LA THEORIE DES OMBRES (2013)
Auteur : Aden V. Alastair
Langue : Français
Parution : Février 2013
Maison d'édition Française : Editions Ex Aequo
Nombre de pages : 299
Genre : Thriller
Dimension :
ISBN-13 : 9782359623987
Qui se cache derrière ce roman La Théorie Des Ombres ? Aden V. Alastair : Docteur en neurosciences, 38 ans, qui travaille dans la recherche biomédicale. Il se passionne pour l’histoire, la littérature, la poésie et la musique (ses lignes aux sombres sonorités résonnent à l’unisson avec les riffs métalliques). Ses œuvres présentent un mélange culturel éclectique où se rencontrent des influences aussi diverses que le romantisme et le symbolisme, la philosophie platonicienne, la poésie médiévale, le nouveau roman et le cinéma d’aventures. Aden Alastair réside en Angleterre et fait partie de plusieurs associations internationales consacrées à la défense des droits de l’Homme et au développement durable.
En un mot, à la lecture du CV, quelqu’un de très fréquentable et qui gagne à être connu.
La genèse du thriller : les braises de la terreur, du prédicateur au führer. <br<
Rome, 1600. Le philosophe et poète Giordano Bruno est condamné pour hérésie par l’inquisition et brûlé vif.
Boston, de nos jours. Un objet qui aurait appartenu à des alchimistes célèbres tels que John Dee et Isaac Newton est dérobé au musée de Boston. Les cambrioleurs portent un tatouage représentant l’emblème d’Ahnenerbe, organisation consacrée à la recherche archéologique et anthropologique fondée par Himmler. Memphis Thorndahl, agent spécial du FBI, mène l’enquête….C’est ainsi que la quatrième de couverture vous met en appétit.
Aden V. Alastair, par son thriller, et tel un amiral, vous entraîne dans un vaisseau porté par les mots, affrontant la tempête des maux d’hier et d’aujourd’hui, pour une épopée intemporelle de l’Inquisition à la période noire du nazisme. Les premiers embruns sont empreints du parfum des fleurs du mal nous aspirant dans une spirale à la recherche du Graal.
Par le prologue, nous sommes happés par le poète et philosophe Bruno Giordano qui, dos à la croix, se tourne vers la musique des sphères à l’image du rituel du circle pit des concerts Metal d’aujourd’hui, avec une mention particulière pour celui de DEVILDRIVER au Download en 2007. Les codes se mettent en place.
Aden V. Alastair sait traduire avec beaucoup d’émotions et de justesse la solitude du soldat, du combattant, l’ultime confrontation avec soi-même, que celui-ci soit en Afghanistan, au Mali, …, dans son sang, déjà dans l’oubli, aux derniers moments de sa vie quêtant le sens de tout cela, et révélant dans un dernier souffle, sa vérité, celle du cœur. La vie est un combat permanent, le premier chapitre du thriller est la métaphore de l’existence de chacun, et l’ultime instant révèle l’essence même de ces décennies de survie, la quintessence de nos actes, de nos confidences.
On croise Sandra à la sortie d’une boutique à l’ombre des murailles de la citadelle de Carcassonne, comme on y croisera Gary, ex-pilote de l’armée britannique, venu soigner son stress post-traumatique. Les pierres érodées par le temps et les batailles renvoient l’écho des riffs entêtants des festivals des deux cités avec ALICE COOPER, MARILYN MANSON, MOTORHEAD en pleine période estivale.
L’alchimiste, au chapitre 5, avec ses feux-follets, ses volutes de fumées est la réminiscence même de la pop psychédélique servie par Ken Kesey, les troubadours hallucinés de GRATEFUL DEAD, et les ménestrels, au féminin, au cycle menstruel arc en ciel.
L’auteur donne beaucoup de lui dans ses différents personnages, un vrai donneur d’organes, on identifie par-ci, par-là, des passions communes, des bribes de parcours personnels et professionnels,… sous les traits de l’agent du FBI Menphis Thorndahl avec le même spectre d’un grand-père mort au front, luttant au prix de sa vie contre les forces du mal, et voulant nous en préserver pour toujours.
Dans le « S » de Jan S. Derek, (S pour Sieg, Victoire en allemand), le leader de l’OSA, Ordre du Sang Aryen, je retrouve, comme dans le reflet d’un miroir, le « V » de l’auteur Aden V. Alastair.
Par un même vocable, celui du mot Victoire, dans deux langues opposées, dans le conflit qui nous intéresse, il faut y voir le ying, le yang, la vie, la mort, le bien, le mal, la lumière, les ténébres et pour demain urbi et orbi, avec, pour chacun, le droit à la liberté de pensée, refus de la pensée unique, la liberté de conscience et de religion, engagement universel, toujours bafoué, pourtant gravé dans la déclaration des droits de l’Homme.
L’auteur, Aden V. Alastair avance masqué, pour mieux arracher celui de ses personnages, car sous un masque de courtoisie peut se cachait un être cruel. Carnaval vénitien. Ce visuel me fait penser à celui de la pochette de l’album éponyme de SYMPHONY X, ainsi qu’à l’artwork de leur album The New Mythology Suite.
Au fil des pages, je me remémore la chronique de l’album Echoes Of Perversion de WHISPERING TALES, illustration musicale de l’e-book, entre 17éme siècle et les agissements d’un commando nazi, à la recherche des anneaux de vie. J’y retrouvais l’ombre de Joseph Fourier, mathématicien et égyptologue du 18éme. L’EP qui a suivi baigne dans le même univers, celui de la lutte contre l’hérésie en pays cathare, la bulle Vergentis in Senium, un volet traitant de la Limpieza de Sangre, pureté de sang, pour terminer par Sidereus Nuncius avec la confrontation des concepts de Galilée et Aristote. Thriller et Musique pour un plaisir partagé, générateur et stimulateur de connaissances et de plaisirs.
Un thriller sur l’Inquisition exige du lecteur un regard inquisiteur. Le correcteur de l’épreuve avant l’impression du livre aurait, dans un autre temps, fini sur le bûcher. Une coquille dans le texte, telle une escarbille nous a brulé les pupilles : « …c’était ma tente, la sœur de ma mère,… ». Quelques coquilles aussi d’articles partitifs ramassées sur le rivage au fil des pages.
Au détour d’un chapitre, il est question d’intolérance en musique. Dans une sombre ruelle de Los Angeles, un saxophoniste, battu à mort par des skinheads appartenant à un groupe de suprémacistes blancs. Son crime ? Avoir composé un morceau dédié à Martin Luther King. Intolérance dont a été aussi victime Serge Gainsbourg, passé à tabac par un groupe de parachutistes de la Légion pour sa version reggae de la Marseillaise.
On apprend que le personnage de Sandra, après une formation classique, est chanteuse d’un groupe Rock Metal : Consolamentum Haeretici, qui refuse les étiquettes, et qui s’inscrit dans l’anticonformisme non dénué de poésie. On s’approprie les propos tenus par le personnage, on s’identifie à ce mode de pensées, et aux valeurs véhiculées.
Un passage traitant de la lecture de pensée, et de la correction comportementale fait référence à Stanley Kubrick, à son film Orange Mécanique. Ces références participent à l’univers d’Aden V. Alastair. Certaines citations font également réagir le lecteur, à l’exemple de celle attribuée à Mandeville : « Les vices privés font le bien public », nous renvoyant à la luxure de D.S.K.
L’auteur en évoquant Dante fait résonner en moi la puissance du titre « Dante’s Inferno » extrait du Alive In Athens d’ICED EARTH. Toujours l’osmose Musique, Littérature, chère à Aden.
Mon propos n’est pas de dévoiler l’intrigue, et cette chronique ne prétend pas non plus faire office de rapport d’autopsie. Le nombre de chapitres, le séquencement, rythment bien l’histoire, fort bien documentée d’ailleurs, et savent entretenir le suspens.
Après la lecture de l’épilogue, reste une question qui me trotte dans la tête : « Aden V. Alastair chausse-t-il du 46 comme Gary ? ».
Comprendra qui lira… La Théorie des Ombres.
Ajouté : Mercredi 28 Août 2013 Chroniqueur : Le Patriarche Score : Lien en relation: Editions Ex Aequo Website Hits: 45918
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