Une préface de Norman MAILER est toujours signe de qualité. On pouvait donc attendre de Peter LEVANDA tout le sérieux, l’objectivité, et le recul nécessaire au traitement d’un sujet délicat, et il faut admettre qu’il nous livre là l’étude très fournie, précise et rigoureuse à laquelle nous étions en droit d’attendre.
Et contrairement à l’ouvrage de Nicholas Goodrick-Clarke, « Soleil Noir », sur le même thème et qui versait dangereusement dans la subjectivité la plus nauséabonde, LEVANDA à su donner à son livre la couleur neutre indispensable à une lecture au premier degré.
Car aborder les liaisons dangereuses entre le nazisme et l’ésotérisme n’est pas tâche aisée. Il faut d’abord énormément de documentation, ce qui le cas ici, et surtout un travail d’analyse très fouillé et précis, ce qui nous est aussi offert.
Le point fort de ce livre, est d’aborder une période couvrant les prémices du national socialisme, dans les années 1910, jusqu’aux groupuscules néo-nazis contemporains des années 1990. Il se pose donc en référence généraliste, pour qui voudra étudier de près l’ensemble des données sur le sujet.
De la fascination d’Hitler pour le pangermanisme et les dieux nordiques, de l’obsession d’Himmler pour l’occultisme et les célébrations internes de la Walpurgisnacht, du culte absurde voué à un pamphlet aussi écoeurant que falsifié que Les Protocoles Des Sages De Sion jusqu’à la fuite et la réorganisation en communautés des plus hauts dignitaires SS, aidés en cela par la CIA et les divers services de sécurité internationaux, vous saurez tout.
Certes rien de nouveau sous le soleil (noir), mais le style proposé permet de s’immerger dans un pan de l’histoire du XXème siècle, en ayant l’impression d’avoir vécu ces années sombres de l’intérieur.
La première partie traite bien évidemment du pré nazisme et du troisième Reich, avec la fascination de ses fondateurs directs pour des occultistes et pamphlétaires satanistes et antisémites, tels Crowley, L’OTO et autres organisations plus ou moins secrètes ayant la plupart du temps pignon sur rue. Ces chapitres intéresseront plus majoritairement les novices désireux d’en savoir un peu plus sur les racines du mal, et la fascination d’Hitler et de ses seconds pour le monde de glace, les antiques Dieux nordiques, la pureté raciale, l’antisémitisme primaire, et la relation haineuse qu’ils entretenaient avec l’église Catholique.
La seconde partie, consacrée aux suites de la seconde guerre mondiale et la fuite de certains dignitaires nazis est beaucoup plus captivante. Si l’on est pas surpris d’apprendre que la CIA, le FBI, les renseignements britanniques et autres organisations mondiales ont été d’un grand secours à la fuite en Amérique du Sud, voire en Europe de certains bouchers comme Klaus BARBIE, tout comme l’Eglise Catholique de Pie XII, on se retrouve pantois devant la réorganisation criminelle de ces mêmes tortionnaires, qui se sont livrés en vrac au narco terrorisme, voire même à la fondation de nouveaux partis politiques…
Et lorsque l’auteur en arrive à nier l’appellation même de « Néo Nazisme », en arguant que le nazisme n’est jamais mort, on ne peut qu’acquiescer dans la douleur et l’écoeurement…
On ressort de cet ouvrage profondément traumatisé par les atrocités engendrées par une poignée d’hommes qui ont joué le destin de l’humanité sur le tapis d’une haine raciale fondée sur des préceptes aléatoires et occultes…Et quand on voit de nos jours, quelques groupes de Black Metal étaler avec complaisance leurs origines nordiques pures, et arborer des insignes clairement antisémites, on ne peut que s’interroger sur le futur de la race humaine.
Apprendrons nous un jour de nos erreurs, et remiseront nous enfin dans les limbes de la désolation la fascination morbide envers le concept erroné de « Race Supérieure » au nom duquel tant de vies ont été sacrifiées ?
Car cet ouvrage de Peter LEVANDA ouvre des perspectives bien plus grandes qu’une simple analyse de la fascination du IIIème Reich pour l’occulte et sa haine de « l’ennemi racial »…Et l’on pourrait élargir le débat à la xénophobie en général, et parler du traitement réservé aux Indiens d’Amérique, aux noirs des USA et d’Afrique du Sud, des mexicains, des Tibétains, des protestants, à l’Inquisition, aux Chrétiens de Rome…
Alors à Glenn BENTON qui clamait tout haut lors de ses concerts « Pas de noirs dans la salle ! », je ne pourrais que citer Raymond DEVOS :
« J'ai un ami qui est xénophobe. Il déteste à tel point les étrangers que lorsqu'il va dans leur pays, il ne peut pas se supporter ! »…
Quoiqu’il en soit, L’alliance Infernale saura intéresser chacun d’entre vous, pour sa valeur historique et ses anecdotes indispensables.