BESATT (pl) - Impia Symphonia (2015)
Label : Warheart Records
Sortie du Scud : 1er juin 2015
Pays : Pologne
Genre : Black Metal
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 32 Mins
BESATT a vu le jour ou plutôt la nuit éternelle dans sa Pologne natale en 1991, et fait donc de fait partie des plus anciennes formations du genre. Il aura certes fallu cinq années pour voir apparaître le fruit de cette union, sous la forme d'une démo, Czarci Majestat (La Majesté du Diable), mais une seule année pour que le premier LP ne sorte enfin de la crypte, In Nomine Satanas.
Ce titre était loin d'être choisi au hasard, puisque le seul leitmotiv du groupe est clair et radical, exprimer des idées sataniques au travers d'une musique adaptée. Le Black Metal bien évidemment, âpre, sans compromis, et depuis, le quartette aux nombreux changements de line-up n'a pas cessé de propager son message diabolique.
Une seule petite année après leur dernier méfait, Nine Sins, Beldaroh (chant, basse et seul membre des origines), Astaroth (guitare), Exernus (batterie), et Colossus (guitare) revient nous chanter la gloire du malin et sa gratitude envers son armée de démons au travers d'un EP, Impia Symphonia.
Impie, cette nouvelle offrande l'est. Un simple coup d'oeil à sa pochette lubrique vous en persuadera, et cette pseudo nonne aux atouts plus qu'avantageux et dévoilés sait convaincre un chaland potentiel de pousser les portes de la sépulture.
Mais elle est aussi symphonique, par son approche grandiloquente, magistrale, et ses climats progressifs largement développés tout au long de ces cinq morceaux qui présentent le groupe sous un jour emphatique et emprunté.
Par delà cette présentation sommaire, rien n'a vraiment changé sous le soleil noir de Pologne. le Black de BESATT est toujours aussi précis, lourd et puissant, et se situe dans la lignée d'un GORGOROTH en moins mécanique, d'un MASSEMORD ou même du MARDUK de transition, fin de période Legion. Gros riffs amples qui ravagent tout sur leur passage, la plupart du temps appuyés et déliés, rythmique mid ou down qui suit les ambiances, et longues parties contemplatives largement agrémentées d'arrangements de synthé, pour apporter une touche EMPEROR à l'ensemble.
Mais on pense aussi parfois à du Post Black légèrement dépressif, comme sur la longue suite épique finale "Stworzony z blyskawicy", qui fait même penser à un subtil croisement entre MAYHEM et CRADLE, la froideur des premiers et le grotesque des seconds expurgés. Le groupe, loin de se perdre dans des errances inutiles, reste collé à une thématique harmonique unique, et la traite dans son intégralité, sans pour autant être redondant ou lassant. Construit comme une lente progression, ce morceau propose même quelques choeurs mélodiques très bien restitués, conférant une atmosphère hivernale lugubre au morceau.
Impia Symphonia ne s'adresse pas aux accros des blasts et d'hyper vélocité, puisque sa vitesse de croisière se rapproche de celle de BATHORY pendant sa période Viking, avec la même allégeance à la grandiloquence et la majesté (du Diable bien sur).
A tel point qu'on a même le sentiment par instants d'écouter Blood Fire Death ou même un morceau inédit issu des sessions d'Under The Sign Of The Black Mark ("Czas Wilka" qui malgré une entame détonante retrouve vite les tics de composition lents du groupe). Mais loin d'être désagréable, cette impression donne à cet EP une aura étrange, comme un voyage dans le temps qui trouve un écho dans un présent morne et désolé.
D'autant plus que sur un segment comme "Krew Moich Wrogym", les tonalités changent, et un mid tempo parvient à s'imposer, tout en laissant au batteur quelques libertés percussives bienvenues. Toujours ce synthé triste et glacé en arrière plan, qui rappelle les origines de l'Est du groupe, pour une des rares sorties de piste, toutefois contrôlée et mesurée.
La démesure des arrangements est même accentuée par "Samobуjczy Rytual", qui laisse place à une intro majestueuse, avant que la pesanteur ne reprenne ses droits.
BATHORY donc, MARDUK évidemment, ce nouvel EP des norvégiens continue sur la lancée de Nine Sins, en proposant de nouvelles nuances qui font légèrement avancer les choses. Et si vous occultez la pochette certes émoustillante (si les poitrines opulentes sont votre tasse de thé bien sur) mais un tantinet vulgaire, vous découvrirez un EP de grande classe, qui recycle certes des recettes éprouvées, mais avec talent et conviction. Quant à la production, elle est massive et parfaitement dans le cadre, ce qui ne gâche évidemment rien (le son de guitare est remarquablement abrasif).
Le Diable a encore un bel avenir devant lui avec de tels représentants, et gageons que sa horde démoniaque a su se satisfaire de ces cinq morceaux érigés en leur gloire.
Une symphonie impie certes, mais pour une cérémonie qui a de l'allure.
Ajouté : Dimanche 12 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Besatt Website Hits: 6286
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