PHAZM (FRA) - Scornful Of Icons (2016)
Label : Osmose Productions
Sortie du Scud : 25 mars 2016
Pays : France
Genre : Black Metal
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 37 Mins
PHAZM est sorti de sa retraite de huit ans mais son nouveau projet n'a qu'une très lointaine parenté avec les trois albums parus entre 2004 et 2008. Ces disques proposaient une synthèse plutôt rafraîchissante entre Death, Black et Southern Rock. Mais en 2008, plutôt que de surfer sur sa renommée en sortant un quatrième disque qui aurait été dans la continuité des précédents, le groupe se met en sommeil. Pierrick Valence, le fondateur de PHAZM met cette interruption à profit pour se tourner vers d'autres formes de musiques. Mais au fonds de lui, il est conscient que le Metal qui lui coule dans les veines l'inspire et le tourmente réclamera bientôt une nouvelle création. C'est pourquoi cette année, PHAZM revient nous visiter avec un album, Scornful of Icons. Ce nouveau projet n'a pas grand chose à voir avec ce à quoi PHAZM nous avait habitués. Et c'est volontaire. On oublie l'ambiance de marigot, le Death'n Roll aux ambiances cajun et on passe à quelque chose de beaucoup plus dark. C'est dans le Black Metal norvégien originel que PHAZM est allé chercher son inspiration, mais c'est une interprétation à sa sauce que nous livre le combo nancéen.
On entre dans ce nouveau projet par un artwork dérangeant et assez éloigné des canons du Black Metal. Il a été réalisé par Valnoir : Deux paires de mains, celles d'un vieillard et celle d'un jeune enfant, des yeux, des écailles de reptile, une arabesque gris-vert. Pierrick Valence le décrit comme "hors du temps. A la fois connecté à quelque chose de paganiste et quelque chose de moderne", ajoutant "On peut très bien être ultra-moderne et totalement connecté à quelque chose de plus tellurique". Tout comme cette pochette énigmatique, le Black Metal de PHAZM cache son jeu. La démarche artistique du groupe n'a rien de réactionnaire. PHAZM va bien plus loin qu'un vulgaire copier-coller des artistes phare de l'âge d'or du Black norvégien. Le quatuor en donne au contraire une interprétation libre, riche, protéiforme que l'on déguste comme on pèle un oignon, une couche après l'autre. La formation n'est pas dans la posture, elle est dans l'intention. Elle n'est pas dans la copie, elle est dans l'hommage.
"Quand t'écoutes ce genre de musique là, tu ne penses pas à un mec avec sa guitare, en train de se brancher dans un ampli, de mettre un micro devant et d'enregistrer avec, tu vois ? T'es connecté à quelque chose de beaucoup plus spirituel, tu mentalises quand t'écoutes cette musique là" (Pierrick Valence interviewé par Metal-Impact le 18 juin 2016).
Que vous soyez fan de la première période de PHAZM ou que vous les découvriez avec cet opus, Scornful of Icons s'apprécie dans la durée. Il faut un peu de temps pour s'acclimater à l'univers sonore. C'est riche, très construit, très dense, ça varie sans arrêt. De prime abord on peut être dérouté par un aspect boite de Pandore du disque. C'est comme si le gang avait voulu compenser ses huit ans d'absence en mettant du contenu à ras bord. La première écoute est donc déroutante, presque indigeste. Il faut laisser passer un peu de temps pour entrer dans cet univers. C'est le prix à payer pour profiter pleinement de ce projet mystique que nous propose PHAZM. En huit pistes oscillant entre 2'30 et 6 minutes, le groupe déploie sa trame envoûtante. Celle-ci repose sur une musique calée au millimètre, à la fois contemplative et violente. Le rythme est résolument rapide, le tempo donné par la double grosse caisse omniprésente (et parfois surexposée dans le mixage) est suivi par les cordistes notamment à l'occasion de brefs mais intenses soli de guitare exécutés par Pierrick Valence. Le frontman multiplie également les ambiances de chant en empilant des voix de différentes tessitures : vociférations primales, chant grogné, pig squeal et vocalises mongoles se succèdent et se complètent pour exprimer des sentiments souvent troubles, malsains, parfois désespérés, parfois enragés. Venant enrichir une recette déjà bien généreuse, nous avons un featuring de Manu Eveno de TRYO au violon sur le titre qui donne son nom à l'album sur lequel s'illustrent également Jean-Claude Condi, luthier spécialisé en nyckelharpa et Alexandra Prat, chanteuse d'ARITA dont le chant vaporeux apporte une petite touche de sorcellerie supplémentaire à un morceau qui résume parfaitement l'esprit général de la tracklist.
Dans cet univers résolument Black Metal, les morceaux les plus denses de la galette auraient mérité d'être un petit peu étiré, pour que les ambiances disposent de plus d'espace pour s'épanouir. C'est le seul défaut de ce disque généreux. Il y a beaucoup de bonnes choses, rien à jeter, des idées neuves à la pelle, mais pas assez d'espace pour les exprimer pleinement. Un petit goût de trop peu qu'on compense en écoutant le disque en boucle.
Ajouté : Dimanche 03 Juillet 2016 Chroniqueur : Rivax Score : Lien en relation: Phazm Website Hits: 7668
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