PYOGENESIS (de) - Flo V. Schwarz (Mars-2017)
Si PYOGENESIS est encore relativement inconnu en France, le gang de Stuttgart vient pourtant de fêter les 25 ans pour la sortie de son premier méfait Ignis Creatio. Le groupe fut, à ses débuts, à l'origine de ce qui deviendra par la suite le Metal gothique, de quoi laisser pantois au regard de ses dernières productions. Un véritable précurseur oublié qui, pour une fois, sera accueilli par la France. En effet, c'est sur un label français (Osmose Productions) que les deux premières galettes des teutons sortiront et leur permettrons de marquer à tout jamais les esprits. A cette époque, les lascars pratiquaient un Death mélodique qui évoluera au fil des années pour aboutir à un Heavy Prog toujours teinté de nappes de Death par moment. Un mix intéressant qui va leur permettre de revenir sur le devant de la scène après une absence prolongée des circuits. Si PYOGENESIS remporta au niveau mondial un certain succès, la carrière des teutons a été plutôt chaotique même si son leader incontesté Flo V. Schwarz n'a jamais vraiment abandonné le navire essayant de maintenir le cap quoi qu'il arrive. Après 10 ans d'activité ininterrompue et une flopée d'albums, le combo se sépare et disparait pendant treize longues années. A cette époque Flo V. Schwarz créa son propre label (Hamburg Records) qui ne cessera de se développer au fil des années et sera un succès tant artistique que financier. Cette réussite lui au final permis de relancer PYOGENESIS dans un esprit plus serein et libérer de toute contraintes budgétaires. L'idée étant de composer pour se faire plaisir avant tout. C'est véritablement en 2014 que l'envie de revenir sur le devant de la scène se fit vraiment sentir. Il s'en suivit une signature rapide chez AFM Records et un nouvel opus (A Century In The Curse Of Time) qui sera le premier volet d'une trilogie traitant des apports du XIX siècle dans notre monde actuel. Une véritable fascination pour la révolution industrielle et technologique de cette époque totalement assumée par PYOGENESIS. Deux ans après, la formation est de retour avec la seconde partie de ce concept historique (A Kingdom To Disappear) ou Flo V. Schwarz continue de développer et nous fait partager sa fascination pour ce siècle à travers des titres plus ou moins long toujours épiques ayant souvent un lien avec la réalité historique. Metal Impact s'est mis en quête pour en savoir un peu plus sur ce personnage envouté par un siècle révolu. Entretien avec un artiste sympathique, passionné d'histoire et bien décidé à imposer PYOGENESIS comme une valeur sûre du Metal. Magnéto Flo, c'est à toi !
Line-up : Flo V. Schwarz (chant, guitar et claviers), Gizz Butt (guitare), Malte Brauer (basse), Jan Räthje (batterie)
Discographie : Ignis Creatio / aka Pyogenesis (1992), Sweet X-Rated Nothings (1994), Twinaleblood (1995), Unpop (1997), Moni… Or Will It Ever Be The Way It Used to Be (1998), She Makes Me Wish I Had A Gun (2002), A Century In The Curse Of Time (2015), A Kingdom To Disappear (2017)
Metal-Impact. Bonjour Flo, comment se déroule cette journée de promotion ?
Flo V. Schwarz. J'ai dû me lever à quatre heures du matin pour pouvoir prendre l'avion. Ensuite, je suis arrivé à Paris et je n'ai cessé de donner des interviews. C'est une très longue journée mais cela me fait plaisir que les gens s'intéressent au groupe et aient envie de parler de notre nouvel album.
MI. Tu es actuellement au milieu d'une grande tournée européenne comment ce sont déroulées ces premières dates ?
Flo. Oui, nous sommes en plein milieu de la tournée. On a un break de deux jours et on en a profité pour assurer la promotion du nouvel opus. Jeudi matin je pars en Suisse pour donner un nouveau concert. Ensuite, nous irons en Italie et en Autriche. Les nouveaux titres sont bien accueillis, tout va bien.
MI. Pour fêter les 25 ans de la sortie de votre premier opus Ignis Creatio, vous allez le jouer en intégralité. Quel est ton sentiment concernant cette évènement ?
Flo. On a choisi de prendre IGNIS CREATIO comme nom pour ouvrir le concert de PYOGENESIS. On joue puis le combo qui assure la première parie fait son set et ensuite nous remontons sur scène en tant que PYOGENESIS et nous assurons un concert normal. Au total nous allons donner deux concerts dans la même soirée, ce qui est toujours un challenge sympa. Lors de cette tournée nous l'avons fait trois fois et on a été surpris car des fans venant du monde entier sont venus voir le show. On a croisé des russes, d'autres sont venu de Mexico, du Canada, d'Italie etc. C'est incroyable de voir des gens venir de si loin et voyager pendant si longtemps pour venir nous voir en concert.
MI. Vous avez fait une pause pendant plus de dix ans, as-tu été surpris de ne pas avoir été oublié ?
Flo. Oui. C'est très existant de voir des gens venir de si loin pour assister à l'un de nos show. Cela m'a beaucoup touché.
MI. Comment s'est déroulé le processus de composition de A Kingdom To Disappear ?
Flo. La musique est un hobby pour moi. Je dispose chez moi d'un studio, ce qui me permet de composer et d'enregistrer en toute quiétude. Pour cet opus, cela m'a pris un an et demi. J'ai utilisé des titres que j'avais composés depuis pas mal de temps et que je retravaillais régulièrement. Je n'étais pas satisfait du résultat et je ne voulais pas les enregistrer tels quels. Pour moi le choix des titres est très important, il faut qu'il y ait une suite logique et qu'ils soient tous cohérent. Il doit y avoir un lien, j'ai composé une quinzaine de nouveaux morceaux et il fallait qu'il n'y ait pas une disparité trop importante entre eux. Ensuite, l'ordre dans lequel ils sont présentés est aussi fondamental. Parfois, je peux écarter un très bon titre parce qu'il ne colle pas avec le reste de l'opus. Dans ce cas je le mets de côté et je me dis que je pourrais l'utiliser pour le prochain album. Je vois tout ça un peu comme un film, il faut qu'il y ait un début, un milieu et une fin. Ce doit être une sorte de dramaturgie, une montée en puissance musicale. J'ai beaucoup de chansons qui n'ont pas été utilisées mais rien ne dis qu'elles figureront sur le prochain disque.
MI. Comment est née cette idée de concept sur le XIX ème siècle que tu as choisi de décliner sur trois albums ?
Flo. Pour moi ce siècle est l'un des plus intéressant, il est à bien des abords très excitant. Il a eu un impact très important sur le monde et sa civilisation. Notre société actuelle a connu des énormes changements ces 20 dernières années mais moins fondamentale que ne l'a été la révolution industrielle au XIX ème siècle. On a découvert la technologie, de nouvelles machines à vapeur, le train, l'électricité, etc. Aujourd'hui, on a l'impression de tout connaitre et tout nous parait très clair que ce soit au niveau des nouvelles découvertes et d'internet. Le but est d'aller toujours plus vite, le seul objectif est d'améliorer les capacités de rapidité et d'efficacités. Mais au XIX eme siècle lorsque la révolution industrielle est arrivée avec toutes ces nouvelles machines tout était différent car il n'y avait pas de catégorie, tout était nouveaux. Ces machines ne fonctionnaient plus grâce à la main de l'homme mais était autonome au nouveau de la propulsion. Deux personnes pouvaient les gérer. Chaque invention était incroyable. Lors des siècles qui ont suivis, il n'y a pas eu de trouvaille aussi fondamentale. Lorsque le train à vapeur est arrivé, les gens qui le prenaient pensaient que cela pouvait les rendre malade car pour eux le corps humains ne pouvait pas voyager à de si grandes vitesses. Ces inventions ont permis aux allemands d'envahir la France et toute l'Europe grâce aux trains. Les soldats pouvaient voyager très rapidement d'un point à l'autre. Ce n'est pas dû au fait que les troupes allemandes étaient mieux équipées mais simplement grâce à cette invention qui date du XIX ème siècle.
MI. Ne penses-tu pas que l'arrivée d'internet, des ordinateurs et téléphones portables représente là aussi une révolution technologique fondamentale ?
Flo. Oui, c'est une forme de révolution. Mais c'est une progression naturelle qui devait avoir lieu. Pour moi tout est parti du XIX eme car c'est à ce moment-là que l'homme a perdu son indépendance. Lorsque les machines sont arrivées, l'homme ne contrôlait plus tout totalement car c'était devenu mécanique. Le reste n'est qu'une évolution logique.
MI. A t'entendre, on a l'impression que tu aurais aimé vivre à cette époque ?
Flo. Non ! [Rires] ... J'aime trop le XX et le XXI ème siècle. Le chancelier Helmut Khôl, qui était l'ami de Francois Mitterrand, a fait une déclaration très importante lors de la réunification de l'Allemagne : « Vous devez être conscient du passé pour comprendre le présent et appréhender le futur ». Pour moi tout est clair, cela signifie que nous devons connaitre d'où nous venons et ce que nous étions pour comprendre le futur. Si tu ne connais pas le passé, tu ne comprendras pas le présent lorsque tu es engagé dans un conflit. Je ne veux pas trop m'engager politiquement mais il suffit de s'intéresser au conflit entre Israël et la Palestine pour saisir toute l'importance du passé qui te permet d'analyser et peut être de trouver des solutions. Je ne parle pas de la création de l'Etat d'Israël lorsque je parle du passé mais de l'histoire antique 2000 ans auparavant, cela te permet de comprendre comment tout a commencé. Si tu ne maitrise pas cela tu ne peux pas comprendre cette guerre.
MI. Vous avez débuté à une époque où on enregistrait en studio de manière classique, que penses-tu de l'arrivée de toutes les nouvelles technologies d'enregistrement ?
Flo. C'est très bien car cela donne une chance à tout artiste de pouvoir enregistrer, créer et exister sans grands moyens financiers. Au final, il faut se demander si ce que tu enregistres est intéressant en terme de qualité. Il y a de nos jours beaucoup de formations sans grande originalité qui se copie les uns les autres. En fait, le plus important en musique c'est de savoir si les gens apprécient ou pas tes compositions. C'est le plaisir qui s'en dégage qui est primordial et non pas la manière dont les titres sont conçus. Par exemple, je ne comprends pas du tout la musique électronique mais in certain public l'apprécie et c'est ce qui compte au final.
MI. "Everlasting Pain" est un titre épique qui dure plus de treize minutes, comment s'est déroulé le processus d'écriture d'une telle pièce ?
Flo. C'est un morceau qui traite d'un sujet historique. Il s'intéresse à l'Empereur Français Napoléon III et le frère de l'Empereur d'Autriche l'archiduc Maximilien qui est devenu l'Empereur du Mexique à la demande de Napoléon III. Il est devenu Don Maximilian lorsqu'il est parti au Mexique. Il est arrivé avec sa femme Charlotte qui était la fille du roi Léopold Premier de Belgique et de Louise d'Orléans qui était elle-même la fille de Louis Philippe. C'est une histoire d'amour qui va mal terminer car Maximilien va être fait prisonnier au bout de deux ans passé au Mexique et sa femme Charlotte va s'enfuir pour revenir en Europe et demander de l'aide. Malheureusement, personne ne va répondre à sa requête et finalement son mari sera exécuté. C'est un drame lié à la trahison. La douleur et la peine vont rendre Charlotte folle. Il faut revenir à l'origine, Napoléon a demandé au peuple s'il voulait que Maximilien s'installe au Mexique ou pas. Mais la population n'était pas d'accord car elle n'appréciait pas d'avoir un empereur européen. Il a été combattu tout au long de son règne qui a duré deux ans pour finir par être capturé et tué. C'est ce que j'ai voulu exprimer à travers ce titre : la souffrance de cette femme et cette histoire dramatique. Tu pars vers un pays plein d'espoir parce que tu crois que tout le monde est heureux de te voir arriver et au final personne ne veut de toi. Cette femme perd son mari et toute sa vie. J'avais envie de parler de cette période. Le côté "baladesque" de la chanson suit musicalement la narration historique. C'est une situation très triste avec d'innombrables souffrances. Le titre évolue au fil des minutes pour évoquer une certaine tension et la colère. Cela débute lentement puis au milieu il y a un pont acoustique qui correspond au moment où cette épouse va chercher de l'aide. Mais elle ne trouve aucun soutient et cela nous amène au chorus final.
MI. Quel est le thème de votre nouveau single : "I Have Seen My Soul" ?
Flo. C'est un titre qui a été inspiré par une nouvelle d'Oscar Wilde : Le portrait de Dorian Grey. On comprend à travers ce morceau qu'il y avait un côté très sombre qui l'habitait. Il ne peut rien y changer même si il n'a pas envie d'être comme cela car c'est impossible de lutter contre ce qui peut t'envahir.
MI. Pour conclure, comment te sens-tu quelques semaines avant la sortie de A Kingdom To Disappear ?
Flo. J'ai un bon pressentiment pour cet opus. Les médias ont l'air de bien l'apprécier, les magazines aussi. Metal Hammer l'a propulsé numéro 3 dans son classement. Il y a pas mal d'indices qui me prouve que A Kingdom To Disappear est bien accepté. Les fans aussi semblent l'estimer. Je ne peux pas me sentir plus heureux à ce jour.
Ajouté : Vendredi 28 Juillet 2017 Intervieweur : The Veteran Outlaw Lien en relation: Pyogenesis Website Hits: 25636
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