GAMMA RAY (de) - Le Trabendo à Paris (09/04/14)
Groupes Présents au concert : ELVENKING (it), RHAPSODY OF FIRE (it), GAMMA RAY (de)
Date du Concert : Mercredi 9 avril 2014
Lieu du Concert : Le Trabendo (Paris, France)
Ce sont deux monuments qui se produisent ce soir de printemps au tout petit Trabendo, à l'ombre de l'imposant Zénith qui accueille dans le même temps un jeune "maestro" rwando-belge un poil dégingandé . GAMMA RAY revient en France après une belle mise en bouche à l'Olympia l'année dernière, et emporte dans ses valises non moins que le pionnier du Speed Metal Symphonique à la sauce épique : RHAPSODY OF FIRE.
Qu'une telle affiche soit reléguée dans une salle si modeste ne surprend plus personne, les disques ne se vendent plus et les tarifs des lieux de concerts ne sont plus adaptés à la triste conjoncture. Comme on pouvait s'en douter, il n'y a plus une place à vendre, et l'atmosphère monte doucement en température alors que les italiens d'ELVENKING défendent depuis quelques minutes déjà – les portes ayant ouvert à l'heure du thé – leur dernier album Era. Leur nom tourne déjà sur la scène Metal depuis quelques années, sans qu'on y accorde un intérêt particulier car noyé dans une masse grandissante de groupes identiques, mais ils ont le mérite de persister et leur présence n'a rien de scandaleux. L'originalité de leur musique tient en la présence d'un vrai violoniste sur scène qui apporte une touche Folk pas dégueu à des compos certes un peu téléphonées, mais assez honnêtes. Un bandeau de maquillage noir sur les yeux, les musiciens s'acharnent à convaincre de la crédibilité de leur drôle d'univers, avec des morceaux enlevés tels "Moonbean Stone Circle" ou "Winter Wake", et y parviennent finalement assez bien face à un public déjà fourni et bienveillant.
On pouvait légitimement croire RHAPSODY OF FIRE sur la pente descendante en arrivant au Trabendo. Peu convaincant lors de leur dernier passage dans la capitale il y a un an et demi, le groupe s'avère surtout incapable de passer le cap du split avec son principal compositeur Luca Turilli. Avec un line-up instable et qualitativement assez inférieur au précédent (Oliver Holzwarth à la basse en remplacement de Patrice Guers, et Roberto de Micheli à la place de Luca Turilli, Tom Hess ayant déjà jeté l'éponge), un album live pas terrible (From Chaos To Eternity) et surtout un dernier essai studio, Dark Wings of Steel, d'une pauvreté absolue, leur venue n'incite pas les fans à l'optimisme. Mais sans doute conscient qu'il n'est pas dans une période faste, le quintet a concocté un show sur mesure et décidé de nous prendre par les sentiments. En reléguant le dernier album au second plan (seulement deux titres sur dix), et en misant sur un show "best of", Staropoli et consorts veulent assurer. "Land of Immortals" en apéritif, la doublette "Holy Thunderforce" et "Dawn of Victory" de l'album du même nom, et "March of the Swordmaster" pour enfoncer le clou, les classiques sont de sortie.
Fabio Lione les chante très bien, certes plus comme au premier jour ("Land of Immortals" a déjà plus de 15 ans... je me revois l'acheter à la Fnac...) mais en s'adaptant à ses nouvelles limites. Les notes aigues passent en force, une manie qui convient au répertoire des italiens, mieux qu'à celui d'un certain groupe brésilien dont Fabio a flingué le dernier album live... Il met cela dit tout le monde d'accord sur "Lamento Eroico" avec sa voix de ténor (bien aidé il est vrai par quelques chœurs samplés...). Roberto de Micheli reprend tant bien que mal le flambeau porté à bout de bras par Turilli pendant des années, et ce, sans deuxième guitariste pourtant devenu indispensable en concert depuis longtemps (Dominique Leurquin puis Tom Hess). Il s'en sort avec mention, les soli étant assez précis (dommage que Fabio ne puisse s'empêcher de jaqueter par-dessus) et l'attitude d'une discrétion de bon aloi. Irréprochable, Alex Holzwath (batterie) a bien fait de pistonner son frangin Oliver. S'il ne fait pas rêver avec son t-shirt moulant dans lequel tremblotent comme autant de Flanbys pectoraux grassouillets et poignées d'amour made in Germany, sa proximité avec le public fait plaisir à voir.
Evidemment la foule est à leurs pieds (au propre comme au figuré, la scène étant très basse) et reprend à pleins poumons chaque hymne imparable. Ajoutez pour faire le compte les surpuissants "Unholy Warcry" et "Reign of Terror" avant un ultime rappel sans surprise, "Emerald Sword" dédié gentiment à une petite fan déchaînée sur les épaules de son papa, et vous aurez la recette pour un concert passe-partout, dans un format de 60 minutes propice à l'essentiel, et à la reconquête des fans.
Frustrés par la rapidité de leur set de l'an dernier en première partie d'HELLOWEEN à l'Olympia, les inconditionnels de GAMMA RAY comme les simples amateurs de Heavy traditionnel s'étaient donnés rendez-vous pour leur tournée en tête d'affiche. Le lieu est moins clinquant mais l'ambiance est là. Alors que les allemands entrent en scène, une chaude clameur fait trembler le Trabendo.
"Avalon" lance les hostilités, excellent titre inaugural du dernier album Empire of the Undead. Le temps pour nous de constater que Kai Hansen a un peu morflé ces dernières années, surtout au niveau capillaire. Qu'importe, la voix est quasiment intacte, rauque à souhaits, et fait merveille dès le premier morceau. Après ce mid-tempo plutôt lourd, voici "Heaven Can Wait" et "New World Order" qui envoient un peu de vitesse et testent l'assistance sur les refrains. Dirk Schlächter est toujours aussi précieux sur les chœurs, alors qu'on entend moins Henjo Richter. On entend par contre parfaitement sa guitare, dans ses duels endiablés avec celle de Kai, sur des riffs et des mélodies que l'on connait par cœur et qui n'ont pas pris une ride ("Tribute to the Past"). Celui que l'on connait moins, c'est Michael Ehré qui a remplacé Dan Zimmermann derrière les fûts. Rien de tel qu'un bon gros (et long) solo de batterie pour briser la glace... Moi qui ai toujours trouvé ça très chiant, je ne saurais me prononcer sur son réel intérêt.
Auparavant, l'incontournable "I Want Out" de HELLOWEEN avec une impro version reggae remarquable au milieu, le pachydermique "Pale Ride" et la mièvre balade "Time For Deliverance" du dernier cd avaient conquis puis divisé la foule, ce dernier exercice n'étant pas il faut le dire, celui dans lequel GAMMA RAY est le plus à l'aise. Qu'importe, "Blood Religion" pour entamer la deuxième partie du concert, ça nous va très bien. Kai en profite pour faire chanter la salle à la manière de son compère Andi Deris, un coup à gauche, un coup à droite, mais tout en sobriété et sans chichi. Le résultat donne la chair de poule ("Into the daaark....."). "Master Of Confusion" (sorte de copier/coller de "Send Me A Sign" du moins dans l'intro) et "Empire Of The Undead", déjà joués en avant-première lors du concert du Bataclan, donnent matière à de vrais headbangs incontrôlés, avant qu'un enchaînement "Rebellion in Dreamland / Land of the Free" puis "Man on a Mission" ne provoque l'hystérie collective.
Les mines réjouies des spectateurs et musiciens ne trompent pas, c'est du haut niveau ce soir, le plaisir est là, et il est partagé. C'est déjà l'heure des rappels : annoncé de façon assez maladroite par Kai, le quelconque "To The Metal" n'a pourtant pas vraiment sa place sur une setlist de cette qualité. Enfin le téléguidé "Send Me A Sign" sur lequel on chante un peu et hurle beaucoup, termine en beauté une soirée globalement de grande qualité. Et déjà on a hâte qu'ils reviennent.
Ajouté : Dimanche 07 Décembre 2014 Live Reporteur : JB Score : Lien en relation: Gamma Ray website Hits: 11884
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