Il n’y a pas que les étrangers qui s’y connaissent en Metal…
Cet ouvrage, peu connu et peu distribué – vous ne le trouverez pas dans les librairies à chaîne – est le Sound of the Beast français. C’est une histoire et une histoire sociale du Metal. M. Hein restera, malheureusement, un illustre méconnu alors qu’il en connaît beaucoup sur le sujet Metal et qu’il a écrit son histoire des genres et des gens bien avant tous les autres (en 2003). Faisant des études en sociologie, il a eu l’idée d’étudier l’histoire, la population, la tendance et la tendance Metal, le tout avec un style très clair, facile à lire et dans un livre qui frôle l’exhaustivité. Il n’y a rien à dire. Tout est passé en revue. Faisons-lui donc un hommage.
Tout d’abord, une anecdote : ce livre, j’en ai connu l’existence lors d’une conférence sur le Metal donnée par Fabien Hein lui-même à Clermont-Ferrand, l’année de la parution !! Vingt amateurs ont assisté à cet exposé qui expliquait les clichés Metal (l’attrait pour MANSON par exemple) et qui allait jusqu’à poser la question des limites du style Metal (en parlant et en faisant écouter SUN O)) et KHANATE). Projet ambitieux, qui, comme l’ouvrage, a manqué de popularité.
Passons maintenant à la critique. Le deuxième chapitre comporte une histoire des styles : une quarantaine de courants de Metal y sont recensés et expliqués, de leur origine à leur fin. Pas d’erreur, une recherche documentaire précise et complète : ce travail de reconstitution historique est une perle. Chaque courant est évoqué de façon agréable et pertinente et l’exposé se clôt sur une brève discographie qui liste les chansons "cultes" du style évoqué. L’auteur fait même une rubrique « inclassables » dans laquelle on retrouve, pour ne citer qu’un exemple NEUROSIS ou encore MESHUGGAH, et évoque quand même le Metal féminin, si rarissime.
Un tableau philogénétique se trouve à la page 136-137 : il montre la naissance des styles et leurs filiations (philo vient de Grec aimer), leurs inimitiés ou réactions face à d’autres courants, leur renouvellement… Ce n’est pas du tout les gribouillis de Millanvoye dans Les 69 Tribus du Rock : encore une fois, clarté et précision sont là.
Ensuite, ce qui est intéressant, c’est, je trouve, les descriptions sur le matériel utilisé par les musiciens (marques des instruments, amplis)…. Tout ce que vous retrouvez dans vos magazines de praticiens musicaux est ici recensé.
Vient alors une description de ce qui a enrichi et ce qui nourrit le Metal dans ses représentations et dans l’imaginaire : les films, la science fiction, l’héroïco-fantasy, l’occultisme, etc. Vous aurez des références précises sur toutes les thématiques qui sont « l’objet d’une exploitation conséquente par le monde du Metal » (page 152) c'est-à-dire tout ce que l’on trouve dans les paroles, les symboliques de ce que l’on écoute. Ca ne vous est jamais arrivé de vous dire : mais à quoi ça fait référence ça, déjà ? Hé bien là vous aurez la réponse.
Ce qui me plaît énormément, c’est aussi le contenu des chapitres quatre et six : on parle de nous, et on est sujet de questionnement. Commençons par le sixième : c’est une sorte de recensement des amateurs de Metal : combien sont-ils ? Travaillent-ils ? Quel âge ont-ils ? Qu’aiment-ils ? Jouent-ils d’un instrument et de quoi ? Etc. Par des tableaux et des camemberts relevant d’une étude sociologique, on peut savoir tout sur ceux qui aiment le Metal.
Le quatrième chapitre déborde le côté listing et sa démarche est très intéressante : il tente de montrer que nous sommes comme les autres, en répondant par la négative à tous les clichés sur nous. Ainsi F. Hein dénigre et condamne tout ce qui nous noircit dans la société (le Metal comme menace sociale, le côté machiste, violent, suicidaire, satanique ou encore raciste du Metal et que les médias exploitent à tord et à travers).
Il y a encore beaucoup d’autres informations dans les autres chapitres mais je vais m’arrêter là et conclure.
Cet ouvrage est donc un livre de passionné pour les passionnés. Cette recherche a nécessité de nombreuses années de travail et la lire est vraiment très enrichissant. J’espère, que dans quelques années, il y aura une remise à jour puisque les données datent de 2003. Mais ce n’est pas un livre dépassé : il nous parle, nous décrit nous revendique et nous explique en tant que « métalleux ». C’est une recherche remarquable sur le Metal, qui de plus est, a été faite par un français.

Sommaire :
1.Sources documentaires
2.Perspectives historiques
3.Influences artistiques et culturelles
4.Représentations sociales
5.Le monde Metal en France
6.Les amateurs de Metal
Conclusion