Ce huitième album de GRAND MAGUS ne laisse pas un souvenir impérissable à la première écoute... Dans la lignée de son prédécesseur, le Manowaresque Triumph And Power, on se dit qu'avec Sword Songs, GRAND MAGUS a encore simplifié son Heavy Metal pour produire quelque chose de plus en plus "roots". Il y a quelques indices qui laissent penser cela, notamment le son de batterie de Ludwig "Ludde" Witt (flagrant sur "Master Of The Land"), qui évoque la tristement célèbre caisse claire de Lars Ulrich sur St Anger. Du coup, ce Sword Songs, on le laisse un peu de côté...

... Et puis un jour on y revient, en se disant, quand même, bon sang, on parle de GRAND MAGUS. Le trio mené par Janne "JB" Christoffersson (guitares et chants) n'a pas abandonné son Heavy ultra-clichesque, à l'instar de ce "Varangian" où les paroles ("defenders of steel") ne pouvaient mieux coller aux éléments standards du genre. On fera le même constat – au départ tout du moins – sur le plus accéléré "Forged In Iron – Crowned In Steel" : grosse rythmique bien appuyée, un trident guitare / basse / batterie qui fait trembler les murs, un refrain répétitif à souhait. Bref, rien de bien nouveau. Jusqu'à l'instant où JB marque une pause avant de balancer une ligne vocale (il double voire triple sa propre voix) tout ce qu'il y a d'épique et mélodique : le bonheur absolu. D'un simple titre typé Metal, GRAND MAGUS en fait un hymne à couper le souffle.

Et c'est là tout le talent, voire la marque de fabrique, de GRAND MAGUS. La parfaite cohésion entre le chant de JB et cette succession d'accords savoureux fout toujours le frisson, de "Freja's Choice" à "Last One To Fall" en passant par des morceaux un ton en dessous ("Frost And Fire", "In For The Kill") mais toujours marqués par le savoir-faire d'un groupe qui connaît par cœur ses forces et ses faiblesses. Il se dégage une chaleur du son de guitare de JB qui donne un charme à la fois sincère et enivrant à tout ce que produit GRAND MAGUS.

On craignait que GRAND MAGUS n'épure trop son style : c'est presque fait sur "Every Day There's A Battle To Fight". Voilà venu un mid-tempo mené par le trio très clair voix / basse / batterie. Le stéréotype du Metal avant que tout explose, en fait. Archi-prévisible. Oui, mais voilà, ça fonctionne, à mort, même. Parce que là encore, comme sur "Forged In Iron – Crowned In Steel", lorsque GRAND MAGUS dévoile sa facette la plus mélodique, guitares en son clair bien en avant, reverb et sustain poussés au maximum, la magie opère. A l'inverse, l'autre gros mid-tempo de Sword Songs, le Heavy et surchargé "Born For Battle" ne fait pas dans la dentelle. Celui-là, il est venu au monde pour faire taper du pied, secouer la tête et dresser les cornes en direction de JB. Le bonhomme et ses deux comparses osent même une reprise du "Stormbringer" de DEEP PURPLE (époque David Coverdale). C'est incroyable à quel point GRAND MAGUS s'approprie ce titre... C'est sur une chanson du Pourpre Profond que GRAND MAGUS fait du GRAND MAGUS !

Si GRAND MAGUS s'exprime avec une régularité sans faille (un album tous les deux ans), il n'en baisse pas de niveau, car Sword Songs n'a rien à envier aux sorties discographiques passées du combo de Stockholm. La preuve, votre serviteur vient de se rendre compte qu'il avait utilisé les mêmes mots que pour la chronique de Triumph And Power. Comme quoi, l'émotion demeure bien présente.

Ah au fait... Petit clin d'œil : avec Sword Songs, le Heavy Metal n'est pas mort.