Une bonne recette est celle qui marie les ingrédients avec panache, créant une symphonie de saveur innovante, en faisant presque oublier le goût des matières initiales. C’est à ceci qu’on reconnaît les grands chefs, à leur potentiel de transformation absolue, à leur capacité à provoquer l’inédit en utilisant des combinaisons incroyables, là ou d’autres ne sauraient que proposer un immonde ragout à peine digne de finir dans les excréments du chien. Et puis il y a les autres. Ceux qui savent manier les formules, juste assez bien pour proposer une cuisine digeste, mais dont les origines flagrantes trahissent un manque cruel d’imagination.
Prenez CRIONICS par exemple. Ce ne sont pas de mauvais cuistots, mais visiblement l’unilatéralité de leur obsession les empêche de laisser libre court à un sens de l’aventure qu’on aurait souhaité plus téméraire.
Certes, le résultat peut paraître relativement probant, pour tout jeune dégustateur n’ayant que peu d’expérience gustative, mais pour ceux dont le palais est déjà largement sollicité, l’arrière goût de déjà entendu ne manquera pas de susciter l’agacement des papilles.
Prenez une énorme louche de MORBID ANGEL, saupoudrez le tout d’une pincée de EMPEROR, période Anthems To The Welkin At Dusk, et vous aurez le nez en plein dans le potage proposé par Neuthrone. La soupe n’a rien de repoussant, mais on est loin d’atteindre le niveau d’un trois étoiles.
Foin des métaphores culinaires, le reproche majeur que l’on peut formuler à l’encontre de CRIONICS est comme vous l’aurez bien compris la trop grande évidence de leurs inspirations, qu’ils ne cherchent même pas à dissimuler d’ailleurs. Alors prenons ça comme un hommage si vous le voulez bien ! Pour ce cinquième album, ils restent dans des standards de composition qu’ils ont largement eu le temps de roder, et force est d’admettre que la conviction est bien la. Le son est énorme, l’exécution irréprochable (merci la batterie triggée !), et même si on a parfois l’impression que le morceau suivant va commencer par «Restless minds beneath the ground, through ghostly winds I hear the sound», l’ambiance générale est de bon ton, et il serait mal venu de condamner un groupe sur la simple base d’une admiration trop flagrante.
Après tout, on a souvent condamné beaucoup de combos à l’orée de leur carrière pour des réminiscences pas très discrètes, ce qui ne les a pas empêché de réaliser bien souvent un parcours sans fautes.
Cela dit, et en toute honnêteté, se mesurer à David VINCENT et sa bande n’est pas condamnable en soi, on attendra seulement pour le prochain album une petite touche personnelle qui ne pourra qu’élever le débat !