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BLACKRAIN (FRA) - Swan Hellion et Matthieu De La Roche (Jan-2016 / ITW-VIDEO)
"Back in Town", le single tiré de Released, dernier album de BLACKRAIN est le titre qui traduit parfaitement l'état d'esprit du quatuor en cette fin d'hiver 2016. Les savoyards semblent en effet sortir comme libéré de la période de management de Dany Terbèche, le fondateur d'Enfer Magazine qui a encadré le gang de 2010 à 2015. Dany est peut-être allé un peu trop loin. Trop loin dans l'imagerie Glam, trop loin dans les coups de gueule en public, trop loin dans le façonnage d'un groupe qui a fini par ne plus se reconnaître dans ce qu'il était devenu. Nous n'en saurons hélas pas beaucoup plus sur les circonstances de cette rupture, le combo préférant, comme à l'accoutumée, le silence aux justifications compliquées. Personne n'a oublié leur désistement du Hellfest 2011 sur lequel ils ont toujours refusé de s'exprimer, ce qu'ils regrettent probablement aujourd'hui. Mais "the show must go on" et pour nos quatre amis, 2015 est donc l'année du nouveau départ. Nouveau label, nouveau management et un album "back to the roots", financé par une campagne de crowdfunding et enregistré à Los Angeles par Jack Douglas. Le disque sort le 25 mars 2016 et c'est à cette occasion que nous avons rencontré le ténébreux Swan et le bouillonnant Math pour une interview en mode petits papiers. Qu'on se le dise, "the boys are back in town"...
Line-up : Swan Hellion (chant et guitare), Axel "Max 2" Charpentier (guitare), Matthieu De La Roche (basse), Frank Frusetta (batterie)
Metal-Impact. Quelles émotions ont alimenté l'écriture de Released et qu'avez-vous cherché à exprimer ? Swan Hellion. C'est comme pour l'album précédent, c'est toujours comme ça qu'on fonctionne de toute manière. Des événements qui se passent dans notre vie personnelle ou dans la vie du groupe en général. Des événements plus ou moins marquants. Il se trouve qu'il y a eu des changements significatifs et très marquants dans la vie du groupe qui nous ont inspiré le titre de l'album et qui font qu'il y a un thème récurrent de libération. Cela symbolise également notre nouvelle signature avec notre label UDR qui nous permettra de franchir un palier important pour nous en sortant l'album à l'étranger. Ce qui devrait nous permettre, je pense, de tourner beaucoup plus à l'étranger. MI. Tu peux nous en dire un peu plus sur ces changements qui ont affecté le groupe ? Swan. Non, je ne veux pas trop rentrer dans les détails, ça ne nous intéresse pas plus que ça mais c'est principalement un changement dans l'entourage du groupe, dans la manière de gérer et manager le groupe. Un changement de management. Matthieu De La Roche. On a repris notre destin en main, à nouveau on gère absolument tout, que ça soit dans la production de l'album jusqu'au choix des photos, des gens avec qui on travaille. De la façon dont on fait les clips, de la façon dont on gère notre équipe pour les concerts. On est absolument patrons de tout. Swan. On était arrivés à un point où on n'avait plus le contrôle sur rien et ça devenait assez désagréable. MI. C'est à cela que l'on doit le changement de visuels sur Released ? Swan. C'est une des raisons principales mais c'est aussi l'humeur du groupe, l'évolution naturelle du groupe. On s'est rendus compte à un moment que ça nous fermait pas mal de portes aussi. Matth. On était pris à notre propre jeu parce que, au départ, quand faut remonter à l'arrivée de Youtube, on découvre des groupes comme MÖTLEY CRÜE. Alors que nous on est nés avec NIRVANA, chemises à carreaux, etc. Donc on revoit toutes ces vieilles vidéos de MÖTLEY CRÜE ou POISON. A ce moment on a commencé à se maquiller, mettre des pantalons panthère et en Haute-Savoie, on est devenus des rockstars, on a fait des émules. On était MÖTLEY CRÜE comme à l'époque du Sunset Strip, on arrivait quelque part mais on nous attendait de pied ferme dans le bar. On en parle encore aujourd'hui de ces trucs là. Donc nous on était complètement là-dedans. On a réussi à convaincre du monde et il y a des gens qui nous ont pris tellement au sérieux qu'ils ont voulu en mettre encore plus. Au bout d'un moment on s'est rendu compte que ça allait trop loin.
Le jeu des petits papiers... "Groupe de Rock français ou groupe français de Rock" Matth. Groupe français de Rock c'est une évidence. On n'est pas un groupe de Rock français car l'idée même de groupe en France c'est un peu anachronique. La plupart des artistes sont des artistes solo. On parle plutôt de chanteur. On a cette tradition du texte, qui n'est pas du tout le Rock puisque le Rock c'est la musique avant tout. Swan. On ne peut pas s'identifier à ça. Matth. Les seuls qui ont réussi un peu le coup correctement c'est NOIR DESIR. Ils ont réussi à faire un vrai Rock français avec des paroles et une musique qui aient un sens. La plupart du temps quand on fait du Rock et qu'on chante en français, c'est un peu ridicule. INDOCHINE y arrive aussi à sa façon. Avec des paroles ridicules ils arrivent à faire un truc bien, mais très peu de gens y sont parvenus. Le Rock français pour nous c'est d'une certaine façon un peu une insulte. Alors groupe français de Rock par contre oui. Swan. Oui complètement.
"Alice Cooper" Swan. Facile [rires]. Grosse influence, ça a toujours fait partie de notre playlist pour aller faire la fête, l'époque POISON. Bien sûr on a eu la chance de jouer avec lui donc c'est une étape marquante dans la vie du groupe, la première partie d'ALICE COOPER, notamment à Marseille au Dôme. Il y avait du monde et c'était un gros souvenir. Tout le monde a été gentil avec nous dans l'équipe technique, ce qui n'est pas tout le temps le cas quand on est un petit groupe de première partie. Là on nous a aidé donc on a eu un super son, des super lumières, on a fait ce qu'on a voulu, c'était génial. Et surtout à la fin on a pu rencontrer ALICE COOPER et comme on le dit à chaque fois, c'était comme dans Wayne's World !
"Groupies" Matth. Que dire des groupies ? C'est un phénomène qui a existé dans les années 80. Le but des groupies c'était de passer du temps avec les groupes, parce que les groupes vivaient dans des hôtels 4 étoiles et que ça leur permettait de toucher à la grande vie. Aujourd'hui on ne peut plus parler de ça car ce n'est plus la réalité des groupes actuels. Quand on parle aujourd'hui de groupie, c'est une fan très très fan. C'est les gamines qui écoutent TOKYO HOTEL, les trucs comme ça. MI. Vous avez aussi des fans qui suivent plusieurs dates de vos tournées... Matth. Ca c'est super. De toute façon on vit grâce à eux donc c'est génial mais le phénomène groupie malheureusement n'existe plus tant que ça. Ces filles qui n'avaient strictement rien à faire du groupe. MÖTLEY passait, la fois d'après c'était GUNS, elles étaient là à tous les concerts, leur but c'était d'aller dans l'hôtel et de multiplier les soirées avec les groupes. C'est fini, malheureusement [rires] mais il reste heureusement les fans et voila. C'est vrai que BLACKRAIN a eu la chance d'avoir pas mal de filles dans le public. On a eu une petite partie du public de TOKYO HOTEL qui a un peu grandi, mais l'album n'aurait pas existé sans les fans car ils ont grandement participé au financement. C'est grâce à eux qu'on a payé le voyage aux Etats-Unis et on ne les remerciera jamais assez. Je préfère du coup le terme de fan que de groupie.
"La réunion des GUN'S AND ROSES" Swan. Yeah... ben de toute façon on le savait tous. J'ai été les voir juste avec Axl, j'ai jamais lâché le truc, ça a toujours été mon groupe préféré. Déjà juste avec Axl c'était génial alors s'il y a en plus Slash et Duff, c'est encore mieux. Après, ce qui m'apporterait vraiment c'est un nouvel album. Une tournée c'est bien mais si on ne joue pas avec eux je m'en fous.
"Vivre de sa musique en 2016" Matth. On peut toujours vivre de sa musique en 2016 si on compose. Swan. Vivre de sa musique en 2016, ça veut dire déjà être DJ. C'est très très très très dur de vivre de sa musique. C'est pour ça que ça fait plus de dix ans qu'on est là et qu'on voit des groupes se former et disparaître. Matth. Ce qui est important c'est vivre la musique. Quand tu es vraiment à fonds dedans, tu vis pour la musique à défaut de vivre de la musique et c'est bien aussi.
"Pledge Music" Swan. C'est un concept qui appelle les fans et qui nous a permis de financer notre dernier album. Clairement à un moment il y a eu des changements significatifs dans le groupe, on a quitté notre manager, notre label et on est reparti quasi de zéro sans moyens. Comme on devait enregistrer rapidement, il fallait trouver un moyen de financement et sans Pledge, il n'y aurait rien eu. MI. Pourquoi Pledge ? Swan. On a un manager qui nous avait amené l'idée bien avant mais on attendait le moment opportun pour s'en servir. On n'avait pas eu l'occasion rêvée pour faire appel à Pledge. Matth. Pledge a une dimension internationale qu'on recherchait absolument. On cherchait à pouvoir repartir à l'étranger et ça ouvre une visibilité vis à vis des pays étrangers qui sont plus habitués à ce type de financement. On doit être l'un des premiers artistes français à avoir vraiment fait appel à Pledge et pour lequel ça a fonctionné. Je pense que c'est dans la mutation de la façon dont se passe la musique actuellement. Ca représente l'avenir. C'est pas la panacée universelle. Si tu montes ton groupe et que tu n'as pas réuni une certaine fanbase ça ne fonctionnera pas. Les gens qui ont participé à cette campagne, pour certains on les connaît depuis dix ans. Je pense à une fille qui a acheté une chanson pour nous pour 1000 dollars. On ne pensait pas que quelqu'un allait le faire, mais elle l'a fait et on sait que c'est plus qu'une fan. C'est une amie qui nous suit depuis dix ans. Cela ne se fait pas comme ça mais c'est un bon lien et comme il y a des délais ça oblige à se pousser aux fesses, à vraiment le faire et sortir l'album. Une fois que l'argent est là, l'album doit être fait. C'est un bon stress positif. Swan. On pensait que le plafond était un peu trop élevé et au final on a eu plus, on est contents (ndi : le groupe a collecté 115 pourcent du montant demandé).
"It Begins" Matth. C'était l'album précédent. C'était le quatrième album mais ça commençait. Chaque fois c'est un nouveau commencement mais, comment dire, c'est un très bon album sur lequel on a eu pas mal de regrets sur le rendu final. C'est un album que personnellement je n'ai pas écouté longtemps. MI. Pourquoi ? Swan. J'ai tout de suite eu des regrets par rapport à la production, regrets que j'ai encore aujourd'hui, donc je ne m'étais pas trompé. Ces regrets sont principalement dû au fait que justement on n'était pas allé aux Etats-Unis suivre le mixage et le mastering jusqu'à la fin. On a donné les tracks et ils s'en sont occupés et on sait que ça ne se passe jamais comme tu le voudrais. C'est une grosse différence et c'est la chose sur laquelle on a insisté dès le départ qui était ultra importante pour Released. D'être présent à chaque étape. Les chansons sont quand même très bien, mais le rendu de certaines chansons est mieux sur la démo que sur l'album, c'est assez frustrant. C'est quand même un tournant pour le groupe puisque c'est le premier album enregistré en studio alors qu'avant on le faisait dans notre chambre, comme beaucoup de groupes aujourd'hui. C'est aussi le premier album avec un producteur, Jack Douglas. Ca nous a fait déboucher juste après sur la télé, sur une émission qui a fait beaucoup pour nous. C'était une page un peu spéciale dans la vie de BLACKRAIN... Donc ça a quand même fait beaucoup, cet album.
"For your love" Swan.[chantonnant] For Your Love... For Your looove. C'est un des points positifs par rapport à notre ancien manager. Cela nous avait été suggéré par Dany, c'était une bonne idée parce que, on essaye souvent de reprendre des choses, des fois ça marche, des fois ça marche pas mais en général quand ça marche, ça marche bien. Et c'est le cas pour celle-ci. Je ne connaissais pas la chanson au départ, c'était une bonne idée. Ce qui est très intéressant c'est de voir la chanson originale et la reprise parce qu'il y a vraiment une grosse évolution. Matth. L'idée de cette chanson, au départ ça devait être un bonus mais le rendu était tellement personnel qu'on a considéré que c'était une chanson à part entière. C'est la première fois qu'on fait ça dans un album. On est super content du résultat de ce titre.
"Hellfest 2016 : Sur scène ou dans le pit" Matth. On y est chaque année, on a fait pas mal de Hellfest en tant que public et je pense que cette année ça sera encore le cas, parce qu'on a eu un petit accrochage qui n'était finalement pas de notre fait (ndi : pour l'édition 2011, le groupe était programmé mais s'est désisté quelques semaines avant le concert). Depuis les premières éditions on y est, on est totalement fans de ce festival, de son évolution, de ce qu'on a pu y voir, de l'organisation qui est chaque année de plus en plus incroyable, encore plus quand tu as la chance d'être chaque année dans le coin VIP. C'est quand même plutôt cool, donc espérons bientôt. Entre temps il y aura peut-être d'autres festivals, espérons très bientôt au Hellfest. On a fait que dire du bien depuis le début de ce festival. MI. Vous démarrez une tournée au printemps, vous avez annoncé des dates à l'étranger et les premières dates en France à l'automne, qu'est-ce qui a dicté ce choix. Matth. L'organisation est difficile, encore plus en France où, quand tu organises quelque chose il faut au moins t'y prendre six mois à l'avance, au minimum, parce que les salles sont toujours ultra pleines. Ce n'est pas vrai à l'étranger. Là on a des dates anglaises, on a été mis sur un festival, on est encore en train de discuter sur l'organisation deux mois avant, il y a des possibilités d'être bookés sur des salles en Angleterre. D'expérience, c'est toujours beaucoup plus rapide d'organiser des choses à l'étranger qu'en France. Mais il y aura des festivals cet été, avant la tournée. Certains sont signés, on ne peut pas tout dire tout de suite mais on sera là avant la rentrée, en France.
"Vos ambitions" Swan. C'est toujours les mêmes si ce n'est plus, c'est de sortir l'album le 25 mars 2016 comme prévu, dans le monde entier et de jouer le plus possible partout. Comme la dernière fois, mais ça ne s'est pas concrétisé, du coup on est encore plus impatients et on fera tout pour aller jouer en Europe, au Japon j'espère et aux Etats-Unis. Matth. Tout ça dans un but, c'est de se dire qu'au bout d'un moment tu puisses faire que de la musique et en vivre. Cela a toujours été notre but et on continue à croire que c'est possible car on se rend compte que même sur une tournée assez courte, on y arrive. On peut dire que sur quelques dates, on arrive à vivre un peu. Mais on n'a pas assez de concerts pour l'instant et c'est bien le but de la signature chez UDR, pouvoir jouer constamment et que ce soit un métier à part entière.
MI. Ca se passe comment un concert au Japon ? Swan. La dernière fois ça remonte à un petit moment mais c'était très bien. La grosse différence avec la France c'est que dans le moindre petit club il y a un matos de dingue et t'es sûr d'avoir un son de ouf. Quand il y a des problèmes, ils sont solutionnés très vite par des ouf qui te remontent un ordi et te changent tout. Le public, c'est marrant, ça change [rires]... Ca change de format. Mais si tu joues bien, il y a de plus en plus de monde à chaque fois et quand ils sont contents, ils sont à fonds. Matth. C'est ce qui nous était arrivé quand on est partis au Japon, la première date, il devait y avoir trois personnes dans la salle... Swan. Et c'était spécial, on est arrivés, on n'avait pas d'instrument parce que tout avait été perdu par la compagnie aérienne, pas de valise non plus, donc on avait joué en short parce qu'il faisait extrêmement chaud à ce moment là. Matth. Et petit à petit, les dates s'enchaînant, les gens revenaient et à la fin on a fait salle comble. Le dernier soir c'était la grosse grosse fête, tous les gens qui nous suivaient étaient là. On avait fait notre petit trou en un mois. Swan. C'était un truc de fous. C'était notre première tournée. C'était complètement à l'arrache. C'était très bien organisé, mais nous on était complètement à l'arrache parce qu'on n'avait jamais fait ça. On avait un peu menti sur certaines choses, le tourneur s'attendait pas à nous voir débarquer comme ça, il ne pensait pas qu'on était aussi jeunes et ce qui s'est passé c'est que des fois on jouait mal. On n'y arrivait pas, jouer tous les soirs c'était trop dur. On était jeune et on buvait tous les soirs. Je n'ai pas eu de décalage horaire, je me suis pas décalé. Matth. Ils nous ramenaient à la maison pour être sûr qu'on ne sortait pas boire et dès qu'il était parti on sortait boire au bar. Swan. On a fait plein de clubs différents dans Tokyo et quelques dates en dehors de Tokyo, mais dans l'agglomération. Mais c'est tellement grand que c'est comme jouer en France.
"Le public français" Swan. C'est bien le public français. On a une fanbase en France et on a quand même des bons fans super fidèles qui nous suivent depuis le début. Comme ça fait un moment qu'on existe on a des fans de plusieurs périodes. Matth. Globalement le public français est bon public. Il participe, il est moins difficile à bouger que d'autres publics. Swan. Je pense notamment à la Suisse, ils sont plus réservés. Matth. Moins démonstratifs, à des moments quand on n'a pas l'habitude... Alors que le public français peut-être prêt à tout, même à pogotter sur une ballade. Tout est possible [rires]
"GOJIRA, un modèle à suivre ?" Swan. Oui, complètement, c'est un des rares groupes français sur lequel on peut... Ils ont le mérite d'avoir fait leur truc et de s'être bien structurés et je crois que c'est le seul groupe français qui soit sorti de France, qui ait réussi. Matth. Quand nous étions aux Etats-Unis, on a vu des patrons de label, notamment un qui nous dit : "mais en France, vous avez quoi ?"... On dit : "TRUST" ... "ah oui et GOJIRA"... Dans le monde entier, c'est devenu une référence. C'est toujours un poil triste de se dire que les mecs s'exportent et décident de monter leur studio à l'étranger. C'est toujours le point triste de ce pays parce qu'on n'est pas le pays qui a envie de la réussite. Tu montes pas comme ça en France, il y a un moment ça s'arrête, il ne faut pas aller trop haut... Mais tant mieux pour eux, un parcours parfait, familial, génial. C'est un exemple.
"KISS" Matth. Il y a deux trois chansons qu'on aimait bien mais j'ai découvert le groupe sur scène au Hellfest. J'étais persuadé que c'était un groupe totalement fake et que ça serait une blague sur scène. Un peu du STEEL PANTHER qui aurait des années d'existence. J'ai trouvé incroyable qu'ils ne jouent pas en playback, ce qui est assez rare pour les groupes américains. Swan. On avait eu le même soir DEF LEPPARD, non ? Matth. Oui, DEF LEPPARD, ils nous avaient passé le CD et là il y a KISS derrière, grosse baffe. Le son était un peu moins bien, justement, mais de voir Paul Stanley avec ses platform shoes s'accrocher à une tyrolienne pour traverser le public...je regardais bien je me disais qu'il avait un harnais, mais non, pas du tout, il a 65 ans, il traverse le public, il pourrait s'écraser. J'ai trouvé ça vachement Rock'n'Roll. Swan. C'est un exemple pour pas mal de choses. Au niveau du business il n'y a pas mieux, au niveau du show, des chansons : ils ont beaucoup d'albums et ils ont beaucoup de tubes. Matth. Et c'est pas fake, c'est ça qui est dingue ! Swan. Il y a beaucoup de ragots à leur sujet. Si tu les as pas vu il faut les voir, si tu écoutes ce que les gens disent, tu fermes vite la porte en fait. Matth. Ils jouent dessus aussi.
"Votre concert le plus dingue" Swan. Ca dépend à quel point de vue. La première partie de SCORPIONS à Lyon, c'était fou. L'énergie du public, quand tu la sens avant de monter sur scène, ce n'est pas la même que quand t'es dans une salle de 300 personnes. Tu as un grondement [ndi : il simule le grondement] et quand tu prends le truc dans la gueule, c'est un truc de malade. Matth. La foire aux vins aussi, il y avait 10 000 personnes, on avait notre nom sur l'affiche et c'était un peu le concert de la libération parce que c'est juste avant ça qu'on a changé notre équipe et on n'était même pas sûrs de pouvoir faire ce festival et ça s'est super bien passé, juste avant MOTÖRHEAD. Après à l'étranger il y a eu des trucs mythiques. Tout ce qui s'est passé au Japon. D'avoir joué en Tunisie, c'est un super souvenir. D'être allés là, il n'y a pas grand monde qui y va. Swan. Il y a des tonnes de souvenirs, c'est différents points de vue. La fête, le show, l'organisation. On a fait pas mal de chose, mais les premières parties comme ça c'est des souvenirs assez marquants, mais il se passe toujours des choses folles.
"Le morceau de Released que tu préfères" Swan. "Back In Town" ou "Killing Me" et toi c'est "Run Back In Time"... Matth. Voila, on a déjà répondu à cette question plusieurs fois, pourquoi tu nous la pose ? [rires]
"Licence to Thrill" Swan. C'est notre premier album mixé à distance en Suède. Premier album de BLACKRAIN avec un son potable. Je regrette simplement qu'à l'époque je ne savais pas chanter. Cela avait son charme, mais l'anglais était nul et je n'avais pas encore la voix pour, malheureusement. En tout cas il y avait des excellentes chansons, c'était un gros tournant dans le groupe, c'est un album qui est devenu plus ou moins mythique pour certains et c'est là qu'on a mis en avant le style bien plus Rock'n'Roll. Matth. C'est le seul album dont on tire encore des royalties, c'est le seul qui se vend encore. Swan. Pour le moment. MI. Au niveau du visuel, il a une certaine parenté avec Released. Matth. Parce que sur les deux albums d'après on a plus été maîtres du visuel ! [rires]
"David Bowie" Matth. C'est un peu con, ça a été soudain, parce qu'il nous l'avait pas dit qu'il était malade. Lemmy on a joué avec lui, on l'a revu aux Etats-Unis et on voyait bien que ça allait plus trop bien. Là ça a été soudain. C'est toujours triste parce que tu te dis que des gens comme ça ne peuvent pas mourir, je trouve qu'il y a tellement de classe, de grâce que tu as l'impression que la mort n'existe pas. Ce qui est génial c'est que sa mort est mise en scène sur le dernier album. Il va jusqu'au bout. Cela me rappelle la fin de Freddy Mercury qu'il a lui aussi mis totalement en scène avec la dernière vraie chanson de QUEEN, c'est "The Show Must Go On". C'est une carrière qui est totalement dédiée à l'art et il n'y a pas de différence entre la vie et l'art... C'est un maître que j'écoute tout le temps. Que je trouve génial sur toutes les périodes et je l'aurai pas vu en live, malheureusement. En plus il a toujours su s'entourer de musiciens qui tabassaient.
"Back in Town" Swan. "Back In Town" c'est le single qui a bénéficié d'une lyrics video qu'on a sorti il y a un moment, il va sortir à l'étranger dans pas longtemps à l'annonce de la sortie de l'album en février 2016. C'est Math qui a réalisé la video. "Back in town" fait partie des titres typiques qui ont influencé le nom de l'album, Released et c'est Max qui a fait la chanson au départ. C'est l'une de mes préférées, ça résume bien l'ambiance BLACKRAIN, il y a des couilles et c'est les Boys Are Back In Town...
"Innocent Rosie" Swan. Là y a de quoi dire. Un clip réalisé par Math également. Matth. C'est mon tout premier clip, ça existait même pas les trucs numériques, j'avais acheté un petit caméscope à cassettes. C'est horrible pour monter ça sur un Mac, c'était une grosse tour, mais tu peux même pas faire ce que tu peux faire aujourd'hui avec un simple PC portable. "Innocent Rosie" c'était une copine qu'on a bien connue tous. Qui n'était pas si innocente finalement. C'est un peu dit dans les paroles ! [rires] Swan. C'est une chanson qui avait très bien marché, qui est l'une des plus retenues du groupe, en tout cas à l'étranger.
"Lemmy Kilmister" Swan. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un dans le groupe qui ait vraiment été un gros fan de MOTÖRHEAD. Matth. Mais lui non plus apparemment, ce qu'il a dit de BLACKRAIN, c'est "BLACKRAIN? Who are they ? Are They Good ?" [rires] Swan. Il ne connaissait pas, mais on aime tous des chansons comme "Overkill", "Kill by Death" ou "Ace of Spade", après je n'ai jamais été un grand admirateur et je n'ai jamais pu écouter un album de MOTÖRHEAD en entier. Le seul concert que j'ai fait en entier c'est quand on a joué avec eux à la Foire aux Vins, c'est la seule fois où ce n'était pas trop fort et j'ai pu rester du début à la fin et vraiment apprécier. Après je pense que ce qui fait la légende de MOTÖRHEAD c'est Lemmy, c'est le personnage. C'est quelqu'un qui était loin d'être con avec un grand charisme, qui a toujours fait de belles sorties. Il a toujours eu les bonnes répliques. Matth. Et qui a vécu sa vie comme ça, sur une ligne droite et sans dévier. Swan. Il a fait ce qu'il avait envie, il s'est pas marié, il a baisé des meufs... Matth. Comme il disait avant de mourir, il ne regrette rien, la vie était belle.
"13 novembre 2015" Matth. Quand il se passe un truc comme ça, déjà le Bataclan... Swan. Ca fait super bizarre, ça fait que déjà tu penses à comment ça se fait. Tout de suite je me suis dit, putain ils sont morts parce qu'il n'y a qu'une entrée, tu ne peux pas te barrer par les loges parce qu'il y a des barreaux partout. Heureusement ils ont dévissé les faux plafonds et les vigiles ont ouvert les portes sur les côtés. Que ça soit un groupe de Rock, tu te sens tout de suite très concerné. C'est un sentiment, pas cool, mais je pense que c'est la vérité. Si ça avait été un concert de BOOBA, on n'aurait pas eu la même réaction. Matth. T'es plus touché, c'est clair. Swan. On a eu de la chance parce qu'on aurait tous pu y être. On a eu très peur que beaucoup de potes y soient, notamment les gens avec qui on travaille parce que habituellement ils sont toujours là-bas, soient ils regardent le concert avec les labels, ou ils sont à la billetterie. Donc sur le coup tu deviens tout blanc et même si t'y es pas t'es plus que concerné donc ce n'est pas marrant. Personnellement, du dégoût et de la colère par rapport à ce pays, par rapport à plein de choses. De la révolte. Je me suis jamais bien senti à Paris, au final je me suis barré du pays parce que je n'arrive pas à vivre ici. A cause de gens qui sont venus tuer des potes à nous le 13 novembre 2015. Matth. On sait que c'est les mêmes gens qui nous ont fait chier depuis qu'on est gamins à l'école. On sait très bien qu'il y a une fracture en France, que personne ne veut prendre en compte. Swan. A chaque fois que j'en ai parlé on s'est toujours foutu de ma gueule et je le prends vraiment très mal.
"Dany Trebeche" Matth. Je pense qu'on va passer juste celle-là... [montrant le papier à Swan]... [rires] et on va finir avec... [il prend le papier suivant] ah ben c'est marrant parce qu'en fait ça tombe vachement bien.
"Get a Gun" Matth. On a repris une chanson qui s'appelle "Get a gun" d'un groupe de potes qui s'appelle C AND K et la chanson parle de prendre un flingue et de tirer au hasard. Une semaine après le Bataclan on devait jouer et habituellement on fait lever les mains au public et on balance des samples de flingue et les gens adorent. C'est comme MÖTLEY CRÜE avec le guidon pour faire la moto et ça part comme ça. Evidemment, cette fois-ci on ne l'a pas fait, la blague était plus drôle et c'est ça qui fait chier. Le Hard Rock, c'est du grand guignol, c'est pour de faux et moi je retiendrai un petit truc qui est en lien, c'est que j'ai entendu plein de fois des gens, même dans un entourage proche, dire que finalement le groupe qui a joué au Bataclan chantait "Kiss the Devil" et d'une certaine façon il fallait pas tenter le diable, et qu'ils l'avaient bien cherché. Et ça, ça passe encore moins que le reste. C'est à dire qu'on a repris une chanson qui dit "prends un flingue et tire au hasard" mais c'est pour rigoler. Ceux qui n'ont pas d'humour, ça me fait chier. Swan. Ce n'est pas une de nos chansons, c'est une interprétation de faits qui se passent aussi, peut-être pas en France, aux Etats-Unis ou ailleurs, ça parle de choses qui arrivent, c'est une chanson comme une autre.
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