L’un est Américain, l’autre Allemand. Le premier est guitariste pour Iced Earth, le second est le chanteur de Blind Guardian. Jon Schaffer et Hansi Kürsch sont amis depuis près de 15 ans et ils n’ont pu résister au plaisir de travailler ensemble. Et c’est avec bonheur que la critique comme les amateurs de Metal ont accueilli le premier album de Demons and Wizards en 2000. Cinq ans après, nos deux compères remettent ça avec Touched by the Crimson King. Notre démon préféré s’occupe toujours de la composition des morceaux tandis qu’Hansi le Magicien écrit arrangements et textes. On retrouve également à la guitare Jim Morris, producteur et propriétaire des studios Morrisound. Le groupe est cette fois complété par des spécialistes du Metal, j’ai nommé le bien connu Bobby Jarzombec aux fûts et Robin Drake à la basse.
Si leur premier album était un peu la combinaison de leurs deux groupes, Touched by the Crimson King se démarque cette fois plus nettement de l’influence d’Iced Earth et Blind Guardian, pour mieux révéler l’art de Jon et Hansi. Ce dernier notamment a une formidable capacité à adapter sa voix aux mélodies. Clair et varié, très accessible malgré une certaine complexité des compositions et assez homogène, cet album ne comporte aucun titre faible. Les changements de rythme, de mélodie au sein de chaque morceau sont très réussis. Les détails sont soignés, les arrangements minutieux. Certains refrains sont si accrocheurs que vous aurez du mal à vous les ôter de la tête (je pense notamment à « Seize the Day »). On pourra cependant reprocher à certains titres d’être un peu répétitifs et lassants…
Mais c’est surtout par trois bijoux que brille cet album. « Crimson King » tout d’abord, une intro époustouflante, un démarrage hyper-puissant. Les chœurs sont grandioses, la guitare simplissime et la magnifique voix d’Hansi vous fait courir des frissons dans le dos. Contrastée et expressive, douce dans le passage lent sur fond de guitare acoustique pour reprendre toute son ampleur, son énergie et sa puissance l’instant suivant, elle est parfaitement maîtrisée. Un titre d’une efficacité redoutable. Les deux autres perles arrivent à la fin de l’album. « Dorian », morceau particulièrement efficace et grandiose. Le jeu de guitare est simplement brillant ; les chœurs vous emportent. On appréciera notamment la portée émotionnelle du passage central où le très lent phrasé d’Hansi est souligné par de courtes explosions instrumentales, égrainant les notes l’une après l’autre. Je terminerai par « The Immigrant Song », une reprise de Led Zepplin qui colle bien au style du groupe. A tel point que ceux qui ne connaissent pas l’original auront du mal à imaginer qu’il ne s’agit pas de l’une de leurs compositions. C’est un titre court, étrange et envoûtant. Soutenu par un riff de guitare hypnotique et rageur, à l’image du chant, ses longues phrases vocales et les sortes de vocalises qui l’accompagnent le rendent inquiétant.
On retrouvera les grandes forces de ces titres sur les autres compositions mais à un moindre degré. Le digipack inclura en outre deux titres inédits, un edit de « Beneath the Wave » et une version lente de « Wicked Witch » que j’attends avec impatience (cf. anecdote dans l’interview d’Hansi Kürsch). Une vraie réussite !