J’étais à deux doigts de commencer cette chronique par « pourquoi les groupes brésiliens de Power Metal se sentent-ils obligés de copier ANGRA ? », et je me serais carrément planté. Tout faux, le Nico. Quelle injustice ç’aurait été d’évoquer un plagiat de la sorte, d’autant que ce combo brésilien fraîchement signé chez Dockyard1 ne plagie pas ANGRA. Non, non, pas du tout. Par contre, il pompe littéralement SYMPHONY X.
Alors après, l’exercice se veut périlleux lorsqu’il faut chroniquer un groupe aux influences aussi évidentes. Le dilemme est le suivant : faut-il les blâmer pour ne rien avoir proposé de vraiment personnel ? Ou faut-il se réjouir d’entendre la copie (presque) parfaite de références majeures sur un terrain vraiment glissant ? Car le Metal de SYMPHONY X est tout sauf abordable. On ne produit pas une musique similaire sans avoir un tant soit peu de talent et de technique.
Je peux même vous affirmer que le jeu de Renato Osorio et Cristiano Schmitt s’inspire de Michael Romeo, et donc forcément Yngwie Malmsteen. Ce qui laisse déjà rêveur. Les autres musicos ne sont pas ridicules non plus, le bassiste Elizandro Max en tête. J’imagine que le Heavy Metal au Brésil, c’est comme le foot, quand on le pratique, on le fait avec virtuosité ! Imaginez vous des rythmiques aussi complexes et tordues que des soli, exactement comme ce que nous fait le petit gros américain depuis The Odyssey, et vous avez déjà une idée de la performance. De toute façon, on savait déjà Renato Osorio très doué, ça se confirme ici.
Hsitoire de vous convaincre une bonne fois pour toutes du parallèle existant entre ces natifs de Porto Allegre et du quintet venu du New Jersey, voici des preuves incontestables.
Bienvenue donc au titre à tiroir variant les tempos et enchaînant les diverses trames, « Terminal Day », exactement comme « The Edge Of Forever » sur The Damnation Game. Et sur ce premier titre, « Prime Evil », aux choeurs et à la structure semblables aux premiers morceaux de The Divine Wings Of Tragedy (genre « Of Sins And Shadows »), tandis que le clavier à la couleur orientale semble tout droit sorti de V – The New Mythology Suite, comment ne pas hurler au scandale ? Je vais vous le dire : c’est bien fait, bien interprété, carré et efficace.
Et afin de se différencier un petit peu (mais alors un tout petit peu), le chanteur Dan Rubin officie dans un registre un poil plus agressif que Russell Allen. Ce qui paraît cruellement faux-cul par contre, c’est de ne pas citer le nom du clavier, car l’instrument a son importance. Et pour cause, hein, SYMPHONY X sans clavier …
Sur « Dark Ritual », MAGICIAN tente même de faire encore plus technique et plus fouillis que SYMPHONY X. Résultat : le groupe en fait de trop, et on croirait que nos cinq Brésiliens ne jouent pas du tout ensemble. Parfois ce sont les gloires nationales qui surgissent, puisque le refrain de « Underworld Terror » semble avoir été écrit par ANGRA version Edu Falaschi (vous savez, le ANGRA qui affectionne SYMPHONY X !!). Les chœurs se rapprochent cette fois des chants guerriers de RHAPSODY, avant qu’un superbe canon de guitares sauve le tout de la copie conforme avec brio.
Bon, en restant objectif, il faut bien admettre que MAGICIAN livre quand même des quelques compos un peu plus personnelles. « Minstrel’s Domain » parvient à mêler ambiance folklorique (renforcé par la présence d’une flute) et rythmiques plombées. Je crois savoir d’ailleurs que MAGICIAN a choisi ce titre comme single et en a fait un clip. Faites qu’il affirme un peu plus sa personnalité en persévérant dans cette voie. Comme aussi sur « Let The Harmony Endure », où couplets acoustiques et intimistes amènent un chœur et des orchestrations triomphantes, comme pour achever Tales Of The Magician en apothéose.
Pour résumer, MAGICIAN vient de pondre l’album idéal pour les fans des 5 premiers opus de SYMPHONY X. Attention quand même pour la suite, les copyrights ça existe …