RECREANT (usa) - Recreant (2012)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 17 décembre 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Swampcore
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 21 Mins
Après cette pause de fin d’hiver, il était temps que je me replonge dans les recherches sur le net, afin de découvrir « la » perle susceptible d’assombrir votre entame de printemps. En effet, il faut parfois sortir des sentiers battus, comme je l’ai fait en fin d’année dernière, pour dénicher le groupe capable de transcender vos soirées par des sonorités plus ou moins inédites.
Le Metal en effet, est aussi une affaire d’underground, ne l’oublions pas. Et depuis quelques années, il est beaucoup plus facile pour bien des formations d’éditer eux-mêmes leur produit sans passer par le circuit quasi obsolète des labels.
C’est donc dans cette optique que j’ai déniché aujourd’hui une sortie très intéressante, qui mérite un minimum d’attention de votre part.
L’Amérique, c’est une reprise de « Yellow River », par feu Joe Dassin. C’est aussi la patrie de bien des combos illustres, profitant d’un système éprouvé pour diffuser leur musique à grande échelle.
Mais c’est aussi un continent, terre de naissance du Thrash, du Death, etc…Et dans les méandres des palmiers Floridiens, se cachait autrefois des trublions comme DEATH, OBITUARY, ou même des studios célèbres.
Aujourd’hui, Tampa, ville culte, nous abreuve d’une liqueur différente, beaucoup plus amère et atypique, qui combine à elle seule bien des ingrédients utilisés ces dix dernières années.
De RECREANT, vous ne savez certainement pas grand-chose. Et moi non plus d’ailleurs, jusqu’à ce matin. Découvert sur un blog quelconque, ce groupe à quelque chose de fascinant dans sa gestion du bordel et du maelstrom d’influences aboutissant à une mixture unique, au parfum enivrant et particulier.
Originaires de Tampa et menés par Babe D. Friesen, vocaliste/violoniste furieuse, ce quartette à la particularité de faire énormément de bruit, tout en restant cohérent ET disparate.
Oui, je note que l’opposition vous chagrine. Pourtant, cet album éponyme réussit le tour de force d’être homogène en mélangeant à peu près tout ce qui lui tombe sous la main. A propos de RECREANT, on parle de Circle Takes The Square, Ekkaia, Kylesa, et bien d’autres selon la bio.
Ce qui n’est pas faux, mais un peu réducteur dans le désir de raccourci.
Car assurément, la musique offerte ici est terriblement personnelle et attachante.
En seulement huit morceaux et un peu plus de vingt minutes, les Floridiens nous assènent un coup de massue derrière la nuque, véritable coup du lapin musical, aussi surprenant qu’hystérique. Directement issu de l’éthique du Do Iy Yourself, Recreant se permet le luxe de mixer des courants aussi disparates que le Punk, le Hardcore, le Post Core, le tout joué à l’envi, à tel point qu’on leur a collé l’étiquette de Swampcore, aussi hermétique que ludique, et surtout, suffisamment opaque pour leur garantir une individualité méritée.
Il est vrai que des titres comme « Rick Scott Is An Evil Robot » (folie Post Hardcore hurlée sur fond de violon suave), « For All The Grief You've Caused Us You Should Of Slit Our Throats » (trépanation Crust régulièrement interrompue par des breaks heurtés déstabilisants), « Burn (The United States' Economic and Academic Systems Are Systems Of Elitism, Corruption, and Falsehood) » (même chose, en plus barge, avec un batteur qui part dans tous les sens et des vocaux à la limite de l’agonie), RECREANT colore son monde d’une bonne couche de sang frais, et nous entraîne à la limite de la schizophrénie.
Mais ce déferlement de violence sait parfois laisser la place à des intermèdes plus mesurés, comme le prouvent « IV », mélangeant les cordes du violon et celles de la guitare en un ballet acide, ou encore « VII », discours posé sur des nappes ondulantes, faussement doucereux, poétiquement inquiétant, et réellement fascinant.
L’opposition entre ce dernier et le furieux « Modern Day F Word » est d’ailleurs symptomatique de la démarche du quartette, soufflant constamment le chaud et le froid pour mieux nous déstabiliser.
Recreant est le genre d’album inclassable, qui étale plus d’idées en une petite vingtaine de minutes que bien des albums en une heure.
Certes, le style pratiqué est vraiment extrême (attention, et j’insiste, il existe bien des combos plus bruyants que RECREANT, tout du moins d’un point de vue interne), mais leur façon de ne reculer devant aucune limite et de ne s’imposer aucune barrière (style, construction des compos, arrangements, interprétation) génère une foule de sentiments euphoriques, et prend des allures de véritable tsunami musical auquel il est très difficile de résister.
Un groupe à découvrir, et qui nous prouve que la belle (??) ville de Tampa a encore bien des réserves et pourrait revenir au premier plan assez rapidement.
Il n’en reste pas moins que Recreant est un LP concocté par des dingues, et qui s’adresse à des fous. Ce qui, somme toute, est assez logique.
Ajouté : Mercredi 03 Juillet 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Recreant Website Hits: 9396
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