« It’s time to stand up », me dit Andre, quand j’écoute « A Lapse In Time ». Et puis surtout, surtout, quelques minutes auparavant, « you know I will return ». Et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle. Un beau jour de cette année 1996, le Holy Land d’ANGRA m’avait vraiment mis sur le cul, transporté dans un autre monde, envoyé vers un Metal que je ne soupçonnais pas. Depuis, je l’avoue, Andre Matos ne quitte plus mes disques de chevet. Même si je me permets, sans aucun complexe, de mettre de côté certaines tentatives infructueuses, comme le deuxième album de SHAAMAN par exemple … Mais la carrière métallique d’Andre Matos mérite le respect, alors oui, on se lève pour Andre. S’il vous plaît.
Déjà, le premier témoignage du « Andre Matos Band », Time To Be Free, il y a deux ans quasiment jour pour jour, avait tout pour séduire. Enfin, jour pour jour … On va faire une petite parenthèse. Comme la fois précédente (pour Time To Be Free, donc), Mentalize est sorti au Japon et au Brésil depuis belle lurette. Ne me demandez pas pourquoi, c’est ainsi et c’est frustrant. Mais l’attente en vaut la peine.
La première chose qui saute aux oreilles, à l’écoute de Mentalize, c’est que Matos a enfin trouvé sa famille, a su s’entourer de musiciens fidèles, sincères et inspirés. Le bonhomme a beau revendiquer la composition des trames mélodiques, il ne serait rien sans son équipe qui gagne.
Un Sascha Paeth aux manettes, dont l’influence sur ce disque paraît évidente.
Un Eloy Casagrande, le minot de la bande à la batterie, qui s’éclate comme un fou, et balance ce côté tribal qui a toujours si bien coloré la musique d’Andre.
Un Fabio Ribeiro (claviers) et un Luis Mariutti (basse) tellement indispensables.
Un Andre « Zaza » Hernandez et un Hugo Mariutti (guitares) qui accompagnent le maestro avec classe. Et au milieu, donc, le père Matos.
Plus encore que Time To Be Free, Mentalize illustre à merveille tout le background musical du chanteur brésilien. Il y a, en premier lieu, ce passage remarqué dans ANGRA qu’Andre aura bien du mal à dissimuler, que ce soit sur « I Will Return », « Shit The Night Away » ou encore « Powerstream ». Les amoureux de Angel’s Cry et Holy Land vont s’y retrouver, à n’en pas douter. Il y a ces petites touches classiques (« Someone Else ») qu’on reconnaît toujours sur un album avec Andre. Comme d’ailleurs le démontre si bien la ballade « Back To You », pas vraiment extraordinaire mais qui permet de goûter à ses origines musicales très variées. En fin de morceau surviennent comme par enchantement des chœurs qui me rappellent les dernières productions d’AVANTASIA (le projet de Tobias Sammet). Certes, Andre est présent dans le circuit depuis plus longtemps que son ami Tobi. Alors je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a un je-ne-sais-quoi de Sascha Paeth derrière tout ça (si en plus on fait état de la présence d’Amanda Sommerville).
Cependant Andre Matos reste maître à bord. Pas seul, mais maître. Et il aime son piano. Il n’hésite pas à s’accompagner, seul, pour un « Lapse In Time » reposant. Il aime aussi le clavier de Fabio. Il lui demande mille et mille figures lors d’un « Violence » qui commence mieux qu’il ne finit. Il aime la symphonie, celle qui orchestre les premières mesures du Power « When The Sun Cries ». Il aime donner à « Mentalize » une facette plus sophistiquée, plus sauvage aussi. Les sonorités sud-américaines habitent chacun des musiciens qui l’entourent, alors pas besoin de se forcer …
Voilà, Andre Matos, c’est un peu tout ça à la fois, une gestuelle poétique qui fait du Power originel un Metal chantant, souvent positif, plein de surprises, et où la prise de risque constitue un facteur clé, à l’inverse d’un « Mirror Of Me » beaucoup trop convenu.
Mais ce serait là finasser.
Que voilà encore un bien bel album.
Oui, oui, « it’s time to stand up ». S’il vous plait.

Tracklisting :
1 – Leading On
2 – I Will Return
3 – Someone Else
4 – Shift The Night Away
5 – Back To You
6 – Mentalize
7 – The Myriad
8 – When The Sun Cried On
9 – Mirror Of Me
10 – Violence
11 – A Lapse In Time
12 – Powerstream