PRIÉ DE ME TAIRE : Je Rêvais D’une Autre Eglise (2009)
Auteur : Gérard Loizeau
Langue : Français
Parution : 8 janvier 2009
Maison d'édition : Max Milo Editions
Nombre de pages : 381
Genre : Autobiographie et réflexions sur l’Eglise
Dimension : 14 x 21 cm
ISBN-13 : 9782353410507
Jamais je n’aurais pu penser que telle littérature puisse faire l’objet d’une chronique pour Metal-Impact. A première vue, le rapport entre le Metal et l’ouvrage de Gérard Loizeau est inexistant. En insistant bien, creusant le sujet, on s’aperçoit que dans certains cas, les deux protagonistes (devrait-on les appeler antagonistes ?) posent le doigt sur le même problème, avec des mots et des jugements de valeurs différents. Je me rappelle avoir découvert l’existence de ce livre par le biais d’une interview de son auteur, disponible dans le canard gratuit « 20 Minutes » distribué à l’entrée des établissements scolaires et différents arrêts de trams, entre autre, sur Strasbourg. Ce jour-là, son discours m’avait séduit. Provoquant par la même occasion l’incompréhension ou l’interrogation de mes compagnons de classe. Toi, métalleux jusqu’au bout des ongles, quel intérêt peux-tu trouver dans un tel bouquin, qui traite d’un sujet aussi dépassé ? Personnellement, je pars du principe que toute expérience est bonne à vivre ou tout témoignage bon à prendre. Celui de Gérard Loizeau me concernait directement, ayant reçu à mon enfance une éducation très catholique, ayant suivi par la suite mon propre chemin mais étant toujours involontairement attaché aux dogmes chrétiens.
J’avoue que la question posée par l’auteur « Dieu souhaite-t-il la souffrance des hommes par la pénitence » était jusqu'à lors sans réponse pour moi. Pourtant, c’est par ces méthodes insoutenables (célibat, chasteté, pressions psychologiques…) que l’Eglise a bâti son empire. Gérard Loizeau témoigne. Attiré par l’Eglise et le statut privilégié des prêtres dès son plus jeune âge, c’est tout naturellement que l’auteur s’engage dans cette voie qu’il s’efforcera de suivre en dépit de ses doutes et de la dureté du milieu. Aussi, on ne lui laissera pas le choix, une sorte de « marche ou crève » toujours dissimulée sous des prétextes divins. Privé d’enfance, privé de liberté, cloisonné dans un environnement isolé, il suivra un endoctrinement en règle et subira des techniques tortionnaires de quelques uns de ses supérieurs les plus radicaux. Il fera deux dépressions et par la suite, abandonnera son statut de prêtre pour s’épanouir après 44 ans de prison auprès de sa femme et de son fils. Derrière ce récit très autobiographique se cache une critique acerbe de l’Eglise et de ses techniques d’enrôlement des jeunes prêtres. La même qu’établit certains groupes de Metal concernant certains sujets comme la pédophilie chez les prêtres. Il n’est guère possible d’éviter à 100% ce genre d’atrocités quand, durant votre enfance, on vous présente la femme comme le Diable, le sexe comme l’enfer, les plaisirs de la chair comme les pires pêchés. La découverte tardive de ces privilèges de la vie peut ainsi faire de gros dégâts. Ceci est tout sauf une caution de ce genre d’actes puisque c’est l’Eglise, plus encore que les prêtres pédophiles, qui est obsolète et responsable. C’est un sujet parmi d’autres mais qui attise régulièrement la haine des métalleux envers le christianisme. Certains en font des chansons comme le combo GRIEF OF EMERALD et son titre « Raped By The Servant Of God ». Aussi, notre auteur s’est souvent heurté à des oreilles closes ou des portes verrouillées quand il a voulu, tant bien que mal, trouver un sens à sa vocation. Avec grande lucidité et une classe dans le style sûre, il dresse un portrait négatif d’une institution surpuissante. Je fais aussi un rapprochement avec mon cas personnel. Il y’a bien des années que je n’ai plus mis les pieds dans une église, car je ne me retrouve en rien dans ces coutumes et pratiques rituelles, qui relèvent pour moi de la tradition sacrée. Rien ne m’empêche pour autant de vivre ma foi pleinement et selon mes propres règles. Je suis très heureux ainsi et peut-être est-ce le choix que n’a pas fait cet homme, celui de dire non. De peur de décevoir, comme il le dit lui-même. Mais décevoir qui au juste ? Dieu ou son entourage ? Finalement, Prié de me taire est bien plus qu’un récit de vie. C’est une réflexion philosophique sur l’Amour de Dieu et son désir de bonheur pour l’Homme ainsi qu’un mémo sur l’Histoire. Loizeau aborde également en ces pages la guerre d’Algérie, mai 1968, Vatican II puisqu’il a vécu tout ça de près. Pourtant, au moment de clore le livre, ce n’est pas l’image d’un vieil homme aigri par son enfance confisquée et son existence contrôlée qui vient en tête. Mais plutôt celui d’un homme rempli de joie, de tolérance et de bienveillance pour son prochain, qui a appris à être heureux et à assumer ses choix.
Un ouvrage que je recommande donc à tous ceux qui sont curieux de nature et désireux d’éclaircir leur vision d’une Eglise qu’ils ne connaissent peut-être pas forcément en profondeur et qui émettent trop de critiques injustifiées, suivant comme des moutons ces groupes de Metal qui, eux-mêmes, ne savent pas toujours de quoi ils parlent. En définitive : une grosse dose de culture et une belle leçon d’amour. Joli coup, monsieur Loizeau !
Ajouté : Mercredi 16 Septembre 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Max Milo Editions Website Hits: 50653
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