LORRAINE CROSS (FRA) - Army Of Shadows (2016)
Label : Mighty Music
Sortie du Scud : 26 août 2016
Pays : France
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 12 titres – 53 minutes
Tout commence dans un déluge de décibels. Une guitare qui hurle dans le lointain, pendant qu'une autre lâche un riff énorme, sur fond de mise en place rythmique tonitruante. Et puis la main droite (ou gauche d'ailleurs) saccade son attaque, alors même que le duo basse/batterie commence à prendre ses marques.
Puis le chant entre en scène, clair, puissant, et lyrique. Partie en double, solo d'arrangement flamboyant, et la mélodie s'impose d'elle-même.
On accélère un peu le mouvement grâce à quelques contretemps puissants, mais la magie est déjà partout, où que l'oreille tourne et détourne son attention.
Le Heavy, c'est ça. Cette façon de rentrer directement dans les débats sans chercher la discrétion qui n'est jamais de mise. Cette manière de faire table rase du présent pour y dresser la nappe du passé et les couverts de l'intemporalité. On aime, on déteste, mais personne ne pourra nier qu'il en a toujours été ainsi.
Et les LORRAINE CROSS ne font pas exception à cette règle immuable avec leur morceau d'intro "Sharphooter"... Pour beaucoup, ce titre sera un exemple type d'une histoire commencée il y a des décennies, mais pour les membres du groupe, cette intro, ce premier morceau, sont des achèvements en soi. Le fameux "premier album", tant attendu, tant redouté, celui qui permet de se présenter une bonne fois pour toutes et d'affirmer – dans ce cas précis – son allégeance au Heavy Metal le plus pur, et dur, bien sûr.
Les LORRAINE CROSS, vous les connaissez déjà, sinon, je vous enjoins de contacter la belle Katia, leur manager pour corriger cette erreur. Je vous ai déjà parlé d'eux à l'occasion de leur première démo six titres qui avait éveillé mon attention en 2014, mais aujourd'hui, leur carrière négocie un virage au cordeau. Army Of Shadows leur fait passer un cap crucial, et les transforme de fait de petit groupe local en éventuelle valeur sure de dimension européenne via une signature providentielle sur le label Danois Mighty Music, structure qui héberge en ses locaux virtuels d'autres pointures comme Chris Holmes. Mike Tramp, les TYGERS OF PAN TANG et des dizaines d'autres.
Alors qu'en est-il de la transition entre démo et LP d'entame ? Les toulousains ont-ils franchi le cap avec le professionnalisme indispensable au premiers pas dans la cour des grands ?
Evidemment, sinon, mon clavier serait aux abonnés absents. Mais on savait déjà le quintette pro jusqu'au bout des harmonies, alors la surprise n'est pas si grande que ça.
Ce premier LP a vu les choses en grand, de sa composition à sa conception, des morceaux à la pochette, de l'interprétation à la production. L'enregistrement et le mixage ont été confiés aux bons soins de François Merle (MANIGANCE), tandis que le mastering a été assuré avec brio par la légende Tommy Hansen (PRETTY MAIDS, HELLOWEEN, j'en passe et des dizaines aussi fameuses), et le peaufinage se sent dans la moindre note dispensée par le quintette. Le son est énorme, huge mais pas trop, compressé par moments mais assez libre en globalité, et surtout, parfaitement adapté aux désirs musicaux des LC.
Ces désirs sont simples, et nous les trouvions déjà exposés sur la première démo du groupe. Ils n'ont pas changé, ils se sont juste précisés, et sont devenus concrets. Il faut dire qu'en quatre ans d'existence, le groupe, malgré quelques problèmes de line-up a eu le temps de roder son répertoire sur scène et d'affiner sa vision d'un Heavy tirant sur le Power Metal, vision assez classique il faut le reconnaître, mais aussi diablement efficace.
Je ne vais pas recenser toutes les influences possibles du quintette, vous serez probablement meilleur que moi à ce petit jeu, mais parler de MAIDEN, JUDAS, HELLOWEEN et d'autres exemples de la nouvelle garde est une chose tout à fait raisonnable.
Sauf que Army Of Shadows ne se contente pas de singer les héros du passé, mais propose de prendre leur relève, et ce, à un niveau clairement international.
Ce premier album est en quelque sorte un CV très fourni que les LORRAINE présentent à d'éventuels employeurs et collaborateurs. Ils partent en chasse d'un public, dont une grande partie est déjà acquis à leur cause, et pour mettre toutes les chances de leur côté, les Toulousains ont joué la carte de la diversité dans la fidélité.
On trouve donc un peu de tout dans les douze chansons proposées, de l'hymne puissant et rapide à la ballade tendre et mélodique, en passant par le médium bien mordant, et le Heavy tirant sur le Hard bien catchy. D'ailleurs, l'éventail est ouvert en grand dès les cinq premières interventions, qui nous font naviguer à vue du prototype rutilant Power de "Sharpshooter" au dramatique et épique "Die In Your Arms" et ses harmonies à la HELLOWEEN/ANGRA.
"Hard To Get Out" au contraire flirte avec les guitares accrocheuses et torrides du Hard Rock le plus affranchi, et propose une grosse rythmique qui fait dodeliner la tête d'avant en arrière. Le groupe tente même le pari du rythme élastique et dansant pour bien démontrer toute leur ouverture d'esprit, et finit par proposer un véritable hit, à mi-chemin entre GAMMA RAY et BONFIRE... Etonnant non ? Mais avec eux, pas vraiment. Les mecs ne sont pas du genre à rester en terrain balisé, et c'est justement ça qui leur permet de se distinguer de la masse grouillante des groupes du cru.
Cette patte retombe sur les siennes à l'occasion du très hargneux "Go To Hell !" qui ne fait pas grand mystère de son message avec ses guitares à la tierce, mais les enjambées peuvent aussi se vouloir plus grandes comme le démontre l'hyper puissant et Speed "Stray Rocket", instrumental de très haute volée sur lequel les musiciens se lâchent dans un tonnerre de Hard Rock fumant et brûlant.
Mélodie, folie et énergie, tel est le cocktail proposé par Army Of Shadows. Ces douze titres se posent en effet comme une armée tapie dans l'ombre qui prend soudain l'ennemi d'assaut après avoir préparé son plan d'attaque avec minutie.
Et d'ailleurs, après une victoire finale aussi prévisible que méritée, les LORRAINE CROSS fêtent leur triomphe avec leur hymne éponyme, qui tournoie autour d'un riff qui s'emballe d'une rythmique up tempo et d'un chant qui reste campé sur des positions graves après avoir tutoyé des sommets aigus pendant toute la bataille...
La première démo des toulousains de LORRAINE CROSS déployait un beau potentiel, encore un peu rude mais aux contours subtilement polis. Ce premier album les montre au grand jour, les armes affûtées, et la bravoure affichée, et les place d'emblée en première ligne d'un échiquier européen pourtant déjà bien fourni. Et à l'écoute de ces hymnes hauts en couleur, on comprend mieux le choix de cette fameuse croix de Lorraine comme nom de baptême. Car les LORRAINE CROSS n'ont peur de rien, et se battront jusqu'au bout pour lutter contre le Metal tiède et timoré.
Ajouté : Vendredi 26 Août 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Lorraine Cross Website Hits: 7735
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