STRYPER (usa) - Fallen (2015)
Label : Frontiers Records
Sortie du Scud : 16 octobre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Heavy Metal
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 52 Mins
W.A.S.P. balançait de la viande, NECROPHILIAC à Poitiers des cubis de vin bon marché, eux des bibles. C'est un choix, guidé par une foi indéfectible envers le seigneur, et après tout, mis à part le fait que de se prendre un livre de cette épaisseur sur la tête peut blesser, l'idée était assez noble... ou un peu trop prosélyte.
Dans les années 70, nous avions droit à la bataille KISS/ANGEL, dans les années 80, c'était STRYPER versus un peu tous les autres.
Il était de bon ton de se foutre de leur gueule, de leur musique sucrée, de leur lyrisme exacerbé, et de leurs textes de bénis oui-oui.
Il n'empêche, STRYPER, c'était un bon groupe, mené par d'excellents musiciens, qui de temps à autres, oubliait le glucose de la barbe à papa des nuages célestes pour se lancer dans de solides attaques Heavy. J'ai aimé en son temps To Hell With The Devil, pour la démesure dont il faisait preuve, pour ses défauts de grand écart entre ballades sirupeuses et psaumes Heavy, mais... ça n'a jamais été une passion.
Seulement voilà, depuis le temps, la messe à changé de ton. Le propos est resté le même, mais la voix du pasteur Sweet s'est affirmée, et son backing band gospel à sorti les crocs pour effrayer les pêcheurs. Exit les gentilles prières pour jeunes filles perdues, au revoir les gimmicks à base de "Oh, Oh", de "Hey, hey", STRYPER à changé de missel et ses versets sont beaucoup plus convaincants qu'auparavant. Un peu de la même manière qu'a eu EUROPE de durcir le ton et de revenir vers des bases plus foncièrement Hard Rock, les frères Sweet, Gaines et Fox se sont souvenu qu'outre le Seigneur, leur passion initiale était le Heavy bien cru, et qu'il serait assez judicieux de le prouver aux masses. Le résultat ? Le STRYPER 2015, que l'on aime ou pas, est devenu une machine à convertir les fidèles puissante et convaincante.
On le savait depuis l'acclamé No More Hell To Pay, le groupe était soudé et partait dans la même direction. Les compos solides, l'interprétation convaincante, les 80's semblaient bien loin derrière, comme un rêve dont il leur aurait fallu s'extirper.
Fallen continue sur le même chemin de croix, qui ressemble plus aujourd'hui à une gigantesque vallée en pleine floraison, parsemée de fleurs de feu et d'arbres de vérité au feuilles rougeoyantes. Comme son prédécesseur, ce nouvel album est un buisson ardent brûlant de mille feux, qui risque fort de convertir encore plus de brebis égarées.
En douze versets, STRYPER, toujours mené d'une poigne de fer et de foi par un Michael Sweet omniprésent à la composition, prouve qu'il a de sérieux arguments pour vous convaincre, sans avoir à frapper à votre porte en binôme, arborant le sourire complaisant de rigueur. Fallen est un concentré de Heavy Metal à la puissance noble et grandiloquente, et fait la nique à bien des païens à la réputation pourtant plus solide. Poussez les portes de l'église, et asseyez vous.
Notre père qui êtes aux cieux... c'est parti.
Dieu n'a pas soufflé aux oreilles de Michael la structure de "Yahweh", mais Clint Lowery de SEVENDUST l'a fait. Et frère Sweet a bien fait de l'écouter, puisque ce morceau d'entame fait partie des litanies les plus Heavy que le groupe ait interprété, mais est aussi leur morceau le plus long. Sur plus de six minutes, le quatuor de croisés de Dieu s'envole le long d'une emphase Heavy/Symphonique de toute beauté, avec bien sur un chant toujours aussi puissant et pur (il serait d'ailleurs temps de réhabiliter le talent vocal de Michael Sweet, un des plus grands vocalistes que le Hard Rock ait connu). La tonalité de la célébration est donné, et celui-ci ne changera pas beaucoup tout du long.
Le STRYPER 2015 est toujours aussi grand, accrocheur, et il est difficile de continuer à voir en eux les petits chanteurs à la croix de bois qu'ils étaient il y a trente ans. A moins de faire preuve d'extrême mauvaise foi.
Car même dans les instants de recueillement, les claviers dégoulinant de bons sentiments ont fait place à des guitares acoustiques beaucoup plus intimistes et poignantes. Ainsi, le très joli "All Over Again" et ses harmonies vocales fait aisément oublier les incartades à l'eau de rose de "Honestly" ou "All Of Me", et se teinte même d'un pastel Country tout à fait délicieux. Et pour prouver définitivement leur appartenance à la grande famille du Heavy Metal, le groupe se fend même d'une citation de BLACK SABBATH, symbole occulte s'il en nez, mais en leur empruntant leurs accents les plus emprunts d'empathie. On sait que le texte de Geezer se réfutait d'un satanisme supposé, mais il n'empêche que le rockeur "After Forever" à la sauce STRYPER n'a pas grand chose à envier à l'original, en gardant cette syncope rythmique et cette puissance de feu digne de l'appel de Jéricho.
De plus, niveau lourdeur et emphase, les soldiers under command n'ont plus grand chose à envier à leurs aînés, comme le démontre avec fougue le très accentué "Pride", qui avance comme une congrégation en plein pèlerinage, bible à la main, et foi se reflétant dans les iris. Harmonies à l'unisson, refrain presque Grungy, guitares prosélytes, c'est une autre preuve de la conviction qu'ont les anges jaunes et noirs en leur musique.
Et ils ont raison, celle-ci est brillante, mais n'a pas pour autant oublié les astuces accrocheuses des années 80, et "Big Screen Lies" de le démontrer avec brio. Sous la protection d'un texte assez bien senti et évitant les poncifs, Michael a brodé un thème qui se souvient de la vague Heavy/Hard californienne de 87/88, et qui diffuse un riff touffu qui se niche au creux d'une rythmique groovy.
Mais que serait un album de STRYPER sans une déclaration d'amour sans détour ? C'est sans doute pour ceci qu'ils ont choisi de finir leur messe par un burner dédié au Divin, qui cavale sur un bon rythme, et enjoint les fidèles à unir leur force vocale pour hurler à pleins poumons leur dévotion, sur fond de Hard Rock catchy et up tempo.
Une seule ballade donc, mais de qualité, une absence quasi totale de morceaux passe partout, Fallen est une franche réussite, et les fidèles peuvent être fiers de leurs représentants auprès du royaume des cieux. On peut ne pas adhérer au message, mais qu'importe, puisque celui-ci est propagé avec conviction, et repose sur de solides arguments Heavy. Le temps des gentilles prières du samedi soir et des anneaux d'abstinence est donc bien révolu et aujourd'hui STRYPER fait jeu égal avec les meilleures formations classiques, sans forcer son talent. Mais sans non plus retourner sa veste.
Et avec Fallen, il mérite une bénédiction, urbi et orbi. François, jette une oreille sur cet album, il pourrait te servir à convaincre quelques irréductibles. Toi qui es si ouvert, tu ne pourras qu'apprécier la démarche. Et puis à fond dans la Papamobile, les vitres ouvertes, tu auras l'air définitivement cool...
Ajouté : Mardi 07 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Stryper Website Hits: 5138
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