PHANTASMA (at) - Charlotte Wessels (Nov-2015)
PHANTASMA est un supergroupe de Metal Symphonique qui publie en ce début d'hiver son premier méfait, un concept album baptisé The Deviant Hearts. Sa particularité ? L'histoire repose sur un roman écrit tout spécialement pour le projet par la chanteuse de DELAIN, la belle Charlotte Wessels. L'homme à l'origine du projet, Georg Neuhauser, vocaliste du groupe de Metal Symphonique SERENITY a proposé au multi-instrumentiste, compositeur producteur et vocaliste Oliver Philipps (EVERON) de l'accompagner. Oliver a relevé ce défi et comme il travaille pour DELAIN depuis les début du groupe, il a proposé à son tour à Charlotte Wessels de rejoindre l'équipe. C'est à Charlotte que nous avons demandé de nous dévoiler les dessous du projet à l'occasion d'une de ses visites à Paris.
Line-up : Charlotte Wessels (chant), Georg Neuhauser (chant), Oliver Philipps (guitare, claviers, chant), Tom S. Englund (chant), Dennis Schunke (chant), Chloe Lowery (chant), Jason Gianni (batterie), Randy George (basse), Tom Buchberger (guitare)
Discographie : The Deviant Hearts (Album - 2015)
Metal-Impact. Bonjour Charlotte, il y a dix jours, tu as donné un concert avec DELAIN au Divan du Monde à Paris (le 29 octobre 2015), c'était comment ?
Charlotte Wessels. C'était un concert fantastique. Le public était chaud bouillant. Nous étions sold-out six ou sept semaines avant le show. Mon seul regret c'est qu'on aurait pu jouer dans une salle plus grande parce que, là, on a dû dire non à plein de gens qui n'avaient pas pu avoir de place. Mais c'était Paris, l'un de nos endroits favoris pour jouer car le public y est toujours formidable et déchaîné. On n'a eu que de bonnes expériences ici et le concert du 29 octobre n'a pas fait exception à la règle. C'était super cool.
MI. En janvier dernier, DELAIN a fait la première partie de SABATON, au Bataclan (le 14 janvier 2015), pourquoi avoir choisi d'ouvrir pour un autre groupe alors que vous pouviez faire une date en tête d'affiche ?
Charlotte. C'est intéressant de tourner avec d'autres groupes parce que même si on fait des tournées en tête d'affiche depuis les débuts de DELAIN, nous avons réalisé que le public venant à nos shows s'était stabilisé. Et donc on essaye d'élargir notre audience. On aimerait faire des salles de plus en plus grandes et partager notre musique avec encore plus de monde. C'est pour cette raison que nous jouons avec d'autres groupes. Quand nous avons ouvert pour WITHIN TEMPTATION à Wemblay, on a joué devant 10 000 personnes et dans le public, il y a des gens qui ne nous connaissaient pas encore. Si nous avons décidé d'ouvrir pour SABATON c'est parce qu'ils ont un public assez différent du nôtre et il y a donc encore plus de gens dans l'assistance qui ne nous connaissent pas encore et qui pourraient avoir envie de venir nous revoir en live. Quand on joue avec DELAIN, nous rencontrons beaucoup de gens qui viennent à nos concerts parce qu'ils nous ont découverts en première partie de groupes dont ils sont fans.
MI. On a l'impression que tu consacres quasiment tout ton temps à DELAIN. Comment as-tu, malgré cela, réussi à trouver du temps pour PHANTASMA ?
Charlotte. Je travaille surtout la nuit [rires]. L'inspiration est venue facilement pour PHANTASMA parce que quand tu travailles sur un nouveau projet, tu n'as pas à penser aux attentes de ta fanbase, tout simplement parce que tu n'as pas encore de fanbase ! C'est donc venu très naturellement et on a pu monter le projet rapidement avec seulement quelques jours en studio. La partie la plus longue a été l'écriture du roman. Le livre a été un gros challenge mais j'ai adoré cette partie du projet, parce que je n'avais pas besoin d'être en studio pour écrire. Il suffit d'un endroit tranquille et au calme où ton esprit ne sera pas distrait. C'est pour ça que j'ai travaillé la nuit, pendant les tournées et aussi quand j'étais en congés. Enfin, les video clip et les prises de vue pour les artwork ont nécessité deux voyages en Autriche, mais c'est juste une question d'organisation... et pas de sommeil... jamais !
MI. Qu'est-ce qui t'as décidé à écrire un roman pour servir de structure à l'album The Deviant Hears ?
Charlotte. L'idée initiale est de Georg (Neuhauser). Il tenait à faire un concept album avec un side project et pas avec SERENITY. Il a contacté Oliver (Philipps) pour participer au projet et de fil en aiguille, ils m'ont demandé de les rejoindre. Au départ, je venais uniquement comme chanteuse invitée. Mais quand ils ont commencer à discuter du sujet de l'album ils ont tous les deux réalisé qu'il y aurait énormément de musique à composer. Mais ils n'étaient pas sûrs de savoir comment trouver le concept, l'histoire à raconter. Je travaille avec Oliver depuis dix ans et c'est lui qui m'a proposé de m'investir plus dans le projet, puisque j'écris toutes les paroles pour DELAIN. La proposition m'a été faite par deux artistes que j'aime beaucoup, tant personnellement que professionnellement. Donc, quand ils m'ont proposé d'écrire l'histoire, j'ai été très flattée. A ce moment là, je n'avais pas la moindre idée du travail que cela représentait. J'ai pris un long moment pour réfléchir à ce que je voulais faire et comment je pourrais le faire. Jusque là, je n'avais pas écouté beaucoup de concept albums et je n'avais jamais songé à en faire un. Je savais en revanche que, s'il y a des concept album que j'aime vraiment, comme Tommy des WHO ou Jesus Christ Superstar, il y en a d'autres que je n'aime vraiment pas. Et j'étais en quelque sorte inquiète à l'idée d'en créer un qui ressemblerait plutôt à ces derniers.
MI. C'est à ce moment là que tu as choisi de contourner la difficulté en écrivant un roman ?
Charlotte. Exactement, parce que si je n'avais jamais eu l'ambition de créer un concept album, j'avais déjà songé à écrire un roman. Et je me suis dit que cela pourrait être un bon moyen de ne pas raconter toute l'histoire à travers les paroles des chansons. C'est l'une des choses que je n'apprécie pas dans les concept album. Je n'aime pas quand les paroles en disent trop. Habituellement, je reste un peu allusive dans mes lyrics, mais je peux me le permettre car j'écris des chansons qui ne sont pas reliées entre elles. Chaque chanson est une petite histoire autonome. J'ai donc pensé que, si j'avais un livre comme trame, je pourrais le relier aux paroles des chansons. Celles-ci viendraient compléter le livre et vice versa. C'est pour cela que nous avons intégré le livre dans le booklet. On suit l'histoire à travers le livre et chaque chanson fait un focus sur un personnage ou un moment clé de l'histoire. Les chansons restent cependant autonomes et en même temps elles racontent une histoire.
MI. Comment avez-vous coordonné l'écriture de l'histoire et la composition des mélodies, quelle partie du travail de construction du projet donnait la cadence ?
Charlotte. Quand Oliver et Georg on lancé le projet, ils ont apporté une ou deux démos chacun, j'en avais aussi quelques unes. Dans tout projet, je trouve que c'est bien que chacun puisse apporter un peu de son travail. Nous avons commencé avec cinq chansons qui ont, en quelque sorte, défini une coloration musicale. A partir de là, il y a eu deux processus distinct. Oliver, Georg et moi avons écrit les chansons ensemble et simultanément, j'ai écrit le livre de mon côté. Oliver et Georg se contentaient de composer des chansons avec des paroles bidon afin que puisse les ajuster à partir de l'histoire. Mais bien sûr, je devais aussi m'appuyer sur la ligne directrice du roman afin de faire coïncider les moments forts de l'histoire avec la musique. C'était donc un processus d'écriture parallèle.
MI. As-tu écrit la nouvelle avant d'attaquer l'écriture des chansons ?
Charlotte. J'aurais préféré. Mais l'écriture du livre m'a pris beaucoup plus de temps que prévu et un mois avant la deadline, personne n'avait rien lu. Pourtant, il fallait bien commencer à enregistrer, donc quand j'ai eu fini les deux tiers de l'histoire, j'ai commencé à écrire les paroles des chansons avant de terminer le roman. On a terminé tous les trois en faisant des va et viens entre les chansons, le roman et la musique.
MI. C'était vraiment un travail d'équipe.
Charlotte. Oui, en effet. Et j'ai adoré travailler avec Oliver et Georg notamment pour notre complémentarité. Nous venons d'univers musicaux différents : Oliver a une approche Progressive, Georg est plus branché sur le Hard Rock classique, comme QUEEN ou MEATLAOF et moi je viens d'une scène un peu plus Alternative. Donc à nous trois, nous avons réussi à élaborer une musique très éclectique. Ensuite, c'est Oliver qui a fait les arrangements et la production de toute la musique. C'est lui qui a finalisé l'album et il a fait un super boulot.
MI. Qu'est-ce qui est différent quand on travaille avec un supergroupe comme PHANTASMA, comparé à ton travail avec DELAIN ?
Charlotte. La différence principale c'est l'approche. C'est un concept album. Nous avons donc pris des options que je n'aurais jamais imaginées pour un album “normal”. Je n'aurais jamais ouvert avec un ballet, ni fait de la dernière chanson mon single. L'autre grosse différence, c'est que The Deviant Hearts est un premier disque. On n'a pas encore de fanbase donc c'est un petit peu plus facile de choisir une direction puisqu'on ne décevra personne. Par contre, je n'ai pas eu de difficultés relationnelles, j'avais déjà travaillé auparavant avec Oliver et Georg, tout s'est fait très naturellement.
MI. Et comment s'est passé l'enregistrement, avez-vous essayé d'enregistrer tous ensemble ?
Charlotte. La plus grande partie de l'album a été enregistrée dans des studios différents à travers le monde. Nous avons passé des heures à discuter sur Skype tous les trois. C'est devenu tellement facile d'être connectés via internet, cela a grandement facilité l'élaboration du projet. Nous avons cependant réussi à nous retrouver tous les trois en studio deux fois. Ce n'était pas nécessaire, mais nous en avions envie.
MI. Avez-vous l'ambition de jouer l'album en live ?
Charlotte. On ne veut pas faire une tournée classique avec PHANTASMA. Nous pensons qu'avec cette histoire profonde et ces magnifiques visuels, le projet pourrait faire une très belle comédie musicale. Mais si nous décidons de le faire, il nous faudra dégager du temps. Georg est à 100% mobilisé sur la sortie du prochain album de SERENITY, je suis très prise par DELAIN. Nous nous concentrons d'abord sur nos groupes principaux. Mais si nous avions l'opportunité de le faire, c'est sûrement ce que nous ferons.
Ajouté : Mardi 26 Janvier 2016 Intervieweur : Rivax Lien en relation: Phantasma Website Hits: 7500
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