BLUE STAHLI (usa) - The Devil (2015)
Label : Fixt
Sortie du Scud : 2 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Indus Electronica Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 44 Mins
BLUE STAHLI est un projet différent, bien à part de la scène Electronica/Indus que l'on connaît bien, et reste sous le contrôle total de son créateur Bret Autrey.
Fondé à Détroit - la ville qui commence à peine à se remettre de sa faillite personnelle aujourd'hui - en 1998 sous le nom VOXIS:MACHINA, puis VOXIS comme un simple passe temps extra scolaire, c'est aujourd'hui devenu une machine bien huilée.
Au départ, le projet était exclusivement instrumental. Puis en 2011, un album éponyme chanté vit le jour, définissant de nouvelles règles et ouvrant tout un nouveau champ de possibilités.
Mais Bret, outre ces LP's qu'il produit pour le grand public voit aussi régulièrement sa musique adaptée à des longs métrages mais aussi à des vidéos, des jeux, et développe tout un business autour de son activité, sacrément viable. Ce qui ne l'empêche aucunement de considérer la composition comme un art, certes commercial la moitié du temps, mais qui sait garder des aspirations artistiques lorsqu'il le faut.
Voici donc venu le temps de son second album chanté, après quelques intermèdes instrumentaux (la suite de son anthologie Antisleep, bientôt le volume 4, la version dépouillée des parties vocales de Blue Stahli), et si la fond n'a pas changé, la forme offre quelques variations qui rendent The Devil très captivant, et disons le, très efficace et dansant.
Tout à commencé fin 2013, lorsque l'auteur a eu la vision de la suite de son histoire, via des épisodes découpés en forme de chapitres, qui annonçaient donc ce nouvel effort. Quelques titres ont été présentés en avant première, comme des EP's virtuels, avant que le concept global ne soit envisagé, concept qui trouve aujourd'hui son aboutissement sous la forme d'un groupe de douze morceaux homogènes, sous influences.
La sienne d'abord, puisque depuis toutes ces années, Bret a eu le temps de se construire un monde bien à lui, mais externes aussi, comme celle de NINE INCH NAILS, à cheval entre Pretty Hate Machine et The Fragile, ORGY, SKINNY PUPPY, mais aussi FRONTLINE ASSEMBLY.
Pas vraiment EBM dans la forme, puisque trop agressif, mais on retrouve le côté groove synthétique de la scène Darkwave, dans un ballet entre un WHITE ZOMBIE moins ludique et un HEALTH plus Metal.
Mais rendons à César ce qui lui appartient, car la musique de BLUE STAHLI ne doit pas forcément grand chose à qui que ce soit. Pour l'appréhender dans de bonnes conditions, envisagez les morceaux de The Devil comme des Pop Rock songs déformées par des beats plombés ou légers, des arrangements électroniques, mais qui tiendraient parfaitement la route décharnées et interprétées sur une guitare acoustique ou un simple clavier. D'ailleurs Bret reconnaît que sa principale influence initiale reste ce voeux piano de 1910 que sa mère avait récupéré, et sur lequel il essayait de composer quelques chansons bizarres, comme tout gosse introverti qui se tourne vers la musique comme palliatif d'émotions qu'il a du mal à exprimer.
C'est sans doute ce qui le différencie de la horde de pseudos artistes électroniques qui se contentent de vaguement bidouiller quelques rythmes aléatoirement mis en harmonie sur un ordinateur, sans se soucier de savoir si leurs morceaux tiennent debout en tant que tels.
D'ailleurs parfois, les chansons de The Devil sonnent clairement comme de simples Rock songs qui pourraient tenir du Hard Rock le plus basique ("You"ll Get What's Coming"), des saillies Néo Thrash qui ne font pas dans la dentelle ("Not Over Til We Say So"), des envolées Heavy en diable qui pulsent sans discontinuer ("Rockstar"), ou même des power ballad amères et vénéneuses ("The Devil").
Alors certes, la patte WHITE ZOMBIE/ORGY est parfois salement remarquable ("Armageddon", mais n'oublions pas que le bonhomme est leur contemporain, alors parlons plutôt d'influences conjointes), c'est parfois plus PRODIGY que nature (les arrangements tricotés de "Ready Aim Fire"), mais ça fonctionne comme un album de Classic Rock qui se termine d'ailleurs sur un dernier passage en revue bien dansant ("Demon", sombre, moite et tout en écho).
Pas étonnant que de nombreuses boîtes de prod' fassent appel au musicien pour enrichir leurs films/games, puisque Bret est devenu au fil des années un véritable orfèvre de l'Indus/Electro efficace et pertinent, et The Devil prouve à l'instar de Blue Stahli qu'il a bien fait de passer au chant pour donner encore plus de poids à ses chansons.
En somme, le parcours continue de manière logique, et s'enrichit même avec le temps, puisque ce second album non instrumental est largement à la hauteur du premier, et offre même quelques portes de sortie qui pourraient déboucher sur des couloirs encore plus richement décorés. Et même si vous n'aurez peut-être jamais la chance de voir le projet vivre en live, quelles que soient vos affinités musicales, vous aurez toujours de quoi vous satisfaire dans ce nouvel LP.
Rock, Metal, Electro, EBM, Darkwave, Synth Pop, Indus, l'homme est hétéroclite et assimile le tout dans un ensemble créatif. Certes, il vous faudra passer outre la patine synthétique si celle ci vous rebute, mais les chansons de The Devil sont suffisamment riches pour que vous preniez la peine de les écouter avec attention.
Et puisqu'on en est là, Bret a le mot de la fin le plus pertinent qui puisse être :
"Je m'inspire principalement des bandes originales de film. J'y entends du Rock, du Hip-Hop, de l'électronica, et tout ce qui peut se trouver entre tout ça. Mais je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi il faut douze artistes différents pour en arriver là... Pourquoi un artiste seul ne pourrait il pas faire un tel album, comme s'il trifouillait le tuner d'une radio, pour finalement proposer des morceaux qui proposent un équilibre, sans faire attention au genre en lui-même?"
Et bien mon cher Bret, c'est exactement ce que tu as fait avec The Devil. Pratique ce que tu prêches, toujours.
Ajouté : Lundi 24 Octobre 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Blue Stahli Website Hits: 7428
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