ROCKY IV (usa) - Original Motion Picture Soundtrack (1985)
Label : Volcano Records
Sortie du Scud : 27 novembre 1985
Pays : Etats-Unis
Genre : Hard Rock
Type : Compilation
Playtime : 11 Titres - 47 Mins
Un album. Onze titres. Une légende. Si la musique de Bill Conti et son fameux « Gonna Fly Now » ont toujours véhiculé l’image d’un Robert « Rocky » Balboa s’entrainant dans les rues de Philadelphie, pour beaucoup de fans de la saga, cette bande originale de Rocky IV s’est largement démarquée par son côté FM et donc sa patte accrocheuse. Et pour l’anecdote, voilà un disque qui a sûrement contribué à orienter votre serviteur (et peut-être d’autres …) vers les chemins du Metal lourd … D’où cette chronique.
Remettons les choses dans leur contexte historique … Le personnage créé et immortalisé par Sylvester Stallone incarne à lui seul le symbole de l’Amérique : un boxeur moyen, limite « looser », qui se retrouve propulsé au rang de célébrité et d’idole lors de combats mythiques. Rocky, c’est l’Amérique triomphante, patriotique (aux limites parfois du stéréotype et des clichés douteux), l’image même du courage, de la liberté et de la persévérance.
Sauf qu’à l’aube d’aborder le quatrième volet de la saga, Stallone a bien conscience que son héros doit subir un léger lifting. Il l’avait déjà senti pour Rocky III, pour Rocky IV il pousse le bouchon encore plus loin, en redéfinissant notamment le concept musical autour de l’Etalon Italien. Bill Conti étant indisponible (il bosse sur Karate Kid), c’est Vince DiCola (Staying Alive) qui travaille sur la bande-son en s’appuyant sur une belle liste d’artistes signés chez Scotti Bros et donc, chose presque nouvelle, de chansons inédites dont certaines tutoient le Hard FM avec classe. Ça tombe bien, Stallone est fan du genre et n’a pas hésité à intégrer un tubesque « Eye Of The Tiger » de SURVIVOR quelques mois auparavant …
Histoire de retomber un peu en pleine nostalgie, voici un « track by track » des chansons à retenir de la meilleure B.O. de tous les temps. Oui, oui, la meilleure.
SURVIVOR – « Burning Heart »
Après « Eye Of The Tiger », SURVIVOR propose cette fois un morceau moins « punchy », plus modéré dans le tempo, mais tout autant séduisant que son glorieux ainé. Jimi Jamison, qu’on ne présente plus aujourd’hui, a remplacé Dave Bickler au micro. Déjà à l’époque, Jamison éclabousse ce titre par sa voix époustouflante, moins nasillarde que celle de Bickler, plus « soul » aussi. « Burning Heart » est à ce jour le deuxième carton réalisé par SURVIVOR, témoin de la qualité des compos de Jim Peterik (de nos jours dans PRIDE OF LIONS) et Frankie Sullivan. Et alors, quel solo magnifique de Sullivan !
JOHN CAFFERTY – « Hearts On Fire »
Inconnu en France, John Cafferty appartient pourtant à la race de ces chanteurs qui ont une putain de voix. Sans cesse comparé à Bruce Springsteen pour son timbre si particulier, il illumine ce « Hearts On Fire » écrit par Vince DiCola, et dont les ficelles flirtent en permanence avec le meilleur du Hard FM des 80’s, avec clavier omniprésent, rythme soutenu, refrain à reprendre en chœur, et solo endiablé. Autant dire qu’à l’heure actuelle, un label comme Frontiers s’arracherait les services d’un chanteur comme celui-là.
SURVIVOR – « Eye Of The Tiger »
Normal de retrouver ce titre une fois encore : pour des raisons commerciales évidentes d’abord, mais aussi car il ouvre le film avec son célèbre riff en uppercut, lorsque le gant de boxe aux couleurs américaines vient s’exploser contre le gant rouge soviétique (nauséabonde guerre froide, quand tu nous tiens …). A noter que la chanson utilisée dans Rocky III est en fait une démo, SURVIVOR n’étant pas parvenu à livrer sa version définitive à temps. D’où un certain contraste dans le mixage entre les deux versions, mais la signature « Peterik » est bien identifiable. Depuis, « Eye Of The Tiger » a été utilisé à outrance un peu partout, et repris par tout un tas d’artistes, comme AT VANCE par exemple, mais aussi Sylvie Vartan ! Et dire qu’à la base, Stallone voulait utiliser le « Another One Bites The Dust » de QUEEN (qui a refusé) …
ROBERT TEPPER – « No Easy Way Out »
Sûrement le morceau le plus sous-estimé de toute la bande-son : un air mélancolique, une voix cassée qui fait des ravages, un synthé utilisé à bon escient, des accords percutants, et une ambiance Rock qui traduit alors les sentiments de notre héros qui vient de perdre son meilleur ami (Apollo Creed) : la colère, le désespoir, la remise en question (un grand classique dans les Rocky : le doute avant de revenir plus fort), la nostalgie, les souvenirs qui font mal. Comme pour John Cafferty, le nom de Robert Tepper n’a jamais franchi les frontières de l’Oncle Sam, et c’est fort dommage. A noter que « No Easy Way Out » a été repris en 2008 (Scream Aim Fire) par BULLET FOR MY VALENTINE.
TOUCH – « The Sweetest Victory »
Contrairement à la rumeur et aux convictions des incultes, « The Final Countdown » d’EUROPE n’a jamais figuré sur cette bande originale. La plupart confondent sûrement avec l’instrumental « War » composé par Vince DiCola. Mais « The Sweetest Victory » aurait très bien pu être un titre d’EUROPE. C’est le groupe américain TOUCH qui s’y colle, et quel titre ! Un refrain d’enfer, la voix typée FM de Marq Torien (qui a chanté ou joué avec le KING KOBRA de Carmine Appice, RATT ou encore BULLETBOYS), on baigne en plein milieu des années 80. Le Hard FM dans toute sa splendeur ! Curieusement, « The Sweetest Victory » n’a au final pas été retenu pour le montage définitif du film …
SURVIVOR – « Man Against The World »
Il s’agit d’une ballade originellement écrite pour le film, et malheureusement non retenue. Elle finira sur When Seconds Count, sixième album de SURVIVOR. C’est surtout l’occasion de briller pour Jimi Jamison. Ce titre témoigne des facilités de songwriter de Peterik et Sullivan, mais c’est Jamison qui le porte sans contestation possible !
Au milieu de ces titres tous plus efficaces les uns que les autres, il faut signaler le dansant « Living In America » de James Brown, qui joue d’ailleurs son propre rôle dans le film (sous le nom subtil de « King Of Soul »). Et il faut rendre hommage au boulot abattu par Vince DiCola, qui avait la lourde tâche de succéder à Bill Conti. La partition se veut plus moderne, plus ancrée dans les 80’s aussi (synthés et claviers à fond), mais comment rester insensible au martial « War » (et sa rythmique typée Metal) et au valeureux « Training Montaje ». Avis aux collectionneurs et fans ultimes : longtemps restée indisponible sur le marché, la musique de DiCola est désormais éditée par le label Intrada. Accessoirement, le compositeur / claviériste a joué en 2003 avec Glenn Hughes et Joe Lynn Turner (album H T P). Il est retombé dans un relatif anonymat, comme presque tous les participants à cette B.O., à l’exception des membres de SURVIVOR.
Ajouté : Dimanche 15 Septembre 2013 Chroniqueur : NicoTheSpur Score : Hits: 50902
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