Encore une preuve rassurante de la bonne santé des groupes français en ce début de siècle. Après quelques expérimentations du meilleur cru et un retour bienvenu à des valeurs qu’on croyait éteintes depuis fort longtemps, nous voici une fois de plus en présence d’un album qui a des choses à dire, et qui les dit bien.
Alors certes, le style pratiqué est commun, mais l’énergie déployée est intense, et la réussite est totale.
NECROBLASPHEME, le patronyme peut faire sourire (On se croirait revenus aux débuts de SODOM ou MACABRE !), mais la musique est là pour prouver qu’on a pas affaire à des cakes tout justes bons à faire oublier leur médiocrité en la travestissant de surnoms aguicheurs.
Non, il faut admettre que Destination : Nulle Part est un succès, qu’on prend plaisir à écouter, pour peu que vos oreilles soient déjà habituées à un Death bien saignant.
Au rayon des généralités d’usage, constatons d’abord que le son est impeccable, lourd, puissant, et suffisamment clair pour nous permettre de saisir l’agression dans son ensemble, mais aussi en détail.
Les musiciens font preuve d’un indéniable savoir faire, connaissent leurs influences sur le bout des doigts (moignons?), et les régurgitent à leur manière. Le chant vindicatif n’aura échappé à personne, et les breaks multiples sont employés judicieusement, sans nuire à la cohésion des morceaux.
A la première écoute, une légère impression de linéarité peut se dégager, vite atténuée dès que l’on fait l’effort d’aller plus loin.
Je n’irai pas jusqu’à dire que chaque titre possède son identité propre, puisque dans un style aussi extrême, il parait difficile de pratiquer une originalité de tous les instants, mais les variations se font bien sentir sitôt que l’album devient plus familier.
Au rayon des bons points, notons l’utilisation sursaturée du fameux « Sussudio » de Phil COLLINS en outro de l’excellent « Wounded », le climat de furie totale exhalant de « Thoughs Close At End », la succession intro lourde/couplets grind/ambiance crust de « After All », le refrain lourd de chez lourd de « Descent’s Genesis », et bien sur le mid tempo rouleau-compresseur de « Sorry For Us », qui contient même quelques riffs catchy de fort bon aloi.
Alors bien sur me direz vous, il est difficile de passer à côté de l’influence MORBID ANGEL/SUFFOCATION, voire même un CARCASS milieu de carrière, mais comment faire autrement ? Tant que l’inspiration ne le confine pas au plagiat, pas de quoi hurler au loup. Après quelques essais, je pense sincèrement que NECROBLASPHEME a trouvé sa voie, et à l’écoute de Destination : Nulle Part, on constate que la marge de progression est encore assez large.
A eux de développer certains arrangements qu’ils utilisent parcimonieusement pour l’instant, mais qui seront bénéfiques à l’avenir pour aérer les compos.
Sans tomber dans le gimmick, cela s’entend.