MELECHESH (nl) - The Epigenesis (2010)
Label : Nuclear Blast / Pias
Sortie du Scud : 1er octobre 2010
Pays : Pays-Bas
Genre : Sumerian Thrashing Black Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 71 Mins
Le plus-que-parfait n’est pas qu’un temps composé du mode indicatif de notre si chère langue de Molière. C’est également l’expression qui m’est immédiatement venue en tête à l’écoute du simplement magique Emissaries, du groupe hollando-israélien MELECHESH. On savait ORPHANED LAND capable de prouesses pour conjuguer Metal et sonorités orientales. On découvrait en 2006 une autre pièce-maitresse du style. Et quel chef d’œuvre que fut cet album ! Une perfection encore inégalée dans le riff combinée aux particularités de la musique traditionnelle mésopotamienne faisait la force de ce qui fut probablement le meilleur album de l’année. Alors évidement, MELECHESH (« roi du feu » en hébreu ») était attendu au tournant. On voyait mal comment un groupe qui avait atteint le summum de l’art musical pouvait encore parvenir à se surpasser pour offrir un tableau égal à Emissaries. Car meilleur, il ne pouvait pas être. Quatre longues années ont passé, toute une scolarité en ce qui me concerne, et voilà qu’il y a quelques semaines, la rumeur d’un retour des fils de Jérusalem se répandait comme une trainée de poudre sur notre monde métallique, provoquant joies et craintes. Il était annoncé, le successeur. Il arrive. Vaillant. Dans un habit paré d’or conçu par John Coulthart, qui met en valeur les dieux mésopotamiens côtoyant les dix Sephiroth de l’arbre kabbalistique. Une fresque annonciatrice digne de figurer sur les murs du temple de Babylone. The Epigenesis, c’est son nom.
L’accueil réservé par « Ghouls Of Nineveh » est parfait. Quand le riff initial annonce une déflagration de violence et de haine, c’est finalement un morceau au tempo moyen et entrainant qui voit le jour. Un premier contre-pied magistralement orchestré. Les guitares sont tout de suite très sombres. Une averse sur le Golgotha. MELECHESH n’a rien perdu de sa fabuleuse vista et de son sens du Black Metal sumérien affuté. D’ailleurs, est-ce un hasard si le groupe s’est envolé jusqu’en Turquie et Istanbul pour y investir le Babajim Studio ? Ce cinquième album regorge encore plus d’éléments traditionnels orientaux. On peut entendre sur certaines pistes, comme l’envoutante instrumentale « When Halos Of Candles Collide », des instruments authentiques tels le Yayli Tambur, le Tar d’Azerbaïdjan, le Baglama, le Santour de Perse ou le Bouzouki tenu par l’ami Moloch (guitare). On pénètre à nouveau dans des univers féériques, dans des peintures historiques, dans des ruines fumantes, dans des grandes cavalcades guerrières. Le quartet à ce don, inné, de vous faire voyager d’un simple coup de guitare. Il possède également cette magie, propre aux vrais artistes, de composer uniquement des morceaux qui feront mouche. C’est peut-être pour ça que l’attente aura été aussi longue. On ne peut pas accoucher du prisme de la perfection en un temps record. The Epigenesis aura été un bébé dont l’arrivée aura été savamment programmée depuis quatre ans. Tous les détails ont été calculés, des partitions de guitares à la précision chirurgicale et alambiquée jusqu’aux frappes de l’ami Xul sur chaque élément de ses futs. Conservant toujours une veine Thrash, le combo se démarque réellement du reste de la masse par ses interprétations mystiques des textes du Sumer. Ils nous font partager leur passion, leur culture, leurs origines. On sent la flamme et la ferveur dans la voix d’Ashmedi. Il nous régale de ses contes tragiques et de ses fables authentiques. The Epigenesis est un album qui se vit, qui se ressent avec toute l’âme et la présence d’esprit qu’un homme peut avoir. Que ce soit un hurlement au début d’un très inspiré « Grand Gathas Of Baal Sin », un break rythmique militaire au cœur d’un « Mystics Of The Pillars » ou une envolée épicurienne au final d’un « Negative Theology », MELECHESH ne faiblit à aucun moment et nous propose, purement et simplement, douze bombes atomiques qui n’ont peut être pas le même pouvoir destructeur qu’Hiroshima, mais qui vous ravageront les oreilles avec quasi la même intensité. On aurait pu croire le mariage entre une Jackson et une cithare indienne consommé. C’était sans compter sur les israéliens qui ont fait revivre une flamme sur le point de s’éteindre. Une flamme qu’ils avaient eux-mêmes allumé. En long, en large et en travers, dans tous les sens, sous tous les angles, ce retour est définitivement triomphal. Il s’en dégage une intensité, une virtuosité tellement singulière qu’au jour d’aujourd’hui, ce sont des musiciens rois qui règnent avec panache sur l’ancien Orient.
On pouvait légitimement craindre une belle gamelle ou, à moindre mesure, une prestation très en-dessous d’Emissaries. Leurs origines ne se situent pas en Terre promise pour rien. Dans l’Israël des miracles perpétrés il y a 2000 ans, est née une entité au pouvoir hors-du-commun. Celui d’égaler une perfection qu’ils ont eux-mêmes érigée. Le monde ne se souviendra sans doute pas de ce qu’ils ont accompli aujourd’hui. Mais ils se souviendront de ce qu’ils accompliront demain et leur nom sonnera à jamais comme celui d’Hérode, roi de Judée. Il sera prononcé avec la crainte et le respect qu’il mérite. Crainte d’un jugement, respect d’un roi. MELECHESH, c’est son nom.
Ajouté : Vendredi 17 Septembre 2010 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Melechesh Website Hits: 10818
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