CULT OF LUNA (se) - Elysée Montmartre à Paris (22/03/09)
Groupes Présents au concert : DYSFUNCTIONAL BY CHOICE, DESTRUCTION INCORPORATED, CULT OF LUNA
Date du Concert : dimanche 22 mars 2009
Lieu du Concert : Elysée Montmartre (Paris, France)
Photos du concert sur le Flickr de Moloch
Je découvrais CULT OF LUNA à Lyon, il y a 4 ou 5 ans, dans un petit bar de la croix-rousse. Le groupe suédois s'y produisait alors pour le prix d'une paire de bières. Bien que ma mémoire soit surtout visuelle et qu'alors mon champ de vision se trouvait réduit à un infranchissable mur d'épaules et de nuques agglutinées, j'en garde un fort agréable souvenir. Je faisais alors mes premières incartades dans le milieu du Post-Hardcore dont la capitale des gaules est si friande. Quelques semaines auparavant c'était le groupe CALLISTO (finlande) qui m'avait converti par son son dépressif (et pour un prix d'une demie bière inférieure !). C'était au « Clos Fleuri », minable bar PMU qui accueillait alors quelques concerts bruyants, sans pour autant se départir de ses habitués, rivés au zinc, la mousse à la main, tournant le dos aux adolescents agités venant suer sur les carreaux maronnasse et les tables en formica de sa salle. C'est là que j'appris la mort de Dimebag Darell. Information qui, en circulant, répandait une mine grave et triste sur tous les visages et avait largement contribué à la communion de l'audience avec le groupe.
Depuis, CALLISTO fait presque de la pop, et CULT OF LUNA a bien affuté ses cordes. Des bars étriqués, ces derniers ont investi des salles plus respectables et le ticket d'entrée se monnaye plutôt aux alentours d'une demi-douzaine de packs. L'excellence de ses deux derniers albums : Somewhere along the Highway et Eternal Kingdom m'a irrémédiablement attiré vers l'Elysée Montmartre pour vérifier si le groupe sait rendre toutes la richesse de ses compos une fois sur les planches.
Le groupe parisien DYSFUNCTIONAL BY CHOICE ouvrait le bal par un rock lourd allant parfois flirter avec le Hardcore ou le Metal. Deux guitares, une basse, un batteur et un clavier marquent une rythmique assez simple et répétitive d'accords plaqués. La prestation est honnête, propre. Le son est bon mais rien de très marquant dans ces 30 minutes si ce n'est l'idée amusante de jouer la première partie du show éclairés seulement par des lampes torches fixées aux poignets.
Le power-trio DESTRUCTION INCORPORATED, parisien lui aussi enchaine à 19h50. Les compos du groupe, très énergiques, oscillent entre Rock énervé et Metal, se parant parfois d'une couleur Rock'n'Roll plus dansante. Le guitariste velu et torse nu nous offre un jeu très riche, usant très largement du potentiel musical des larsens dont il ponctue ses parties avec beaucoup de feeling. La pédale wah-wah chauffe sous l'assaut des solos comme les fûts sous les avalanches de breaks du batteur. Ce dernier, également membre de LOFOFORA a un jeu frénétique, très gestuel, qui, tout en restant franchement Rock, se renouvelle sans cesse. Une bonne décharge de testostérone pour un groupe visiblement très heureux de jouer dans « cette salle mythique de l'Elysée Montmartre ».
Alors que le matériel de CULT OF LUNA est installé sur scène, un immense drapeau reprenant le magnifique visuel (gravé ?) de leur dernier album dans son intégralité est dressé contre le fond de scène.
20 h 55. La salle est plongée dans le noir. Le public, en partie désarçonné par l'éclectisme des premières parties, attend impatiemment la tête d'affiche. 7 ombres se profilent sur scène accueillies par les applaudissements et les cris d'un public déjà acquis. Les premières notes sont celles de « And with her came the birds », morceau très doux, en son clair et aux paroles presque chuchotées, d'où émerge une ambiance nostalgique. Ensuite, avec « Owlood », le Post Hardcore tour à tour planant et musclé de CULT OF LUNA surgit des ténèbres. Un batteur, une basse, un clavier, un chanteur et pas moins de trois guitaristes composent le line-up de cette tournée. 7 musiciens qui nous offrent un show d'un professionnalisme sans faille, une exécution parfaite de leurs morceaux enchainés dans une set-list intelligemment composée. Ouvrant parfois, au cœur d'un son massif et plombé, des éclaircies salvatrices.
Les trois guitaristes ne sont pas superflus et la très bonne sonorisation, claire et puissante permet d'apprécier la richesse harmonique des compositions. Ils rendent parfaitement l'ampleur des morceaux du dernier album, leurs montées en puissance, la manière virtuose qu'ils ont de jouer avec les variations d'intensité dans la composition des riffs ou leur répétition comme dans le volume sonore. La musique des suédois enveloppe et semble avoir une puissance gravitationnelle sur son audience. Lorsqu'elle nous happe et qu'on s'y abandonne, elle nous élève, se fait planante puis tout à coup plombée, des rythmiques d'une lourdeur implacable nous écrasent alors au sol.
Au cœur du concert, alors que les musiciens quittent la scène à l'exception du clavier, l'intermède electro d'Eternal Kingdom emplit la salle et renouvelle les sonorités sous une épaisse lumière verte.
Les lumières, appuyées d 'un jeu de fumées, sont au diapason de la musique. Très maitrisées, elles ont une véritable dimension scénographique et participent à l'intensité du spectacle. Jouant sur des plages de couleurs, sur l'intensité, la fréquence, elles enrichissent la prestation. Uniquement projetées par l'arrière elles découpent les ombres des musiciens à contre jour, gênant leur identification et leur personnalisation et intensifiant la cohésion du groupe en en faisant une entité composée d'éléments et non d'individus dissociés.
Le magnifique « Finland », avec ses deux accords de clavier, vibrants, minimalistes, mais planants me transportent. J'essaye de trouver une faille dans le dense public qui m'entoure pour y jeter violemment ma nuque pendant les parties lourdes.
Les douze minutes de « Ghost Trail » clôturent magnifiquement le concert. La première montée en puissance aboutit sur un riff lancinant porté par un violent stroboscope. Soudain, les yeux de la chouette, symbole principal et central du visuel du fond de scène s'illuminent de rouge. Ils sont bientôt les seuls points de lumière d'une scène plongée dans le noir. Prélude de la deuxième partie du morceau qui après une douce introduction d'arpèges cristallins aboutit sur une rythmique abrupte, minimale et brutale, coiffée d'une ligne de cri primal hurlée en boucle. Le rythme s'accélère pour devenir frénétique. Le stroboscope découpe les cinq silhouettes du devant de scène qui après une heure et demie de headbanging sont imperturbablement stoïques. Alors qu'il s'était ouvert sur des notes très douces, ce fabuleux voyage s'achève sur un intense chaos sonore.
Les musiciens quittent la scène, après un timide « thank you ».
Peu loquaces, mais on ne peut reprocher l'absence de mots face à l'intensité de la communication musicale du groupe qui sait transmettre comme peu d'autres un immense panel d'émotions.
Pour moi un des meilleurs concerts depuis longtemps, cohérent de bout en bout, professionnel jusqu'au bout des ongles, riche, intense, qui, s'il devait subir une seule critique, ne serait pas à destination des musiciens ni de l'équipe technique mais d'un public qui, s'il semblait parfaitement conquis et réceptif, n'en demeurait pas moins désespérément immobile devant une musique qui prend pourtant une dimension encore supplémentaire lorsqu'on s'adonne à un lent et puissant headbang, frappant le temps de tout le torse.
Ajouté : Mardi 31 Mars 2009 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Cult Of Luna website Hits: 21519
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