BLACK SABBATH (uk) - Cross Purposes (1994)
Label : IRS
Sortie du Scud : 31 janvier 1994
Pays : Grande Bretagne
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 47 Mins
De tous les musiciens qui ont participé à BLACK SABBATH au long de sa tumultueuse histoire, c'est sans doutes Tony Martin qui a été le plus ballotté et quelque peu maltraité par Tony Iommi, le guitariste l'ayant souvent utilisé comme un pis aller faute de mieux. Il a d'ailleurs essayé à plusieurs reprises de remplacer Tony Martin par un chanteur plus connu. La faute n'est pas uniquement à l'homme en noir, les labels et le management du combo ont eux aussi tenté de pousser sur le devant de la scène des frontmen plus réputés, espérant parvenir ainsi à donner au groupe le coup de fouet nécessaire pour lui permettre de retrouver sa gloire passée. Malheureusement, ça ne se bousculait pas au portillon pour endosser le costard de Ozzy et Ronnie Dio et ces derniers, régulièrement sollicités, ne tenaient pas non plus à tenter à nouveau l'expérience, le premier parce qu'il avait un projet solo qui était bien plus connu et rentable que le Sab, le second parce que sa première expérience comme la seconde s'étaient soldées par un divorce tumultueux et douloureux. C'est d'ailleurs après le second départ de Ronnie Dio durant la tournée Dehumanizer que Tony Iommi fait une nouvelle fois appel à Tony Martin pour l'enregistrement du dix septième disque studio de BLACK SABBATH.
Tony Iommi a un temps songé à faire un projet solo mais il n'a pas oublié que lors de sa précédente tentative, son label et son management l'avaient obligé à estampiller son projet BLACK SABBATH feat. Tony Iommi avec le résultat désastreux qu'on connaît, la tournée avortée et les années de hiatus. C'est donc un nouvel album du Sab qui sera réalisé avec Geezer Buttler à la basse, Bobby Rondinelli, ancien batteur de RAINBOW et de BLUE ÖYSTER CULT à la batterie, Geoff Nichols aux claviers et Tony Martin au chant. Notons également la participation de Eddy Van Halen à l'écriture de "Evil Eye" (mais il ne joue pas sur le titre). Le disque est composé et enregistré en quelques semaines, mais la sortie s'éternise à cause d'un énième projet de réunion du line-up historique.
"Mon travail sur le nouvel album de BLACK SABBATH est terminé. Il y aura onze titres, la plupart avec un son très Sabbath, mais avec une ou deux chansons un peu différentes. Je n'ai pas écrit sur des sujets historiques cette fois, mais plutôt sur des sujets d'actualité. Je n'ai pas la moindre idée de la date à laquelle il va sortir étant donné que Tony et Geezer sont encore en train de chercher à savoir si la réunion avec Ozzy aura lieu ou pas. Pour l'instant, rien n'a été confirmé, donc tant que rien n'est certain, je vais me consacrer à mon nouvel album solo (enfin, sauf si Polydor a oublié qui je suis!)" (Tony Martin, juillet 1993)
Le projet de réunion du quartet historique du Sab s'éternisant, Tony Iommi décide de sortir Cross Purposes début 1994, plus de huit mois après la fin de l'enregistrement. C'est un disque à la fois moins virulent que son prédécesseur (Dehumanizer) tout en restant beau coup plus cru et direct dans son approche que TYR. Oubliés les velléités d'un Power Metal précoce, retour aux basiques qui ont fondé la réputation du groupe et que les fans n'ont eu de cesse de réclamer. Cross Purpose renoue avec le Metal sombre et atmosphérique développé sur The Eternal Idol et "se contemple comme un paysage nocturne nimbé de brumes cotonneuses au travers desquels tranchent la voix de Tony martin et la guitare confiante de Tony Iommi" (Guillaume Roos / la bête venue de Birmingham). Niveau production et mixage, on revient aussi à un son beaucoup plus sabbathien avec un dosage équivalent de tous les instruments, sans qu'aucun ne vienne écraser les autres. Les claviers de Geoff Nichols se font plus discrets que sur TYR et les chansons abordent des sujets divers, sans tomber dans la thématique unique des deux précédents albums écrits par Tony Martin. Là où le bat blesse, c'est au niveau de l'inspiration. Car tout paré de beaux atours que soit le projet, le contenu manque carrément de jus et sent un peu le réchauffé.
"Jamais avant Cross Purposes, le superbe et le dispensable ne se sont trouvés dans des proportions aussi égales". Faisant pendant au furieux "I Witness", aux malsains "Virtual Death" et "Cardinal Sin" et aux splendides ballades "Cross Of Thorns" et "Dying for Love", les fades et "Immaculatet deception", "Back to Eden", "The Hand that rock the cradle" sans parler du soporifique "Evil Eye". C'est donc un opus en demi teinte, qui sent un peu le projet bâclé ou mal mûri, la faute peut-être au temps consacré par Tony Iommi et Geezer Buttler à essayer de reconstituer le line-up historique comme si cette carte gagnante représentait la seule planche de salut du Sabbat noir.
Si Cross Purposes est l'opus le moins marquant de la décennie Tony Martin, il n'en demeure pas moins un disque de haut vol qui ne jure nullement dans une discographie Sabbathienne qu'aucun album catastrophique ne vient ternir. La formation a connu des hauts et des bas, il en a même connu plus qu'à son tour entre 1985 et 1995, mais grâce à la pugnacité de son leader Tony Iommi et à l'engagement des nombreux musiciens ayant collaboré au projet, le groupe n'a produit que du bon son. Certes tous les opus n'ont pas la même puissance mais ont peut dire sans complaisance que la discographie de BLACK SABBATH n'a pas pris une ride. Les 18 albums studio s'écoutent aujourd'hui avec un plaisir teinté de nostalgie. Une nostalgie d'autant plus tenace que les trois quart des morceaux écrits par BLACK SABBATH n'ont plus été joués en concert depuis la réunion de Ozzy, Geezer et Tony Iommi.
Ajouté : Samedi 23 Juillet 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Black Sabbath Website Hits: 6252
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