DIVISION SPEED (de) - Division Speed (2015)
Label : High Roller Records
Sortie du Scud : 25 septembre 2015
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Metal
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 46 Mins
Pour un groupe qui existe depuis 2008, on ne peut pas dire que DIVISION SPEED soit pressé ou productif. Deux démos, des split, des compilations, un single, mais il aura fallu attendre sept ans pour que les allemands réunissent assez de matériel pour un LP.
Il faut dire qu'en se basant sur leur bio, on apprend rapidement que les jeunes gens ne sont pas très assidus et ne répètent pratiquement jamais, ce qui explique sans doute cet énorme laps de temps entre leur éclosion et ce premier LP, enfin disponible - en vinyle bien sur - via High Roller Records. Car comme ils l'affirment, "le Thrash, c'est une affaire de vinyle non ?
J'ai ici affaire à des passionnés, pas des mecs qui se sont lancé dans le Thrash par hardsard, non des vrais, des affamés qui collectionnent les rondelles d'époque, et qui ont de sérieuses références.
Lorsqu'ils parlent de leur musique, et ils sont assez diserts sur le sujet, ils évoquent constamment des OS de l'époque, HELLISH CROSSFIRE, NOCTURNAL, mais on pourrait en citer des dizaines d'autres.
Pourquoi ? Parce que leur Thrash franc et bestial nous ramène à la glorieuse époque des 80's, lorsque tout était encore à défricher en terme de violence instrumentale, et que n'importe quel groupe suffisamment impliqué pouvait faire avancer les choses.
Certes, depuis l'eau à coulé sous les ponts, et tout a été dit, mais malgré cela, ce premier LP apporte sa pierre à l'édifice sans cesse grandissant du Neo Vintage Thrash, tel qu'il nous domine depuis ces dernières années.
Aux commandes de ce groupe allemand, quatre pseudos qui fleurent bon les guerriers d'antan, ceux de SODOM, de AT WAR, et tant d'autres. Hunter (chant/war propaganda), Venomessiah (guitare/assault riffles), Tailgunner (Basse/anti tank missile) et Aggressive Perfector (batterie/heavy artillery) n'ont ni lésiné sur le look ni sur l'exotisme de leurs sobriquets, et adoptent la panoplie définitive du combo de War Thrash sans aucune honte.
Et pourquoi le devraient-ils ? Car dans l'exercice périlleux de l'hommage, ils s'en tirent à merveille.
Cet album est en quelque sorte un résumé des premières années de DIVISION SPEED, avec une ouverture sur l'avenir. Constitué à moitié de morceaux figurant sur leurs démos, et à moitié d'inédits, il fait montre d'un gros potentiel de violence partiellement maîtrisée. Impossible à l'écoute des tonalités vocales et des attaques de guitare de ne pas penser à la rugosité occulte du premier POSSESSED, Seven Churches, bien que les centres d'intérêt des allemands soient beaucoup plus guerriers que sataniques. On retrouve en effet sur Division Speed les riffs touffus et opaques de Larry Lalonde, et surtout, ce chant étouffé et grave qu'affectionnait tant Jeff Becerra. Pour autant, il est plus question de couleur et d'humeur que de réelle influences, tant le Thrash des allemands s'abreuve à sa propre source géographique. Un peu du KREATOR d'Endless Pain, en version expurgée, pas mal de HELLISH CROSSFIRE en effet, et une touche subtile du BULLDOZER italien pour la brutalité paillarde.
DIVISION SPEED ne se pose pas de questions, et fonce sur sa proie tel un Messerschmitt sur son ennemi. L'image n'est pas déplacée, puisque les obsessions thématiques restent coincées entre 1939 et 1945, et cette deuxième guerre mondiale qui continue des décennies après de stimuler l'imagination des musiciens Metal. On trouve d'ailleurs sur ce premier LP quelques samples historiques, comme un discours d'Otto Wels (représentant du parti Social Démocrate) prononcé en 1933, ou un fameux volet du Deutsche Wochenschau (actualités cinématographiques de propagande du troisième Reich), diffusé juste avant la bataille de Moscou, en 1941. Le groupe a bien sur conscience de la controverse qu'il est susceptible de faire naître, mais le choix de cette période historique comme base d'inspiration ajouté au chant dans la gutturale langue de Goethe accentue l'efficacité de sa musique.
Et celle-ci ne fait pas de quartier. Si beaucoup ont préféré classer le groupe dans un créneau Speed/Thrash au vu de la modération somme toute raisonnable de leurs rythmiques, je préfère de moi même les ranger dans la catégorie pur Thrash, pour cette violence ouverte ou larvée dont ils font preuve. "Black Wolves" fait par exemple partie des plus franches démonstrations du lot, avec son riff tournoyant et son chant vindicatif, et se pose en synthèse globale de premier choix.
Mais il est vrai que sur quatorze morceaux, il n'y a pas grand chose à jeter par la fenêtre du hublot. Même si le tempo évolue toujours dans les mêmes eaux, on sent parfois quelques tentatives de crossover entre le radicalisme de POSSESSED et la fluidité d'un RIGOR MORTIS première époque ("Freezing Cold"), ou au contraire des accalmies Heavy de fort bon ton, comme ce "Rule Britania" qui tempère un peu les ardeurs avec son clin d'oeil historique. L'intro effleure même le passé de la NWOEHTW (New Wave Of European Heavy Thrash Wave), avec ces arabesques de guitare simples et tournoyantes.
Mais c'est décidemment lorsqu'il sonne les charges les plus bourrues que le quartette est le plus efficace, et de ce côté là, pas de question à se poser. Si les armées allemandes avaient été guidées avec une telle autorité et une telle exigence de diligence, il est évident que le destin du bloc de l'Est eut été scellé beaucoup plus rapidement, et beaucoup plus violemment.
Choisissez vous même votre bataille, de "The Iron Wings Of Death" qui cavale comme un panzer à "Division Speed Attack" qui accélère encore plus les mouvements (et évoque le "Pledge To Die" de DEATHROW), le plan de bataille est clair et net, et passe par une annihilation totale et sans pitié.
Son un peu confus mais qui colle à l'approche, musiciens qui privilégient la simplicité et l'efficacité à la tergiversation, Division Speed reste un excellent exemple du revival Thrash européen de ces dix dernières années, et parvient même parfois à nous faire croire à un retour dans le passé grâce à une production et des compositions nostalgiques et inspirées.
A ce titre, le premier morceau "Panzerkommado" est clair, à tous les niveaux. Pas de mauvaises surprises, du Thrash franc et concis, et beaucoup d'envie.
Même si dès le matin, le doux son du char d'assaut dans les oreilles n'est pas le moyen le plus soft de se réveiller.
Ajouté : Dimanche 12 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Division Speed Website Hits: 5356
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