Un nouvel album de WINGER pour la plupart d’entre vous, cela ne signifie pas grand-chose. Figure emblématique de ce que l’on a appelé à tort le « Hair Metal » des année 80, Kip et sa bande ont subi des attaques massives à l’orée des années 90 de la part de la presse, de la télé et d’anciens fans ayant trop honte d’avoir écouté un jour leur musique…C’est vrai qu’avec une chemise à carreau à 90 euros sur le dos, c’était terriblement uncool d’avoir été un jour emballé par les « Madalaine », « Seventeen » et autres « Easy Come Easy Go »…Pauvres imbéciles…
Et ce sont certainement les mêmes qui aujourd’hui vont brandir une photo arrachée à la hâte dans un vieux magazine à la sortie d’un des concerts du groupe pour se la faire signer et rentrer émus…
Moi, je m’en fous, Kip, j’ai aimé en groupe, en solo, et j’aime toujours. Et j’ai dans les oreilles la plus grande claque que je pourrais vous coller pour avoir osé un jour tourner le dos à ce génie de la mélodie.
Car après un IV que les adeptes de la grande époque avaient salué unanimement, WINGER revient en 2009 avec ce Karma qui a bien de quoi équilibrer le votre.
Kip, Reb, Rod et John nous offrent un véritable festival de Rock US à la sauce 2009, sans opportunisme, sans autre but que de jouer une musique à laquelle ils ont toujours cru, et prouvent une fois de plus quels incroyables instrumentistes ils sont.
Facile de jouer sur la belle gueule de Kip pour aligner les cartouches en cas de déception, mais il est plus dur de lui tisser un tapis rouge lorsque la réussite est totale, comme c’est le cas ici.
Et ça commence dur avec un « Deal With The Devil » digne d’un VAN HALEN de la grande époque. Kip n’a rien perdu de sa voix extraordinaire et ses acolytes de leur talent de musiciens. Reb BEACH fait tout peter, avec un riff plombé mais léger, et des sifflantes pertinentes. On reste sur le même rythme avec « Stone Cold Killer », qui nous embarque sans détours vers la période bénie de Pull. Un refrain taillé sur mesure, une énergie indéniable, un emballage parfait en somme.
« Big World Away » se la joue syncopé, et c’est tant mieux. Le très Heavy « Come A Little Closer » et son riff diabolique renouvelle sans trahir alors que « Pull Me Under » enfonce un peu plus le clou dans cette alliance entre harmonies délicieuses et puissance de feu à torpiller un croiseur. « Supernova » file la chair de poule tant la perfection semble à portée de main, et Reb s’éclate littéralement sur un solo d’anthologie qui prouve que David Coverdale ne s’est pas trompé en le prenant dans WHITESNAKE… « Feeding Frenzy » nous offre sur un plateau le meilleur WINGER depuis leur album éponyme de 1988, mais lorsque le slow très bluesy « After All This Time » entre en scène, c’est l’apothéose…La voix de Kip atteint des sommets, et l’émotion est à son comble…Quant au solo de M.BEACH, je préfère ne pas en parler pour ne pas vous gâcher le bonheur. Essayez juste d’imaginer le « Ain’t No Love In The Heart Of The City » de David C. et multipliez le plaisir par cent, vous en aurez alors une petite idée…Et si vous enchaînez avec « Witness », c’est l’apoplexie qui vous guette…Sept minutes d’orgasme auditif, le plaisir à l’état pur, du feeling, de la rage, le tout sur un coulis de mélodies suprêmes…
Non, à l’écoute de ce Karma, je ne peux vraiment pas me faire à l’idée qu’un jour le public Hard Rock ait pu se détourner de WINGER.
Qu’on puisse changer, et réorienter ses goûts parce que l’on vieillit et qu’inévitablement notre personnalité change, c’est un fait, mais que l’on décide de suivre une mode au nom de la « branchitude » et de fait, qu’on crache sur ses idoles d’antan est une attitude inexcusable.
Alors à tous les blaireaux, fashion victims, et autres renégats du bon goût, je dis merde. Ecoutez Karma et faites preuve d’objectivité.
Ne regrettez vous pas tout à coup votre stupidité d’hier ?
Mais WINGER n’en a cure, et moi non plus. J’emmerde la mode et j’emmerde les tendances. La seule tendance que je suive depuis si longtemps, c’est celle de mon cœur. Et WINGER y aura toujours une bonne place.