De la Pologne, pays d’origine des membres du groupe de Death HATE, on ne connaît en règle générale qu’une poignée de clichés tels que la Vodka, les camps de concentration, le Pape Jean Paul II, Solidarnosc et son trublion Lech Walesa, la grisaille...Fort heureusement, il nous vient à l’esprit que ce charmant pays de l’Est a également engendré la naissance de chantres du Death Metal en la personne des excellents combos que sont BEHEMOTH ou VADER, juste pour ne citer que les plus représentatifs de cette nation ultra catholique. Et pourtant le quartet originaire de Varsovie, HATE, n’en est pas à son premier coup d’essai. Relativement célèbre dans leur pays, ce quatuor créé au début des années 90 n’en est qu’à sa cinquième livraison discographique avec ce Morphosis distribué par le label hexagonal Listenable Records.
Dirigé par ATF Sinner (chant, guitares, claviers), le précédent opus Anaclasis avait montré des signes de maturité, d’expérience, d’aventure et pour un groupe de Death, c’est vraiment pas mal. Huit titres aux influences Indus avec un recours léger aux samples adroitement déployés et qui font mouche. Grâce à des guitares vigoureuses et élégantes, à des growls toujours bien ajustés, le tout organisé en tempi déchaînés et Heavy, il va de soi que ce Morphosis se présente sous une forme hyper aguichante : des morceaux savamment élaborés qui font que le résultat est plus que concluant. Il va sans dire que cela fait du bien en ces temps de disette métallique. Habiles, créateurs de riffs inspirés, bien amenés et construits, HATE sait y faire.
Après une intro des plus basique, la fureur de HATE prend dignement place. Le second «Thredony», en quelques secondes musicales, démontre de la puissance et de la dextérité du quatuor slave. Avec «Immum Coeli (Everlasting World)» et «Catharsis», ATF Sinner continue sur sa lancée en pondant des riffs facilement discernables soutenus par des rythmiques accrocheuses oscillant entre Death primaire et sonorités Heavy soignées. HATE n’en finit plus d’épater la galerie. Extrêmement mûrs, leurs morceaux évoluent d’eux-mêmes sans rien perdre de leur cohésion. A partir de ce moment, on entre dans la seconde partie de l’opus, là où les expérimentations font des titres qui continuent des exemples à suivre pour tous les apprentis joueurs de Death : «Resurrection Machine», volontairement plus lourde, au break ultra dévastateur soutenu par des samples Electro futuristes : grandiose ! Dans l’esprit, cela ressemble par moment à du DEATH époque Individual Thoughts Pattern, les samples en moins. «The Evangelistic Pain» perpétue l’idée du titre précédent tandis que les arpèges aériens d’intro de la piste «Omega» dénotent tout en sublimant l’agressivité à venir du combo varsovien.
Jouissant en plus d’un son posé et réfléchi, mixé au Hertz Studio (VADER, DECAPITATED, TRAUMA), ce Death Heavy froid et maniaque au caractère déjà bien affirmé font de cet album une intéressante trouvaille en matière de Death. Comme quoi, pondre de bons titres, ça existe encore. Que certains groupes envoient leurs coordonnées à HATE, les polonais leur apprendront comment écrire de bons titres de Death… A découvrir urgemment !