HUMATRONIC (be) - Mathieu Huygens (Déc-2011)
En disant qu’avec HUMATRONIC, les fondements de l’Indus et du Cyber Metal sont remis en cause, je ne surjoue pas. Ces Belges très surprenants ont de quoi être la sensation de cette fin d’année 2011, grâce à leur Metal étonnamment complexe qui diffuse un dialogue engagé entre l’humain et l’électronique. Mais quoi de plus surprenant quand on a un frontman qui compte HUORATRON parmi ses influences ? C’est donc Mathieu Huygens, chanteur de la formation et co-auteur de ces nappes futuristes glaçantes qui revient avec Metal-Impact sur la sortie de leur premier album et la suite de l’aventure en toute franchise. Entretien.
Line-up : Mathieu Huygens (chant), Julien Trousson (guitare), Nicola Manzone (guitare), Anthony Antoun (basse), Anthony Gatel (batterie)
Discographie : Metabolism (Démo - 2009), Structures (Album - 2011)
Metal-Impact. Salut Mathieu ! Comment vas-tu ? Je suis Stef de Metal-Impact et nous sommes réunis pour parler de votre premier album, sobrement intitulé Structures. Avant toute chose, peux-tu présenter le groupe à notre lectorat ?
Mathieu Huygens. Je vais très bien, merci à toi. Pour présenter HUMATRONIC, je dirais que nous officions dans un style mêlant Metal et électronique. Nous souhaitons créer un musique moderne, noire et originale où se rencontrent et s'entrechoquent diverses influences telles l'Indus, le Hardcore moderne, le Post, le Djent et bien d'autres encore. Tout cela en français !
MI. Il est dit dans votre bio « peu importe le genre et les classifications, l'important pour HUMATRONIC est de proposer sa vision personnelle de la rencontre entre homme et machine ». Peux-tu nous définir cette vision personnelle et quelle importance tu lui accordes ?
Mathieu. Toute la dynamique est résumée dans notre nom, il est question d'un combat entre apports humains (guitares, vocaux...) et électroniques. Nous refusons que l'électronique, dans sa rigueur et son implacable immuabilité, domine nos compositions. Il est question de laisser la place à l'humain, à la chair et aux ambiances organiques. Cela passe par le refus de l'industrial ''classique'' tel que celui de FEAR FACTORY ou RAMMSTEIN chez qui la composition est extrêmement martiale.
MI. On aura compris que votre nom de scène est un subtil mélange entre « human » et « electronic ». Ce sont deux choses qui peuvent être complémentaires selon toi ?
Mathieu. « Complémentaires » je ne dirais pas. « En tension » peut-être. C'est cette tension qui sous-tend notre musique.
MI. Et si vous aviez à choisir entre l’humain et l’électronique, de quel côté pencherait la balance et pourquoi ?
Mathieu. Pour moi ce sera l'humain sans la moindre hésitation (notre bassiste, polytechnicien à ses heures, te dirais le contraire). L'homme doit soumettre la machine et non se faire ''machiniser'', il doit assujettir le numérique à ses désirs organiques, estomper les angles de ce qui est trop rectiligne.
MI. Venons en maintenant à ce premier album. Avec le recul, comment juges-tu le travail accompli ? Y a-t-il l’une ou l’autre chose que vous retoucheriez ? Si oui, lesquelles ?
Mathieu. Une chose est sûre, le travail est accompli. J'évite à tout prix de penser en termes de retouche. Ce qui est fait est fait. Nous sommes fiers de notre travail et heureux du chaleureux accueil qu'il a reçu et continue à recevoir. Maintenant, nos goûts et notre exigence continuent à évoluer, nous nous concentrons déjà sur ce que nous voulons pour le prochain album et ce ne sera probablement pas un Structures 2.
MI. Comment procède le groupe au moment de composer ? Quelle ligne directrice suivez-vous et à quel moment précis vous vous dites qu’une compo est réussie ?
Mathieu. Notre méthode de composition n'est pas prédéfinie, elle est très organique. Le riff, l'ambiance conductrice d'une compo peut tout aussi bien venir des guitaristes que de la basse ou de l'Electro. On marche vraiment au coup de cœur. Il nous faut une bonne base, quelque chose auquel on croit, qui nous parle. Ensuite on bosse ça ensemble et généralement ça aboutit (même si le chemin est parfois long et semé d'embuches).
MI. J’ai vu que tu étais en charge des programmations avec Anthony qui est aussi votre bassiste. Sur quels critères travaillez-vous et comment parvenez-vous à accorder vos idées pour arriver à un rendu final qui doit représenter le côté « machine », à savoir 50% du concept ?
Mathieu. De nouveau, c'est très aléatoire. On boit des bières ensemble devant nos machines et à force de tripoter nos claviers (et de descendre de la pinte), une idée mystérieuse finit par voir le jour. Le lendemain, avec un sévère mal de tête, on (re)découvre la bête mystérieuse dont ont accouché nos cerveaux. Nous décidons ensuite si, oui ou non, elle a le droit de vivre.
MI. Quelle composition représente le mieux HUMATRONIC et pourquoi ?
Mathieu. Aucune, elles forment un ensemble. Autant de facettes d'une seule et même entité.
MI. Un mot sur les textes qui sont en français ? Pourquoi avoir fait un tel choix alors que l’anglais semblait s’imposer naturellement ?
Mathieu. J'admire particulièrement la poésie surréaliste (et Dada) et des poètes tels qu'Antonin Artaud ou Tristan Tzara. Dans une volonté de libérer moi aussi mon écriture, d'être dans une forme plus entière de sincérité, le français s'est imposé de plus en plus naturellement à moi jusqu'à ce que je me décide à franchir le pas avec HUMATRONIC. L'anglais me semblait trop "faux", trop "plastique"...
MI. Ensuite, qui rédige les paroles ? Je suppose qu’en tant que chanteur, c’est toi ? Quelles sont tes sources d’inspiration et dans quel état d’esprit es-tu quand tu écris ces textes qui sont quand même assez noirs ?
Mathieu. C'est effectivement moi. Mes sources d'inspiration sont extrêmement variées, parfois c'est un coup de gueule comme pour "Gaijin" qui traite principalement de notre société de consommation. Parfois c'est plus métaphysique et parfois c'est tout simplement sous l'effet de l'alcool et de la beuh que ça sort comme un torrent ! Là c'est très surréaliste je peux te l'assurer…
MI. Quitte à choisir une statue pour illustrer la pochette de votre album, pourquoi ne pas avoir fait dans la promotion de la culture locale en prenant le Manneken-Pis ? (rires)
Mathieu. (Rires) Joli ! Je ne m'y attendais pas à celle-là !
MI. Plus sérieusement, que symbolise cette pochette ? Il y a une sorte de système solaire qui gravite autour de la tête de la statue. Une façon discrète de dire que la pensée de l’homme, à l’instar du soleil, est au centre de l’univers ?
Mathieu. Il y a de ça ! C'est aussi en rapport à notre titre, Structures (allez voir au dictionnaire, c'est très intéressant). Je voulais jouer sur le principe de structures à différentes échelles: l'homme, l'univers (le macroscopique, représenté par le ''système solaire'') et le microscopique (symbolisé par cette sorte de coulure noire et veineuse). Il y a donc un côté plutôt ''métaphysique'' dans cet artwork, où l'homme comme tu l'as dit, en est le centre. Si vous aimez, n'hésitez pas à aller jeter un oeil sur le reste de mon boulot: http://www.monolithdesign.be
MI. D’un point de vue plus personnel, comment entretiens-tu ta voix et comment t’es venue l’idée d’être chanteur ? Tes collègues ont-ils suivi une formation musicale ou sont-ils autodidactes ?
Mathieu. 'entretiens assez peu ma voix. Je fais surtout quelques échauffements avant les concerts quand j'ai le temps (merci Zen Of Screaming). Sinon, je ne me souviens plus très bien comment m'est venue l'idée d'être chanteur. Tout ce que je sais c'est que j'ai essayé d'être guitariste avant ça et que ça n'a vraiment pas marché ! Depuis mes 12 ans, j'ai toujours aimé passer du temps à apprendre les paroles de mes groupes favoris et (tenter de) hurler sur leurs morceaux dans ma chambre. Ça doit avoir aidé. Pour mes collègues, un de nos guitaristes et notre batteur ont suivi une formation, les deux autres l'ont fait en autodidacte.
MI. Quels sont tes coups de cœurs musicaux récents ? Y a-t-il un groupe ou un disque que tu aimerais particulièrement saluer ?
Mathieu. Récemment j'ai découvert "Nous n'avons fait que fuir", un morceau de Betrand Cantat de 55 minutes absolument délicieux qui m'accompagne pas mal pour l'instant. Sinon je prends beaucoup de plaisir avec HUORATRON, GRUMPF QUARTETH (un petit groupe français très inspiré). Ce que j'attends par dessus tout pour ce début d'année c'est la sortie de III, le nouveau ETHS, le nouveau MESHUGGAH et le nouveau ERYN NON DAE.
MI. Comment sera l’année 2012 pour HUMATRONIC ? Quelles sont toutes les choses que vous aimeriez faire et dire avant la fin du monde ?
Mathieu. Cette année, HUMATRONIC va se donner à fond ! On va faire un max de concerts, contacter un max de labels et espérer avoir de bonnes nouvelles. Avant la fin du monde, sortir un album serait pas mal non plus mais à mon avis, on en a encore pour un petit bout de temps. On a aussi le projet de faire un (ou des) splits mais ça c'est encore très flou.
MI. Merci infiniment Mathieu d’avoir pris de ton temps pour répondre à ces quelques questions. Je suis convaincu qu’on entendra encore parler d’HUMATRONIC d’ici peu. En attendant, le mot de la fin te revient.
Mathieu. Merci à toi ! Lecteur, si tu aimes notre groupe, viens nous voir en live (promis tu ne seras pas déçu) et viens nous faire un petit like sur Facebook on te fera un bisou (ou une pipe, c'est toi qui voit...). Pour le mot de la fin, le voilà:
MASURE n.f. (bas lat. Mansura, demeure). Maison misérable, délabrée.
Ajouté : Jeudi 26 Janvier 2012 Intervieweur : Stef. Lien en relation: Humatronic Website Hits: 11008
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