "clipper" toutes les chansons, j'ai le script pour toutes. C'est important de faire des clips et de mettre des visuels sur cet album.
MI. Avez-vous des anecdotes particulières par rapport à l'enregistrement de l'album ? Y a-t-il eu un titre qui vous a donné du fil à retordre ? Je pense par exemple à "1781" qui s'avère plus lourd, plus "post" qu'à l'accoutumée...
Nico. Non, pas vraiment, ça s'est fait tout seul. On avait envie de poser un peu le set et de ne pas mettre de samples. On n'a pas voulu mettre d'interludes dans cet album, on préférait que ça fasse partie d'un morceau. Pierre a trouvé cet arpège qui s'est super bien collé dessus, Stefo, Toki et Phil se sont amusés à mettre la rythmique... Non, il n'y a pas vraiment eu de difficultés, c'était assez fluide dans l'ensemble.
Il y a "Authentiques/Indignés" où on a fini la compo deux semaines avant de rentrer en studio et on l'a peaufinée là-bas. Ca c'est pour l'anecdote. On l'a mise en dernier car on voulait tout cracher sur ce titre-là.
MI. Sept mois après la sortie de l'album, quel est le consensus global parmi les retours du public, ce qu'ils préfèrent sur l'album et les points où ils accrochent le moins ? Vous partagez cet avis ?
Nico. C'est l'album qu'on a le plus vendu depuis le début. On n'a pas eu de retours négatifs des fans ; ils s'y sont tous retrouvés en fait. Si y en avaient qui nous avaient balancé "c'est de la merde ce que t'as fait" je te le dirais, mais on n'a pas encore eu ces critiques-là en fait. C'est vrai que c'est un peu un "best of" des trois premiers albums avec les influences de Phil et Stefo en plus ; du coup chacun retrouve les titres qu'il a aimés dans cet album. Ceux qui avaient lâchés sur Héros Assassins sont revenus en nous disant que c'était bien dans l'ambiance live de Trinité et ...Et La Douleur Est La Même et, malgré tout, le côté théâtral de Héros Assassins apparaît sur certains titres donc on garde aussi cette perspective-là. Et on a une grosse promo, en plus, qui nous pousse bien au cul et on peut s'exprimer sur pas mal de webzines. Je pense que ceux qui n'ont pas aimé cet album ont sûrement pu – s'ils s'intéressent vraiment au groupe – lire ces interviews, lire les chroniques, et comprendre le pourquoi du comment.
MI. Ce soir c'est donc la dernière date de la tournée Solstice Tour. Quelle a été votre meilleur souvenir depuis février ?
Nico. On va continuer jusqu'au Douzy'k Festival en juillet, et après on reprendra une nouvelle tournée en septembre. Pour la meilleure date, L'Olympia est un peu surclassé par le côté mythique de la salle. Le Divan Du Monde, c'était bien aussi. A Rennes, aussi, à Metz, on a joué dans une église c'était vachement bien. Très belle salle, très bons groupes, très bien.
MI. Du coup ça collait un peu avec votre imagerie...
Pierre. Ah mais carrément, c'était exactement ça. Globalement, on est content et on s'est vraiment éclaté à chaque date.
MI. Vous avez l'air d'être bien complices avec les gars de T.A.N.K avec qui vous avez partagé une date il y a peu. Des dossiers sympas à balancer sur eux ? Promis on ne leur a pas posé la même question sur vous !
Nico. (rires) Et bah Clem', toujours le même short. Et il n'en a pas deux, ni trois, il y en a qu'un (rires).
MI. Du coup, votre prochaine date, c'est dans un mois au Hellfest. Ca fait six ans depuis votre dernier passage au festival. Vous êtes impatients ? Comment préparez-vous cette date ?
Nico. Oh, on n'a pas commencé encore. Le plus dur va être de choisir la setlist ; après c'est toujours fun un festival. On y va à la cool, on va être bien. On a hâte, vraiment.
MI. Vous restez tout le week-end pour voir d'autres groupes ?
Pierre. Ouais, CONVERGE surtout. Et puis PARKWAY DRIVE, THE GHOST INSIDE...
Nico. Le problème c'est qu'on a tous déjà vu ces groupes ; il n'y en n'a pas vraiment de nouveaux. Donc je pense que ça va se jouer sur les groupes qu'on n'a pas l'habitude de voir, et qu'on n'aime pas forcément, histoire de découvrir.
MI. Hier soir je me repassais votre discographie et j'ai tout de même eu du mal à aller au bout des deux premiers que je trouve un poil redondants. Si vous aviez l'occasion de remasteriser/réenregistrer chacun de vos albums, que changeriez-vous dessus ? ...Et La Douleur Est La Même par exemple ?
Pierre. Bonne question... En fait je ne changerai rien. Je trouve que c'est un super album. Peut-être améliorer la prod. Sinon, ce sont que des titres que j'aime, rentre-dedans, simples et efficaces. Et on avait un côté plus Hardcore à l'époque, et c'est ce que j'aime.
Nico. On s'est tellement cassé le cul pour les enregistrer.
MI. Sur Trinité, quel constat ?
Pierre. Trinité adresse une autre approche des morceaux, un peu plus évoluée, et la prod est plus intéressante. On devait faire un clip d'"Originel", ça aurait été marrant.
MI. Et sur Héros Assassins ?
Nico. On aurait dû faire du moite-moite, avec un côté beaucoup plus live.
Pierre. C'est un album un peu spécial, je trouve. Je l'aime beaucoup aussi, peut-être un peu moins que les autres... mais il n'y a rien à changer, c'est juste une partie de nous... il faut que ça reste, avec ses qualités et ses défauts.
MI. Une petit mot sur votre DVD Dans La Chair Et Par Le Sang, qui était basé sur une initiative assez osée, puisqu'il était téléchargeable selon le prix que l'internaute souhaitait payer, de 0 à 20 €. Que retenez-vous de cette expérience ?
Nico. C'était très bien. Ca nous a fait une belle promotion, ça a fait plaisir à tous les fans du groupe parce qu'il y a eu peut-être dix ou vingt mille téléchargements, je ne sais plus. Ca a super bien marché, et on a pu payer tous les gens avec qui on a travaillé. En plus, je trouve que c'est une des plus belles prod', niveau image, que j'ai vue pour un live. On est assez fier d'avoir fait ça pour le groupe.
Pierre. C'était aussi pour faire passer un message, que les gens aient prise de conscience par rapport au téléchargement. Et ça a donné ce que ça a donné.
MI. Qu'est-ce que vous avez prévu pour la poursuite de l'année ?
Pierre. Un nouveau clip, qui sera une très bonne surprise. Et on va continuer à tourner.
MI. Vous avez des projets parallèles en dehors de THE ARRS, que ce soit dans la musique ou autre ?
Nico. Non, ça nous prend pas mal de temps quand même.
MI. Pour revenir sur le début de l'année, quels sont les derniers albums à vous avoir plus ? Qu'est-ce qui tourne en ce moment dans vos playlists ?
Pierre. THY ART IS MURDER ! L'album Hate (rires)
MI. Des infos à rajouter ?
Pierre. Oui, alors là on écoute (ndr : radio dans le bar) les RED HOT CHILI PEPPERS, "Aeroplane", de l'album One Hot Minute, et c'est leur meilleur album.
MI. C'est noté. C'était ma dernière question. Merci d'avoir pris le temps de me répondre, et bon courage pour la suite. A tout à l'heure dans le pit ! Je vous laisse le mot de la fin pour les lecteurs de Metal-Impact.
Nico. Merci à toi et à Metal-Impact. C'était sympa comme interview.
Ajouté : Samedi 30 Novembre 2013 Intervieweur : CyberIF. Lien en relation: The Arrs Website Hits: 10790
|