RITUAL (usa) - Ritual (2015)
Label : Bullet Tooth
Sortie du Scud : 30 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Metalcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 46 Mins
Fans de Post Hardcore et Metalcore, je m'adresse à vous. Oui à vous. Si vous suiviez l'actualité des styles ces dix dernières années, vous n'avez pas pu passer à côté du succès surprise des DEAD AND DIVINE. Après un premier EP au retentissement inattendu (What Really Happened At Lovers Lane), la carrière du quintette s'est poursuivie sur les scènes du monde entier, trouvant un écho énorme au travers d'albums comme The Fanciful ou The Machines We Are.
Et comme d'habitude, les contraintes, les envies personnelles ont pris le dessus, et chacun est parti de son côté voir si le jardin avait besoin d'être défriché.
Ça aurait pu s'arrêter là sans vraiment gêner personne, sauf les fans, mais c'était sans compter sur la passion dévorante de l'un d'entre eux, qui finalement en a eu marre des travaux potagers et qui s'est remis en selle via un nouveau projet.
L'un, c'est justement Matt Ryan Tobin, l'ancien screamer du groupe, qui l'année dernière s'est trouvé un nouveau collectif pour exprimer ses vues, pas forcément très différentes de ses anciennes opinions musicales.
RITUAL, nouveau né, mais pas de la dernière pluie. Outre Matt, on y retrouve Matthew Rigg (basse), Aaron Le Tual et Timothy Busa (guitares), et Dillon Forret (batterie), et leur premier LP éponyme va bientôt sortir via Bullet Tooth, écurie connue pour ses inclinaisons Core plus ou moins en vogue.
Anecdotique ?
Pas tant que ça, puisque sans transcender les codes d'un genre somme toute assez statique et exigeant, RITUAL se démène comme un beau diable pour tenter de se positionner à la croisée des genres.
Screamo bien sur, mais pas niaiseux, Metalcore évidemment, mais pas nauséeux ni tendancieux, un peu chaotique sur les bords mais propre, un peu comme une union subtile entre le passé DEAD AND DIVINE, les DEFTONES et la vague des NORMA JEAN et autres ARCHITECTS.
Ça vous paraît un peu jeune tout ça, trop fashion ? C'est aussi ce que je craignais en m'attaquant à cet album, mais finalement tout ça passe très bien, et sans faire d'effort. Evidemment, tout est là, les gros riffs qui tranchent mais net, le chant qui valse entre cris de révolte contre une vie trop dure, et rythmique compacte et bien appuyée, mais nonobstant ces détails peu surprenants, Ritual fait preuve d'une belle conviction, et frise parfois le Mathcore, le Chaotic Hardcore, quand il se lâche un peu ("Grim Part II"), voire le gros Core dopé aux stéroïdes qui fait les gros bras et part dans un up tempo pour montrer les dents ("White Blooded", quand même assez bordélique et véhément).
C'est très bien exécuté, précis, mordant juste ce qu'il faut, mais arrondi aux angles pour ne pas effrayer les ados trop sensibles. Non, je n'ai pas la dent dure, le Metalcore, c'est un peu le Néo des gosses de 1995, et le Hardcore Metallique de la génération 1986/87, une génération plus loin, et d'ailleurs, chacun à droit à son style de révolte selon son époque. C'est comme ça, alors inutile de jouer les vieux cons.
Surtout que la machine st bien huilée, et que Matt n'a rien perdu de sa persuasion vocale. Il se démène, racle tous les coins et domine de son timbre râpé des compositions standard, mais joué avec les burnes. Et comme en plus le quintette n'est pas à une galéjade près, ils nous assènent même leur propre version de l'amour avec une petite claque sur les fesses de trente secondes ("Love Song"), et un genre de truc à mi chemin entre le Core bien lourd presque aussi abrasif qu'un UNSANE, et la fin de piste samplée qui laisse un discours étrange s'échapper ("Ataxia", dix minutes, mais à peine cinq de musique).
Entre temps, du brutal comme dirait Bernard ("Rat Queen", vraiment méchant avec ses stries de guitares dissonantes et ses plans écrasants de lourdeur), un peu la même chose en version plus sombre et torturée ("Model Wife", en gros la femme idéale vu par des yeux un peu effrayés et à la vision par intermittence), du gros qui ne tâche pas mais laisse des traces version Hardcore bien tendu et épais ("Gag Order" avec quelques variantes dans les vocaux pas désagréables du tout), et puis bien sur, un hit définitif, bénéficiant même de la promotion visuelle d'une vidéo pas trop mal ("Pisces" en ouverture, ça sait déjà exactement où ça veut aller).
Si je vous assure, vous pouvez aimer même si vous avez la quarantaine bien tapée, la preuve puisque j'ai avalé plusieurs fois l'album sans même m'agacer.
Oui, j'ai su rester jeune, mais la musique de RITUAL est beaucoup moins naïve qu'on pourrait le croire en premier lieu.
Tout en suivant des traces de pas bien profondément ancrés dans un sol Metalcore, RITUAL prend quelques libertés pour se radicaliser et éviter les systématismes trop flagrants, et ainsi se rapprocher d'un Chaotic Hardcore plus adulte, mais bien poli quand même.
Ok, production ad hoc, profonde, brillante, performances précises et carrées, mais sans tomber dans les stéréotypes et en lorgnant vers autre chose qu'un sale Screamo déjà rabâché des centaines de fois. Peut être pas de quoi balancer sa discographie Core par la fenêtre, mais de bonnes chansons malgré tout, puissantes et pas si évidentes que ça.
La continuité d'un travail commencé avec DEAD AND DIVINE, avec ouverture sur des préoccupations plus matures.
Des décibels, des plans qui sonnent frais, un rituel certes encore un peu prévisible, mais qui pourrait bientôt remplacer les sempiternelles bougies noires par des têtes de boucs fraîchement coupées.
Ajouté : Jeudi 25 Août 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Ritual Website Hits: 6992
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