FULGORA (usa) - Stratagem (2015)
Label : Housecore Records
Sortie du Scud : 24 mars 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Progressive Neo Death Metal
Type : EP
Playtime : 7 Titres - 19 Mins
FULGORA ?
Oui, étrange. Mais ça n'est que le nom de la personnification féminine de la foudre dans la Grèce antique, rien de plus.
Alors, la foudre, je comprends, pas de problème. Le côté féminin de ce groupe sans pitié à la barbarie très prononcée, j'ai plus de mal. Je ne sais pas, peut être font ils allusion à des choses qui dépassent ma compréhension... Tout ça pour dire que Stratagem en use de beaucoup, et qu'ils sont plutôt virils. Mais FULGORA, quezako ? Simple, une association de terroristes bien connus de la scène extrême, puisqu'on retrouve en son sein des membres de PIG DESTROYER, MISERY INDEX ou AGORAPHOBIC NOSEBLEED, qui un jour se sont dit qu'il était quand même plus sympa de faire du bruit ensemble. Et ils n'ont pas été les seuls à penser ça. Un brin d'histoire tiens.
A la base, un concours/deal mis en place par Metal Sucks via un appel d'offre pour dénicher cinq combos sans label et leur permettre d'enregistrer avec Will Putney (producteur du New Jersey, ayant déjà bossé avec pas mal de monde dont BODY COUNT, THY ART IS MURDER ou THE ACACIA STRAIN). Et comme parfois la vie c'est un beau roman, c'est une belle histoire, les bouchers de FULGORA se sont retrouvés dans le quintette de tête et ont gagné haut la main un enregistrement gratuit aux Converse Rubber Tracks de Brooklyn, New York, et dans la foulée, une distribution/signature via le label de Phil "passe le oinj'" Anselmo, Housecore Records.
Alors oui, non, les mecs n'étaient pas des inconnus, et la prise de risque des personnes impliquées était minime. Encore fallait-il que hors de leurs groupes respectifs, les gus fassent preuve d'inventivité et d'efficacité. S'ils sont de leur côté très heureux d'avoir rejoint l"écurie de Phil et ses sorties hétéroclites, qu'en est-il des investisseurs et du public potentiel ? Allait-on avoir droit à une simple synthèse de leur groupe de base, sans flamboyance, sans flamme, ni désir ?
N'oublions pas dans un désir de précision que Stratagem n'est qu'une simple compilation de singles vinyles et de morceaux provenant de divers samplers, et non pas un tout pensé comme une globalité. Peu importe puisque la cohésion est là, et qu'il faut vraiment connaître les issues originales pour savoir que le fil d'Ariane est en fait multiple. Et puis, est-ce vraiment important ? Non, l'intérêt réside dans la musique, et celle ci est riche, dense, brutale et assez complexe. Il ne s'agit pas vraiment de Grind, pas non plus de Death, mais plutôt un truc à cheval entre ces deux styles, avec une grosse approche Hardcore bourrue et massive. Le son est énorme, compact, met en avant une rythmique inépuisable au son large, tout en laissant une bonne place aux guitares qui saupoudrent de riffs épicés tous les morceaux.
Progressif ? Oui, c'est une idée qui peut germer. Les morceaux contiennent suffisamment de plans pour qu'on puisse en parler, même si la brutalité outrancière de l'objet dévaste tout sur son passage. Mais les musiciens sont intelligents, et ne se sont pas contentés de tout casser sur leur chemin, ils l'ont fait dans les règles, et si le tempo frise parfois les excès du Grind le plus torride ("Meridian"), la plupart du temps, nous avons droit à un étalage de structures multiples, soutenues par une batterie hystérique qui laisse ses baguettes danser le St Guy dans une joie frisant l'hystérie.
Ca donne parfois la sensation que les RIGHTEOUS PIGS et NAILS sont rentrés en même temps dans un magasin de porcelaine pour loucher sur le même service à dessert ("Splinter", aïe, ça fait mal), ou que les PIG DESTROYER et UNSANE partagent le même trottoir sans vraiment le vouloir ("Artifice", condensé de haine pure qui marche d'un lourd tempo heavy Glauque N'Core).
Hallucinant de vélocité et de férocité, ce premier effort pourtant assemblé d'éléments disparates est d'une franchise rare, tout en restant un peu roublard. Il faut dire que le trio est mené d'une gorge de colère et d'une guitare vengeresse par B. L. LaMew, soutenu par la paire rythmique Adam Jarvis (batterie, AGORAPHOBIC NOSEBLEED, MISERY INDEX, un furieux du kit) et John Jarvis (PIG DESTROYER), qui une fois ensemble s'amusent beaucoup à mélanger le Néo Death US, le Hardcore New Yorkais et le Grind anglais, ce qui au final, donne une bonne pile de barils de nitro qui menace d'exploser à chaque soubresaut.
Seul dénominateur commun, la violence, omniprésente mais canalisée, qui permet de fréquentes déflagrations ahurissantes de puissance. Mais le tout joué avec une certaine finesse non dénuée de doigté, même si l'impression de suffocation vous prend aux burnes dès les premières secondes.
Et si l'on met de côté quelques intermèdes samplés, le tout est assommant, à l'image de ce "Crutch" sans concession aucune qui ratisse large, cherchant à séduire et fédérer tous les publics extrême en traitant le Death sous son aspect le plus Hardcore.
En vingt minutes, pas le temps de souffler, mais sans vraiment savoir, je pense croire que ça n'était pas le but d'origine. Alors la foudre, OK, j'acquiesce toujours. Mais la féminité la dedans, j'ai beau chercher, je ne la vois nulle part.
Mais après tout, une affaire de mecs de temps à autres, ça fait du bien.
Ajouté : Samedi 04 Juin 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Fulgora Website Hits: 5136
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