Il y a peu, Darren et les siens nous informaient que le septième album du groupe était à moitié écrit, et qu'il se situerait dans une moyenne entre Out Of The Silence, Blood From Stone et Belief, soit trois des disques préférés des fans.
C'est toujours facile à avancer comme argument, encore faut-il le prouver musicalement le jour J...Mais en tant que fan de DARE, vous savez comme moi que Darren Wharton n'est pas musicien à plastronner dans le vide. L'homme est honnête, passionné, et rien ne compte plus pour lui en dehors de la musique que l'amour que lui portent ses fans.
Alors...
Alors, le postulat était à moitié vrai, et donc à moitié faux. Mais sincèrement, je pense pouvoir affirmer qu'on s'en moque, puisqu'un album de DARE est quoiqu'il arrive un évènement en soi.

Rarement groupe aura été aussi respecté. Sans doute parce qu'il a toujours échappé aux modes, sans doute en considération du parcours glorieux de son leader, mais aussi de par la qualité d'une musique riche, sincère, qui évite les poncifs et le trompe l'œil. Et Sacred Ground ne déroge aucunement à cette règle. Pas de grosse surprise, juste des chansons faussement simples, des harmonies sublimes, de l'énergie, de la douceur, et, admettons-le, la voix unique du maître, belle comme un lever de soleil à Oldham.
Certains chanteurs ont quelque chose dans leur timbre qui les rend unique, et Darren en fait partie, au même titre que David Coverdale, Richard Marx ou Steve Perry, pour citer des exemples différents et complémentaires. Et Sacred Ground nous permet, quatre ans après Calm Before The Storm 2 de la retrouver aussi flamboyante qu'avant, mais aussi un peu plus intime et fragile. Alors, autant dire la vérité, ce septième album studio n'est pas le plus nerveux du groupe, mais il est attachant de délicatesse et d'honnêteté. Etrange comme ce mot revient souvent lorsqu'on parle de DARE...

Paradoxalement, leurs albums sont d'une approche facile, alors même qu'il est très complexe d'en parler. Pourquoi ?
Simple, cette musique se ressent, sans avoir besoin de s'expliquer. Alors pour un chroniqueur, le travail est simple et terriblement ardu à la fois.
De toute façon, les fans aimeront, les détracteurs détesteront, argumentant que le style est désuet depuis des années ou que le renouveau se fait attendre en vain, alors à quoi bon... La seule raison qui me pousse à taper sur mon clavier, est que les groupes comme DARE méritent le soutien. Alors écrivons...Ecrivons une fois de plus que ce septième album studio est une pure merveille de Classic Rock mélodique au doux parfum celtique, en gros qu'il est digne du reste de la discographie du groupe, sans se placer au niveau des meilleurs efforts. C'est un disque tranquille, qui s'aventure parfois en terre presque Pop, un peu dans la veine des albums de transition de BON JOVI ("On My Own"), et qui mélange une fois de plus avec une science quasi surnaturelle l'acoustique et l'électrique, le Rock et la musique traditionnelle ("Until", sublime progression Rock qui évoque à merveille les matins d'hiver Gallois).

Il est difficile de parler de DARE en termes de Hard Rock en 2016. Il est vrai que leur musique a tendance à s'en éloigner de plus en plus, au point de parfois sonner comme une adaptation Européenne de Springsteen ("All Our Brass Was Gold"). On le retrouve parfois, par petites touches fugaces, ou en filigrane comme sur l'entame "Home", qui après une longue introduction qui laisse se dérouler les nuages de brume tente un riff un peu appuyé, sur un mid tempo accrocheur, tout en prenant soin de ne pas trop laisser la distorsion sans brides. Il est aussi possible de l'entrevoir sur les quelques passages de "Strenght" qui font un peu monter la pression, entre deux nappes de piano enchanteresses, et dans les soli flamboyants qui déchirent le silence.
"Days Of Summer" laisse aussi s'imposer une poignée de riffs plus ou moins mordants, tout en les gardant sous contrôle. Mais autant l'avouer franco, la tonalité générale de l'album est plus acoustique et Rock que Hard. Et ça ne pose aucun problème, puisque les morceaux sont magnifiques quoi qu'il arrive.

Pas de Hard Rock donc, ou très peu, mais beaucoup de Rock et d'acoustique, et surtout, des mélodies à tomber, et des lignes vocales qui séduisent toujours autant. C'est la recette que DARE applique depuis le début de sa carrière, et ça ne changera jamais, alors autant vous y faire.
Et non, Sacred Ground n'a pas la magie de Out Of The Silence, ni la hargne de Blood From Stone, mais après plus de vingt-cinq ans de carrière, et des intermèdes réguliers avec THIN LIZZY, je crois pouvoir affirmer que Darren à d'autres chats à fouetter. Il n'a en tout cas pas à rougir de la comparaison avec Arc Of The Dawn, un peu plus paisible certes, mais d'une qualité équivalente. Sur onze titres, rien à jeter, avec en sus une production qui sert particulièrement bien l'ambiance un peu intime, polissant les graves et faisant briller les médiums pour un confort d'écoute près de la cheminée.

Le choix de telle ou telle chanson dépendra bien évidemment de votre sensibilité du moment, ou du pan du répertoire de DARE que vous affectionnez le plus.
Je vous ai cités quelques exemples, mais j'aurais pu y ajouter la clôture "Along The Heather", et son texte très intime et personnel, se lovant dans des harmonies superbes, ou "You Carried Me", qui adopte le même point de vue, prouvant que Darren a gagné en maturité d'écriture, n'hésitant pas à se dévoiler un peu plus, pour notre plus grand bonheur.

Vingt-sept ans après l'initial Out Of The Silence, et encore plus depuis ses débuts de musicien au sein du LIZZY, Darren et son DARE prouvent qu'ils auront toujours une place à part sur la scène Rock mondiale. Sacred Ground est de cette race d'albums qu'on garde jalousement, qu'on écoute religieusement, et qui vous transposent dans une réalité parallèle, quelque part au pays de Galles, loin du stress de la vie moderne et des clichés véhiculés par un Rock de plus en plus usé.
Un coin de nature qu'on garde dans son cœur. Une musique qui vous en parle d'ailleurs, avec toute la sincérité des grands qui n'ont rien à prouver, et rien d'autre à offrir que ce qu'ils ont.