GREYFADE (ae) - Life (2016)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 6 août 2016
Pays : Emirats Arabes Unis
Genre : Metal Expérimental
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 52 Mins
Si vous essayez d'imaginer une bande son pour Dubaï, vous ne penserez pas de prime abord à un morceau de Metal. Sur ce bout de sable chauffé à blanc par un soleil implacable, où les night clubs et les bars branchés sont construits à touche-touche le long des promenades, vous pourriez imaginer que le genre ne collera pas particulièrement bien. Vous auriez pourtant tort de rester bloqué sur un tel à priori, car il y a bien une scène Metal à Dubaï et l'émirat compte quelques milliers de metalleux. D'ailleurs, les tourneurs ont intégré la destination à leur feuille de route. BLACK SABBATH s'est produit à Abu Dhabi en 2014, tandis que MOTÖRHEAD et IRON MAIDEN jouaient, quelques années plus tôt, au Dubaï Desert Rock Fest. Si les gros concerts de cette trempe sont peu fréquents, la scène locale vit également au gré de concerts plus intimistes dans des clubs spécialisés. Comme souvent dans les pays émergents (par rapport au Metal, bien sûr), l'avis général des aficionados est que "c'est une petite scène très motivée où tout le monde se connaît".
GREYFADE est un one man band de Metal Expérimental originaire de Dubaï dont le debut album, Life est paru en août dernier. Ce disque n'est pas exempt de défauts mais l'on peut lui reconnaître au moins deux qualité : son originalité et sa générosité.
Les dix pistes de la galette développent chacune une ambiance différente, une construction originale et ne réussit l'exploit de ne jamais sombrer ni dans la redite, ni dans la reprise. Eclectique, l'album n'en est pas moins cohérent et il est facile de reconnaître la patte de Fadi Helou dans chaque compo. Si la guitare est bien souvent au coeur des compos, notamment à l'occasion de très beaux soli ou de vibrants arpèges, la batterie est parfois un peu laissée pour compte (quand elle n'est pas totalement absente). GREYFADE ne manque jamais d'audace, imaginant des constructions complexes où se superposent plusieurs tessitures ("The Valkyrie's Cry"), un dialogue solitaire avec une talk box ("Life in a box") et une ou deux power ballades bluffantes ("Somewhere"). Dans l'ensemble, le disque est bien foutu et si l'on déplore quelques défauts de débutants, comme la volonté de remplir la tracklist de pistes aussi variées que possible pour montrer l'étendue de son talent ou d'ouvrir le disque par une power ballade, il n'y a rien de rédhibitoire dans la construction et la production.
Malheureusement, Life souffre d'un énorme handicap : le chant de son interprète. Quand il limite sa prestation à de courtes phrases comme dans "Somewhere" ou "Life in a box", le chanteur fait illusion. Certes l'accent anglais ne sonne pas comme à Oxford et les rimes sont un peu simplistes, mais on a déjà vu pire. En revanche, sur les morceaux plus mélodiques où les vers sont plus longs, le chant est si faux que ça fait pleurer les oreilles. A l'ère de l'autotune, on a presque oublié ce que chanter faux signifie, GREYFADE nous le rappelle douloureusement. La plupart de ses compos sont irrémédiablement gâchées par une voix au mieux approximative, au pire totalement à côté de la plaque.
A ce stade, plusieurs solutions s'offrent au gang pour redresser la barre : recruter un nouveau chanteur, passer au screaming, abandonner l'anglais pour une langue mieux maîtrisée ou un cocktail des trois. C'est tout ce que l'on souhaite de la part d'un groupe par ailleurs prometteur dont les défauts de jeunesse ne doivent pas faire oublier les qualités.
Ajouté : Dimanche 30 Avril 2017 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Greyfade Website Hits: 5874
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