Tout fan de SUMMONING a senti monter en lui une pointe d'excitation lorsque les réseaux sociaux ont affiché, un peu avant la fin de l'année 2017, la pochette au dragon magnifique qui ornerait With Doom We Come. Il aura donc fallu attendre 4 ans entre Old Mornings Dawn et ce nouvel album. On le sait, le duo Protector / Silenius aime prendre son temps et jusqu'ici, l'attente en valait la peine. Un nouveau frisson a parcouru le corps des adeptes du combo autrichien, lorsqu'étaient postées les premières notes du titre éponyme, un "With Doom I Come" prometteur. Pas exceptionnel en soi, mais au moins il annonçait les retrouvailles entre SUMMONING et son public, de la façon la plus fidèle qui soit.

Autant couper court au suspense tout de suite, ce single restera comme l'un des moments les moins fades de With Doom We Come. Et c'est le titre d'ouverture, "Tar-Calion", qui met la puce à l'oreille. On le qualifiera juste de... plat. Remettons les choses dans leur contexte : les sonorités si chères à SUMMONING, accessoirement tributaires d'instruments synthétiques et de programmations à tout va, n'ont pas disparu, les guitares saturées au possible et étouffées au maximum restent bien présentes, l'ambiance si chère aux Terres du Milieu ressort forcément. Le problème n'est pas là.

SUMMONING a toujours profité de sa capacité à jouer en boucle des thèmes forts, tout en captivant sans temps mort, au moyen d'arrangements subtils et d'orchestrations "crescendo". On ne remettra pas en cause la manière de composer de Protector et de Silenius. Mais c'est précisément au sujet de son impossibilité à retenir son auditeur, que l'on peut montrer une pointe de déception. Et c'est un fait nouveau pour SUMMONING. Prenons un morceau comme "Night Fell Behind". Il y a de la mélancolie dans ce riff saturé et brumeux. Il y a bien quelques variantes autour de son approche globale, des accalmies disposées par-ci par là, pour donner une impression de renouvellement. Mais là où on attend alors une envolée de grande envergure, pourquoi pas, un grand moment orchestral, SUMMONING repart sur la même linéarité. Voilà, c'est ça, le mot qu'il faudra retenir de ce With Doom We Come. Linéarité.

Un peu comme la mélodie de "Myrklands", qui ne présente que trop peu d'intérêt. Et c'est là où SUMMONING finit par s'auto-parodier. Silenius et Protector étant coutumiers des titres à rallonge, lorsque l'inspiration fait défaut, l'ennui pointe le bout de son nez. Il ne faudrait pas que les titres soient longs (...interminables...) sous le seul prétexte que c'est un album de SUMMONING. De plus, les surprises et autres rebondissements se font rares : un rythme assez inhabituel et un changement soudain de thématique pour "Carcharoth", un travail remarquable effectué sur les voix pour "Herumor" (avec la hongroise Erika Szücs), une tessiture de voix nouvelle et déroutante pour Protector (on dirait Abbath qui se prend pour Lemmy sur "Carcharoth", "Night Fell Behind" et "With Doom I Come"), mais on reste loin des morceaux d'anthologie appartenant au passé glorieux. Où sont les nouveaux "The White Tower", "Land Of The Dead", "Might Und Glorn", "The Passing Of The Grey Company", "Long Lost To Where No Pathway Goes" ??

Les vrais moments de bravoure se nomment donc "With Doom I Come" et "Silvertine". Sur ce dernier, les instruments - et notamment les cuivres - font mouche, le piano apporte quelques touches de volupté, les choeurs ajoutent un côté céleste et religieux, le tout se superpose dans un final épique, comme on en attend tant... A l'instar de ce "With Doom I Come", qui dévoile des flûtes enchanteresses et monte en puissance avant l'apothéose. Voilà qui fait bien peu pour le successeur des sublimes Oath Bound (2006) et Old Mornings Dawn. With Doom We Come laisse trop souvent cette impression désagréable d'être constitué de titres non retenus pour Old Mornings Dawn. A l'heure où les groupes de Black atmosphérique surgissent de partout, SUMMONING ferait bien, à l'avenir, de retrouver un soupçon de la magie qui l'habitait jusque là.