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HEXECUTOR (FRA) - Joey Demönömaniac, Putrid Vön Rötten et S.Chainsaw-Maestör (Sept-2016)


Originaire de Rennes et fondé en 2011, HEXECUTOR est un quatuor de Thrash qui n'a pas choisi le chemin évident de la repompe intégrale de tout ou partie du répertoire des Big Four et s'est plutôt aventuré, par des chemins de traverses, dans de sombres et brumeuses contrées. Comme l'attestent leur logo à base de gibets et de potences, leurs artwork démoniaques, leurs noms de scène cradingues et la voix éraillée et douloureuse de leur frontman, HEXECUTOR a fait de la violence son fonds de commerce. Ce jeune groupe a été invité à ouvrir les hostilités de la troisième édition du Fall Of Summer. Présents à l'événement, Metal-Impact a saisi l'occasion pour rencontrer le gang. Interview découverte avec trois des quatre HEXECUTOR, le chanteur Jey Deflagratör ayant préféré assister au set d'ADX, laissant ses comparses Joey, Putrid et S.Chainsaw répondre au feu roulant de nos questions.

Line-up
: Jey Deflagratör (chant et guitare), Joey Demönömaniac (guitare), Putrid Vön Rötten (batterie), S.Chainsaw-Maestör (basse)

Discographie : First Hexecution (Demo, 2012), Hangmen Of Roazhon (EP, 2014), Pictavian Hexecution (split w. MANZER, 2016)



Metal-Impact. Vous avez eu une petite galère de batteur au démarrage aujourd'hui ?
Putrid Vön Rötten. J'ai juste eu du mal par rapport à l'orga à l'arrivée, c'est un peu "viens ici, décharge ici, range ton matos"… Ce n'était pas grand-chose. On a essayé d'assurer à peu près.

MI. Le retard de 30 minutes au démarrage du FoS ne vous est pas imputable ?
Putrid. Je ne sais pas, je ne pense pas. Je suis arrivé à 10h30, comme prévu.
Joey Demönömaniac. On va dire que c'est un peu des deux.
Putrid. Oui, de toute façon quand tu es le premier groupe à jouer dans un festoche, c'est toi qui dirige un petit peu les trucs et quand tu prends du retard, ils corrigent après, c'est comme ça dans tous les festoches, je pense.

MI. Justement, en tant que groupe d'ouverture sur cette troisième édition du Fall Of Summer, vous étiez dans quel état d'esprit ?
Joey Demönömaniac. Honnêtement, pour moi ça le fait carrément. La seule frayeur c'était qu'il n'y ait personne devant, mais au final ça s'est super bien passé et on a tout fait comme prévu. En plus, niveau pratique c'est parfait, parce que maintenant on va aller se bourrer la gueule [rires].
S.Chainsaw-Maestör. On va aller voir les groupes, on va se bourrer la gueule, voilà. JoeyJoey. C'est génial.

MI. Il y a des groupes que vous avez particulièrement envie de voir ?
Joey Demönömaniac. Particulièrement, y'en a un paquet...
S.Chainsaw. ADX, qui joue en ce moment même, "Caligula" en plus [ndlr : la pressroom n'étant pas très éloignée des scènes, on entend en fonds sonore les premières mesures de "Caligula"].
Joey. Oh putain, ouais c'est "Caligula", pile à ce moment-là, putain de morceau. Mais bon, tant pis, il y en aura d'autres [il se retourne pour consulter la setlist affichée derrière nous]. Ouais, il y a vraiment un paquet de groupes que j'ai un peu envie de voir. NIFELHEIM et RIOT en tête.

MI. Pourquoi ces deux-là, justement ?
Joey. NIFELHEIM, parce que c'est un groupe que, étrangement, je méconnais alors que ça correspond à une vague de groupes que j'apprécie beaucoup. Je me suis volontairement interdit d'en réécouter avant de venir parce que je veux me prendre une énorme branlée. Je veux sentir Satan. Et on m'a dit que ces mecs-là, quand ils jouent, ça ne rigole pas, c'est juste parfait, ça tue.
RIOT parce que c'est un groupe qui a sorti de albums fabuleux, et même si aujourd'hui il n'y a plus personne du line-up original, c'est un groupe impeccable et on est quasiment tous à fonds dessus dans HEXECUTOR.
S.Chainsaw. Pour ma part, il y a tellement de groupes que c'est impossible de citer lesquels me font le plus envie.
Joey. Ah, j'oubliais : GOBLIN aussi. Franchement, je ne me serais jamais attendu à voir GOBLIN au Fall Of Summer et ça c'est génial, c'est le petit bonbon.
S.Chainsaw. GRIM RIPPER, MANILLA ROAD, c'est absolument monstrueux. Même le tribute à MASSACRA, c'est peut-être juste un tribute mais entendre des morceaux de Enjoy The Violence c'est juste complètement fou. Revoir WHIPLASH aussi, ça peut être vraiment sympa...

MI. Qu'est-ce que ça vous fait de partager l'affiche avec ces groupes mythiques ?
Putrid. Forcément, ça fait un petit peu bizarre parce qu'on se revoit encore il y a quatre ou cinq ans à répéter dans une cave, du Thrash avec des copains. On avait déjà une optique de faire des concerts et de se mettre sérieusement dans le merdier mais on ne se serait pas vraiment imaginés il y a cinq ans partager l'affiche avec WHIPLASH qu'on reprenait déjà à l'époque. Ou NIEFELHEIM, c'est le truc qu'on écoutait chez nous dans notre salon et ce n'était pas des mecs qu'on pensait pouvoir croiser en backstage un jour. C'est intimidant mais il faut admettre qu'on a pas mal bossé et on s'est écorché la gueule corps et âme pour se foutre là-dedans. On y a laissé pas mal de temps, pas mal de cloques, pas mal de larmes, pas mal de sang, pas mal de cuites. On a tout lâché et maintenant nous voilà ici. On a fait notre petit parcours et cela ne nous semble pas forcément si illogique.
Joey. Je trouve ça génial parce que l'affiche est vachement select. Et on est le seul groupe véritablement underground en fait. Je pense que l'autre groupe qui entrerait dans la même catégorie que nous c'est DIE HARD et encore, ils ont déjà publié plusieurs albums. Nous on a un album qui est enregistré mais pas encore sorti. On est donc le seul groupe sans albums, à part le tribute à MASSACRA, mais MASSACRA a des albums [ndlr : et MEMORIAM]. Sinon on est le seul groupe sans album et on est le seul groupe véritablement underground de l'affiche et ça fait vraiment du bien.

MI. Comment vous définissez, underground ?
Joey. C'est une vaste question. J'ai une définition qui n'a rien à voir avec ce que je viens de te dire mais je dirais que l'underground, c'est quand t'as pas vraiment d'intermédiaires entre toi et ton public. L'underground ce n'est pas forcément une question d'échelle car il y a des groupes assez importants qui fonctionnaient encore de façon underground il y a peu de temps. Après, des définitions chacun a la sienne et je pense que ce n'est pas ça qui compte, mais pour moi c'est quand tu as un rapport direct. Quand tu n'as pas quelqu'un qui va te dire comment tu dois sonner.

MI. Est-ce que l'étiquette Thrash est celle qui colle le mieux à HEXECUTOR ?
Joey. Je dirais que c'est plus compliqué que ça. On dit qu'ont fait du Thrash par rapport au tempo de la rythmique mais on accueille des influences différentes. Mes plus grosses influences sont le Heavy et le Black. C'est plus la façon de faire qui est Thrash : la batterie frénétique, la guitare en palm mute, toujours à fonds de calle aller-retour. On a commencé comme pur groupe de Thrash sur notre démo, on a fait Thrash violent sur l'EP et sur l'album on a essayé de varier les influences. C'est pas histoire de tout mélanger, je n'aime pas les groupes qui font n'importe quoi en cherchant à mettre un bout de ci, un bout de ça, faire du collage, mettre un petit solo blues parce que c'est marrant...ce n'est pas marrant, ça fait rire personne et c'est de la merde. Sans en arriver là, on essaye de faire en sorte que ça soit tout en même temps et ce qui est bien avec le Thrash, c'est que comme tu es à la charnière entre le Metal extrême et le Heavy Metal, tu peux te permettre de caller les deux dedans. Et ça c'est presque un confort de jouer du Thrash. Je trouve que beaucoup de groupes de Thrash s'enferment dans une sorte de routine en faisant des riff à la METALLICA, à la TANKARD, à la SLAYER etc, moi ce que je pense c'est que ces groupes-là, à l'époque, ils s'en battaient les couilles de faire du Thrash. Ils faisaient un truc qui était nouveau, qui était frais et ils ont commencé comme tout le monde en faisant des reprises, du Heavy Metal de base mais au bout d'un moment ils ont fait leur truc à eux. Je ne dis pas qu'on va réinventer la sauce, ça serait archi-prétentieux et complètement faux. Je pense qu'aujourd'hui, c'est peut-être pas impossible mais ça serait vraiment très dur de réinventer le Metal. Surtout le Metal tel qu'il doit être fait. Pas du pipeau, pas des machins, pas de conneries. Mixer les influences, c'est le meilleur moyen de trouver sa personnalité. Les gens se perdent un peu plus dans les riffs mais quand tu veux vraiment chercher les références, tu te retrouves à un truc très large. C'est quelque chose qui n'était pas présent dans l'EP et le split mais qui sera vraiment audible sur l'album. C'est comme ça que je le ressens.

MI. Est-ce que votre Thrash s'exprime également à travers les thématiques que vous abordez dans vos compos ?
Joey. Le Thrash est un style qui a une palette très large. Le Black Metal c'est Satan, maintenant Satan tu peux le voir de différentes façon. Tu peux le voir de façon métaphorique, tu peux le voir en parabole. La Bible est tout en parabole, donc ça serait malin de voir le Black en parabole. Pourquoi pas. Je peux opter pour la version plus directe "on est Satan, on se bourre la gueule", qui marche très bien d'ailleurs. Le Thrash, t'as plusieurs possibilités. Nous on s'est quand même fixé des lignes directrices. On écrit sur des thèmes variés mais c'est toujours le même esprit. C'est plutôt sombre et violent. Sur l'album on parle pas mal de magie noire. On a trois chansons qui forment un triptyque relatif à l'affaire des poisons sous Louis XIV. Elles se passent à différents moments de l'enquête avec différents protagonistes. Les chansons parlent de sorcellerie, des intrigues de la Cour, il y a un peu d'histoire, un peu de saveur avec les histoires personnelles qu'on a essayé un poil de romancer sans trop abuser non plus, du macabre etc. On essaye de toujours voir le côté violence et le côté un peu maléfique car c'est ça qui nous inspire.

MI. J'ai été surpris de découvrir une chanson en français durant le set, qu'est-ce qui vous a donné envie de la composer ?
Joey. "La sorcière du marais" fait partie du triptyque sur l'affaire des poisons. La chanson parle d'une sorcière qui pratiquait des avortements et faisait des filtres d'amour pour les concubines du roi, pour reconquérir les faveurs de Louis XIV. Pour nous c'était important d'avoir une chanson en français. Pas plus parce qu'on a commencé en anglais et on n'a pas envie de tout casser d'un coup. Mais le français, c'est bien. Je trouve que c'est le meilleur texte de l'album. C'est celui où on peut plus raconter un peu parce qu'on n'est pas anglophone. Putrid, notre batteur parle très bien l'anglais mais c'est plutôt Jey et moi qui écrivons les paroles et ce n'est pas toujours évident. Les corrections pour avoir un anglais correct ne sont pas toujours justes car on calcul par rapport au phrasé ou à des mots clé qu'on a envie de caser, ça fait que des fois c'est un petit peu maladroit, on ne peut pas aller aussi loin qu'on voudrait. On a une chanson en français, je pense qu'à l'avenir on récidivera l'exercice tout en continuant à chanter en anglais à côté.

MI. Justement pour parler du chant, c'est dommage que votre chanteur ne soit pas là...
Joey. Il n'est pas là, il est devant ADX, je pense qu'il boit des bières.

MI. Comment avez-vous décidé que ça serait lui le chanteur ?
Joey. Cela s'est fait très naturellement. A la base on s'est rencontré tous les deux. On s'est vu à des soirées, on a joué de la guitare, on partageait la passion commune pour le Thrash assez violent comme DESTRUCTION et SLAYER et à côté on était aussi des gros fans de Hard FM, des trucs que beaucoup de gens dans le Metal extrême ne comprennent pas. Ils passent à côté parce qu'ils trouvent ça nul alors que c'était les meilleurs musiciens de la planète, ceux qui ne s'en rendent pas compte sont à côté de la plaque, mais ce n'est pas grave. Quand on a lancé le groupe, on se posait la question de savoir qui allait chanter et comme Jey était à l'aise, il le sentait bien. Il a commencé comme guitariste qui chante et il a fini vrai chanteur qui fait de la guitare. Le chant c'est souvent un truc un peu négligé dans le Metal, dans le Thrash notamment, et sans vouloir lui jeter des fleurs parce que c'est mon pote, je pense qu'il a un truc que les autres n'ont pas forcément. Ensuite, il joue très bien de la guitare en même temps qu'il chante, ce que moi je suis incapable de faire. Je pense qu'on s'est pas vraiment questionné sur le fait de mettre le batteur au chant, parce que ça c'était un truc qu'on n'avait pas forcément envie de faire, on voulait un frontman et très vite on a décidé que ça serait Jey au chant car c'est lui qui s'en sortait le mieux. Et ça le motivait en plus.

MI. Vous sortez votre premier album, tu peux en parler un peu ?
Joey. C'est un peu compliqué d'en parler. Je ne vais pas dire qu'il est bien parce qu'on s'en bat les couilles, les gens verront bien. C'est surtout le vrai reflet de ce qu'on joue. Sur la démo, on a joué du Thrash de base. On a mis les trucs qu'on aimait bien et on n'est pas allé plus loin. L'EP, déjà on avait un vrai son, une véritable approche et des compos qui tenaient un poil mieux la route, le but c'était de faire de la violence, mais toujours du Thrash. Il y a juste un seul morceau inédit sur le split. C'est un mid tempo et c'était plus un exercice de style. C'est un morceau qu'on aime bien et qu'on joue d'ailleurs sur scène mais c'est un exercice de style qu'on ne refera peut-être plus après. Et l'album, c'est un projet où on a essayé de mettre plus de chose. Il y a de la guitare acoustique, du clavier, c'est n'importe quoi.

MI. Vous vous cherchez ?
Joey. Non, ne pense que cette fois on a décidé qu'on ferait vraiment ce qu'on voulait. On continue à jouer du Thrash mais on ne se pose plus vraiment les questions de savoir si les choix de compo correspondent à ce que doit faire un groupe de Thrash. Je pense qu'on a également appris à composer. On travaille les structures, on fait en sorte que chaque morceau soit original, on cherche des riffs plus mélodieux avec une batterie toujours aussi speed, mais du coup je pense qu'on a trouvé la direction dans laquelle on voulait aller. C'est du HEXECUTOR mais c'est plus le même groupe. Sans vouloir paraître prétentieux, c'est un peu mature.

MI. Avez-vous fait l'album tous les quatre ou bien vous a-t-on aidé ?
Joey. On s'est pas mal démerdés tout seul mais nos collaborateurs sont des types qu'on connait bien et avec qui on n'est pas vraiment tendres mais il y a une vraie relation d'amitié. Par exemple la pochette de l'album a été faite par Jon Wiplash qui joue dans SKELETAL. On voulait que ça soit lui qui le fasse, mais pas dans son style habituel. On l'a fait bosser comme un taré, on lui a fait refaire la pochette en repartant de zéro plein de fois. On a vraiment exigé le meilleur mais on le fait parce que c'est un ami et qu'on se comprend mutuellement et il sait qu'on y tient. C'est pour ça qu'on bosse avec des potes aussi. On sait que c'est des mecs qui vont nous suivre jusqu'au bout. Même si on est un peu des tyrans des fois. C'est pareil pour le mixage de l'album. On l'a enregistré en février, il aurait dû sortir il y a longtemps mais on n'était pas satisfaits au niveau du son. On travaille avec Fog, du Caveau Studio. On lui a fait refaire tout depuis le début plein de fois parce qu'on est vraiment hyper tatillons. On n'est même pas toujours d'accord entre nous. Je pense qu'on pourrait à l'avenir laisser un peu plus aller la chose mais pour l'album on voulait tout contrôler et du coup tout a pris plus de temps. Il y avait heureusement Shaxul de Armée de la Mort/Legion of Death records qui nous apporte son soutien depuis l'EP. Qui nous apporte son soutien depuis le début parce qu'on a fait notre deuxième concert avec MANZER. C'est là qu'on s'est rencontré et qu'il nous a dit qu'il fallait bosser ensemble, sortir des trucs ensemble, c'est grâce à lui qu'on a fait le split avec MANZER [ndlr : Shaxul est le leader de MANZER]. Enfin, on doit aussi parler de Max, notre roadie, notre crew, notre samouraï, il nous suit en tournée, il nous suit partout, c'est le premier conseiller du groupe. On n'est donc pas vraiment tout seuls mais on est en famille.

MI. Quand vient le moment de la prod et du mixage, c'est difficile de prendre du recul par rapport à vos compos ?
Joey. C'est difficile. On voulait que ça sonne pile comme on l'entendait. On n'a pas le recul suffisant. Tu mets le doigt sur un truc super important, c'est un travail qu'on doit faire de notre côté : à l'avenir, laisser l'ingé son et le mec qui fait le master faire leur taf. On avait des idées. Il y a plusieurs façons de faire du Thrash. Tous les grands groupes de l'époque avaient leur son, leur personnalité. Tu prends SODOM, les débuts de CREATOR, les débuts de DESTRUCTION. Ils jouent grossièrement la même musique mais ils ont leur patte. Dans le riffing, même quand ils font des riffs qui se ressemblent, parce que ça arrive, tu sais avec le son et avec le feeling que c'est eux. T'écoute du SLAYER. Show no mercy, Hell Await, Raining Blood, South of Heaven, ce n'est pas des albums qui sonnent de la même façon et pourtant tu sens toujours cette patte. Tu sens qui c'est, tu sens d'où ça vient. On voulait un truc qui soit vraiment à nous. Moi je méprise les gros sons de Thrash moderne avec la batterie trop en avant, la grosse caisse synthétique, on met des casquettes et on parle de la société...nous on parle de Satan et on veut un son qui arrache les oreilles. Mais comme on a des plans qui sont assez techniques et même un peu délicats, il faut que ça reste audible et mélodieux. On ne voulait pas un album avec un son de merde, pour avoir un son de merde. C'est de la merde ça. On voulait un son qui soit crade, mais pas un son qui soit inaudible. Il y a des groupes qui le font, et ça passe bien, mais ça ne correspond pas à notre approche. Comme on a des influences Hard Rock et Heavy Metal, on voulait quand même un truc qui se tienne un peu niveau son. Tous les groupes jusqu'au milieu des années 90 avaient ce truc qui faisait que même quand c'était bien produit, tu avais de la texture, du groove, de la pêche, de la patate. Maintenant je trouve que dans beaucoup de prod actuelles, t'as l'impression que tous les instruments sont à pleine burne sur l'enceinte. On entend ça de plus en plus, y compris des gros groupes qui surfent un peu là-dessus car ils ont compris qu'un gros son ça roule, même sur des morceaux bateau. Ce que j'aimais bien dans les prod des années 80, ce n'est pas juste que c'est oldschool. Dans le fonds, oldschool pour faire oldschool on s'en branle. Ce que j'aime bien c'est que tu as un son qui est un peu spacialisé. Tu prends In Rock ou Machine Head de DEEP PURPLE, le mixage est absolument parfait. Tu vois l'arrivée du clavier, la voix bien à sa place, la guitare bien à sa place. T'as pas l'impression qu'un instrument soit en retrait mais t'as pas non plus l'impression qu'ils jouent en parallèle. T'as juste l'impression qu'ils sont tous là et qu'ils jouent autour de toi. Je ne dis pas que c'est ce qu'on a réussi à avoir sur l'album mais c'est ce qu'on visait comme idéal. L'autre truc que je visais comme idéal c'est les prod du genre Unchain the Wolves de DESTROYER 666. Les prod qui sont un peu dans la veine des débuts de DESTRUCTION avec un son qui arrache les oreilles mais que tu captes bien.

MI. C'est des choses auxquelles vous avez réfléchi avant d'enregistrer ou bien des idées qui vous sont venues au moment du mixage ?
Joey. On y avait pensé avant. Parce qu'on avait les boules justement de sonner n'importe comment. De ressembler à ces prod modernes Thrash de base que je déteste parce qu'elles manquent de subtilités.
Putrid. C'est clair qu'il y a certains sons qui nous caractérisent plus. On a tous des influences un peu différentes. J'ai écouté plus de Black Metal scandinave avant de me mettre au Thrash. J'ai commencé à dériver sur le Heavy et le Hard, mais c'est moins mon crédo. J'ai écouté huit ans de Punk avant ça. Vu qu'on n'a pas les mêmes points de vue, on veut tous aller dans différentes directions, mais on se retrouve. On a tous des exigences très pointilleuses et on a un peu l'impression de temps en temps de vouloir tirer la couverture à soi mais au final on bataille tellement qu'on arrive à quelque chose qui sonne comme pas grand-chose d'autre. Cela fait plaisir à tout le monde d'arriver à un point de convergence qui représente l'identité du groupe.
Joey. Ce qui fait le point fort de l'album, c'est que tu sens qu'il y a de la bagarre dedans. Quand je l'écoute, je sais qu'il y a de la bagarre.

MI. Les compos de l'album, c'est des morceaux que vous avez lissé sur scène ou des créations inédites jamais jouées en live ?
Joey. C'est très variable. L'album, c'est simple, on bosse dessus depuis quatre ans. Il y a un riff que j'avais composé au lycée bien avant HEXECUTOR. C'est moitié-moitié, donc, il y a des compos qu'on joue depuis longtemps en live, il y a d'autres morceaux qu'on a commencé à jouer en live tardivement et il y a des morceaux qu'on n'a jamais joués sur scène et qu'on ne jouera peut-être jamais. L'album est très long, il fait presque 50 minutes, on ne pourra pas tout jouer à chaque fois, sachant qu'on veut aussi jouer de vieux morceaux et avoir une setlist qui s'enchaîne bien.

MI. En terme de contenu, est-ce que vous avez enregistré l'album dans l'optique de restituer le son de HEXECUTOR en live ou est-ce que vous vous êtes affranchis de ça en choisissant d'enregistrer des choses propres à l'album que vous ne reprendrez pas en concert ?
Joey. L'album c'est une cristallisation, le live, c'est l'énergie de l'instant. Pour ma part, les groupes que je vénère vraiment, je les préfère sur album qu'en live. Quand j'écoute les disques de MAIDEN, de JUDAS PRIEST, de MERCYFULL FAITH, de MANOWAR etc. c'est comme si c'était une cristallisation d'une époque. Quand j'écoute Overkill, pour moi Lemmy il n'est pas mort. Il est jeune, il porte un Perfecto, il a des clous, il n'est pas habillé en cowboy. C'est bad boy, ça sent la rue, ça sent le bistrot, ça sent la pute qui a un coquard. J'ai une approche assez particulière avec les albums. On a ajouté des trucs, sur l'album il y a du clavier, on ne va jamais faire du clavier sur scène et on ne va pas non plus passer une bande. On a essayé de trouver un son qui nous correspond, ce qu'on n'a pas en live car on ne sait pas comment ça sonne. Sur scène aussi, on joue plus vite. La bestialité et l'agression comptent plus. Si les gens veulent écouter exactement la même chose que sur album, on jouerait moins vite, on se regarderait les doigts. Pour moi le set c'est un show, c'est de la violence, c'est une agression, tu pars à la guerre. Forcément, ce n'est pas exactement la même chose que sur l'album. Mais on essaye de ne pas non plus faire de la merde sur scène.

MI. Votre logo est particulièrement graphique, comment vous est venue l'idée ?
Joey. On a vu le logo d'un groupe de potes à Rennes, CADAVERIC FUMES avec des putains de tentacule, on adorait le logo. On a contacté le mec qui faisait le logo. On a dit qu'on voulait une guillotine et un gibet. On avait déjà fait un projet à l'arrache Jey et moi. Il a fait un truc d'une violence incroyable, donc voilà. On a eu pas mal de critiques par rapport au fait qu'on n'utilise pas le logo sur la pochette de l'album. On voulait que la pochette soit pure. On ne change pas vraiment de logo, c'est juste pour une pochette à part entière. On voulait que le logo ne jure pas avec l'artwork. On voulait une vieille typo sans prendre la typo de base à la BATHORY que tout le monde a récupéré. On voulait un truc dans le même esprit mais légèrement différent et qui ne bouffe pas toute la hauteur, ce qui aurait été le cas avec notre logo. Et on ne voulait pas non plus qu'il soit relégué à un coin. Sur le premier album, tu mets ton nom en grand, tu regardes les albums de MAIDEN, tu as IRON MAIDEN de long en large. On voulait que ce soit pareil. Et puis on savait que ça ferait un peu chier les gens. Quand t'es un groupe de Thrash en 2016, les gens pensent que tu vas faire quelque chose de prévisible. Les gens aimeraient bien pouvoir décider de ce que tu vas faire après et il y avait un petit brin de provoc et ce n'est pas parce que les gens veulent qu'on mette le logo qu'on va le mettre.
S.Chainsaw. Pendant que les gens parlent de notre logo, ils parlent de nous et ça nous fait de la pub, ce n'est pas plus mal.


Ajouté :  Dimanche 16 Octobre 2016
Intervieweur :  Rivax
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