Dans un paysage désertique et sous un ciel extra-terrestre aux couleurs agressives que traversent des soucoupes volantes gigantesques, un rude combat se déroule entre un dinosaure caparaçonné et quatre humains vêtus de combinaisons spatiales rappelant plus les fantasmes des années 50 que les tenues officielles de la NASA.

Cédant à un penchant naturel pour la science-fiction et le fantastique, j'ai d'abord été attiré par l'artwork de ce premier album du quatuor HELION PRIME. Si on ne peut pas systématiquement juger un livre à sa couverture, dans le cas présent, le contenant annonce plutôt bien le contenu. Tout comme sa pochette, ce disque est grandiose, vaguement vintage et furieusement geek.

HELION PRIME est un projet geek. Une geekitude un peu niaise et forcée qu'on retrouve dans les bios des quatre musiciens, sur leur site internet.
Heather Michels (chant) : "She does not consider herself a gamer but highly enjoys playing Zelda-Ocarina of Time, Majora's Mask, Windwaker, Twilight Princess, and Skyward Sword."
Jeremy Steinhouse (basse) : "The quickest way to his heart is through a Chipotle Burrito."
Justin Herzer (batterie) : "He is a fan of the TV shows Star Trek, Red Dwarf, and Game of Thrones."
Jason Ashcraft (guitare) : "His favorite books are Alien vs. Predator Trilogy and 2001: A Space Odyssey."
HELION PRIME est un projet grandiose. C'est une idée originale de Jason Ashcraft et Heather Michele, ces deux musiciens qui ont un passé commun au travers de diverses collaborations se sont découvert une passion commune pour la SF qu'ils ont décidé de mettre en musique. Le projet est présenté comme du Power Metal basé sur les dernières découvertes scientifiques et intégrant des éléments de science-fiction. Le nom du combo est celui d'une planète extra-terrestre dans "Les chroniques de Riddick", un film dont Heather et Jason sont tous les deux de grands fans. Enregistré dans quatre studios différents, l'album a été produit par Jason Ashcraft et Heather Michele. Le guitariste et la chanteuse ont enregistré une démo en août 2014 puis un premier EP est sorti en février 2015. C'est alors que le groupe s'est constitué avec l'arrivée d'un bassiste et un batteur pour travailler sur le debut album éponyme. Le mixage fait la part belle au chant, enregistrée en plusieurs couches de différentes tessitures, en harmonie ou en opposition, il crée l'illusion qu'il n'y a pas une mais plusieurs vocalistes. Il y a du boulot sur la prod, c'est évident. C'est tellement évident que ça sonne un peu trop artificiel et clinique. La rythmique énervée mais manquant cruellement de fonds, les soli de guitare qui arrivent au moment où on les attend, une construction convenue dans laquelle les seuls éléments dissonants sont les claviers et le chant.

Le groupe embarque un claviériste non crédité au générique dont on peut difficilement ignorer la griffe vu qu'il assure l'intro et quelques soli et échappées magistrales. Si l'ambiance musicale globale n'est pas particulièrement vintage, ces claviers nous envoient voyager dans le temps en sortant du grenier des samples et des sonorités synthétique qui rappellent l'heure de gloire de San Ku Kaï et les pub TV Bontempi, mais que même Jean-Michel Jarre n'utilise plus depuis 1985. Si vous cherchez la touche vintage de HELION PRIME, c'est dans ces claviers d'une autre époque que vous la trouvez, mais aussi dans le chant. Car si la rythmique balance à n'en pas douter du gros Metal très scolaire et banal ; le chant de Heather Michele fait un peu, beaucoup, passionnément penser à ABBA. Choix des mélodies, des intonations, structure narrative renvoient inexorablement vers l'âge d'or de la Pop Music suédoise, pour le meilleur (il y en a qui aiment) ou pour le pire (mais d'autres pas).

Un fonds de tarte plutôt fade, une garniture un brin écoeurante et un glaçage périmé, voici le dessert que nous sert HELION PRIME avec son debut album. Certes, ils utilisent du matos de compétition pour exécuter la recette, mais le résultat manque cruellement de peps, comme on dit dans Master Chef.