MEKONG DELTA (de) - Intersections (2012)
Label : Steamhammer / SPV
Sortie du Scud : 23 avril 2012
Pays : Allemagne
Genre : Avant-garde Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 54 Mins
Je vous parlais récemment à l’occasion de la sortie du dernier album d’HOLY MOSES de la pertinence de capitaliser sur le passé pour se garantir une place au soleil de l’actualité musicale. Cette nouvelle mode consistant à réenregistrer des classiques était elle réellement justifiée ET indispensable ?
Je dois avouer qu’après m’être concentré sur bien des illustrations de cette coutume contemporaine, ma réponse se rapprochait dangereusement de la négative absolue.
En effet, seul le Let There Be Blood d’EXODUS trouvait grâce à mes yeux, sans doute à cause de la qualité du répertoire d’origine et la capacité des américains à se transcender et rester cohérents.
Mais un autre exemple vient de faire pencher la balance du bon côté.
Cet Intersections de mes chouchous de MEKONG DELTA.
Vous savez déjà tout le bien que je pense de ce concept 100% germanique. Dès Mekong Delta, leur séminal effort, je me suis retrouvé hypnotisé par cette musique étrange, subtil mélange de franchise Thrash européenne, et de structures classiques d’Europe de L’Est. The Music Of Erich Zann et The Principle Of Doubt n’avaient fait qu’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de mes doutes. Le son unique créé par Ralf Hubert et mis en application par plusieurs générations de cadors de la scène allemande était ce que l’Europe avait de mieux à proposer à l’époque. Certes, le caractère abstrait de leur musique couplé à cette production diffuse avait de quoi rebuter bon nombre d’adeptes de la rugosité d’outre Rhin. MEKONG n’avait ni la simplicité outrancière d’un SODOM ou d’un KREATOR, ni le caractère radical de formations telles LIVING DEATH (quoique le Protected From Reality de ces derniers se rapprochait dangereusement de la complexité de MD) ou DESTRUCTION.
Mais Intersections pourrait bien réparer bien des injustices. Car pour une fois, la relecture est digne, respectueuse, et lève le voile sur bien des interrogations. La production, plus vaste et claire offre à tous ces classiques une lumière nouvelle, plus brillante, et plus apte à convaincre les plus réticents.
Et Ralf vous a gâtés, c’est le moins que l’on puisse dire.
Deux extraits de Mekong Delta, deux de The Music Of Erich Zann, un seul de Principle Of Doubt (là, j’avoue qu’un ou deux de plus ne m’auraient pas dérangé…), un de Dances Of Death, trois de Kaleidoscope, et un de Visions Fugitive, soit la quintessence de la première partie de carrière du groupe.
Et si la voix si particulière de Keil nous manque parfois sur les reprises des trois premiers albums du groupe, Martin LeMar fait quand même un très bon job sur l’ensemble de l’entreprise. Comme beaucoup certainement, je regrette aussi la production si spéciale qui donnait à ces sorties une patine si étrange, et enfermait les titres dans un écrin hermétique. Mais cette impression s’estompe sur les morceaux des LPs parus après 1990, lorsque Doug Lee avait pris le micro, et Intersections prend alors tout son sens.
Mais attention, tout ceci relève bien sur d’une totale subjectivité basée sur une expérience propre, et que vous soyez ou non fans de la première heure de MEKONG DELTA, vous apprécierez cet album pour ce qu’il est, à savoir une tranche de musique atypique, hors norme, sur laquelle le temps n’a aucune prise. Car le travail accompli ici s’est fait avec patience, amour et respect des morceaux originaux. Chaque titre à son ambiance, et si la production actuelle assure une cohérence à l’ensemble, ça n’est jamais au détriment de la couleur individuelle de chaque titre.
Et quelle joie de retrouver des temps forts comme « Memories Of Tomorrow », « Shades Of Doom », le gigantesque « Prophecy » ou le monumental et épique « The Healer » qui fait la nique à bien des formations de Heavy Progressif contemporaines.
Alors, c’est vrai, j’aurais bien aimé retrouver « Age Of Agony », « Curse Of Reality », « The Gnom » ou « A Question Of Trust ». Mais que voulez vous il fallait bien faire un choix et trancher dans cette discographie si riche et dense…
Quoiqu’il en soit, Intersections n’est en rien une entreprise vaine, un bouche-trou destiné à masquer le manque d’inspiration d’un groupe dont la source n’est pas prête à se tarir. Et si comme moi, vous avez commencé l’aventure à la sortie de l’album éponyme, jetez vous sur ce CD. Il n’y a résolument aucune raison que vous soyez déçus.
Si par contre, vous ne connaissez pas le groupe, ou seulement depuis peu, je vous envie. Vous allez découvrir des chansons fabuleuses qui vous emporteront si loin qu’il vous sera très difficile de revenir.
Ajouté : Vendredi 23 Mars 2012 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Mekong Delta Website Hits: 8960
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