MAX PIE (be) - Tony Carlino et Lucas Boudina (Juil-2015)
Bien éloigné des clichés traditionnels des groupes de Prog à papa, MAX PIE continue son petit bonhomme de chemin dans une scène encore trop mise de côté par les fans de Metal. Odd Memories, leur dernier effort en date, vient mettre un coup de pied dans la fourmilière progressive à grands renforts de guitares agressives et de mélodies entêtantes. De quoi motiver le rockeur du coin à se passionner pour les rythmes en 5/4 et autres anacrouses vicieuses sans risquer l'indigestion de notes. Tony et Lucas profitent du soleil de ce mois de juillet pour venir nous expliquer cet amour pour la musique bien faite autour d'une bonne bière matinale.
Line-up : Tony Carlino (chant), Sylvain Godenne (batterie), Damien Di Fresco (guitare et claviers) et Lucas Boudina (basse)
Discographie : Initial Process (album - 2011), Eight Pieces (album - 2013), Odd Memories (album - 2015)
Metal-Impact. A l'écoute de votre nouvel album, j'ai du mal à croire que vous avez commencé par des reprises d'AC/DC. L'intro digne d'un film d'action futuriste à gros budget, les synthés,... c'est l'artillerie lourde !
Tony Carlino. Ce n'était pas le même line-up ! Avec celui actuel, chacun a apporté ses influences. Damien, notre guitariste et principal compositeur, amène cet aspect cinématographique. Pour autant, nous avons une véritable "ligne conductrice" qui est celle de jouer du Prog en le rendant digeste. Nous voulons que l'auditeur de Rock au sens large se souvienne de nos morceaux.
MI. Cette démarche demande une certaine exigence. Jouer du Prog correctement est déjà assez compliqué...
Lucas Boudina. C'est surtout un style complet. Tu peux prendre des influences de partout et les rapporter à la musique progressive, sans limite. L'esprit est Rock'n'Roll sans réelle barrière de style.
Tony. Même si de superbes chansons ont été écrites avec trois accords, il devient parfois lassant pour un musicien de continuer à les jouer depuis plus de 10 ans. Dans ce style qui nous définit, tu peux encore découvrir de l'intérêt à rejouer pour la millième fois ce même morceau. Le jeu de tension change avec le temps ou la situation.
MI. J'ai l'impression que vous voulez remettre ce style au goût du jour. Pour le moment, il reste un rayon placé à côté des disques de Metal. Comme un hobbie de pharmacien de province, exigeant et décalé...
Tony. C'est bien ça l'idée ! La musique, c'est un groupe, une musique, une image, un look,... il faut rendre tout cela cohérent et digeste afin d'arriver à la remettre sur l'avant-scène. Mais notre musique garde tout de même des inspirations plus anciennes comme le Hard FM.
Lucas. Nous ne cherchons pas la complexité en tant que finalité. Cela serait une erreur. Il faut garder la simplicité du Rock et de son message. Être efficace pour que la musique se partage le plus possible.
Tony. Comme avec des refrains qui restent en tête sans s'enfermer dans le format "3 minutes 30 secondes".
MI. Ou l'absence de concept.
Tony. On se base effectivement plus sur un univers qui contiennent nos idées que sur un concept album. Nous voulons que l'auditeur entre dans celui-ci. L'aspect Futuriste mais aussi Steampunk de la pochette ainsi que le nom de l'album, Odd Memories le plonge en plein dedans.
MI. Comment pourrait-on décrire vos quatre personnalités d'un point de vue musical ?
Tony. Lucas vient du Blues tandis que Damien peut être considéré comme un geek. Je me considère plus comme un metalleux à l'ancienne assez curieux et à la page. Sylvain, lui, c'est GENESIS. Voilà comment, après avoir remué tout ça dans un sac, on obtient MAX PIE !
MI. Vous avez sorti un vidéo-clip pour "Unchain Me". C'est quelque chose qui vous attire ?
Tony. Lorsque tu sors des chansons, tu ne peux pas faire sans. Là encore, on a pas voulu se montrer en train de jouer comme des bêtes. Il fallait scénariser la chose pour faire accrocher la musique. On y retrouve notre univers Steampunk, notamment à travers la mise en scène et l'acteur qui joue ce savant fou.
MI. Quel film pourrait entrer dans cet univers MAX PIE ? Un film dont auriez aimer participer à la création musicale ?
Tony. Sans aucun doute La Cité des Enfants Perdus de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet.
Lucas. Il y a aussi les films de Ridley Scott par son mélange mécanique et organique.
Tony. Nous apprécions cette science-fiction qui apparaît comme crédible dans un futur que l'on devine pas trop éloigné.
Lucas. Tout cela résonne avec la période actuelle sociétale de "l'humain amélioré".
MI. Les écrans de la pochette me font aussi penser à Vidéodrome de David Cronenberg, lorsque le protagoniste voit son ventre en combiné téléviseur magnétoscope. Comment appréhendez-vous justement le futur et les perspectives que contiennent votre esthétique et celle des films dont on parle ?
Tony. Nous essayons justement de pointer du doigt ce futur pour pouvoir en avoir conscience et même en discuter. Réagir en connaissance de cause. Dans notre monde actuel, les gens se laissent vivre sans se soucier des conséquences réelles du consumérisme. La plupart ne s'en soucie qu'à travers un écran sans faire le lien entre leur indignation et leur comportement. Il faut commencer à se poser des questions.
Lucas. Cela fait malheureusement partie de l'évolution des temps et je doute qu'il existe une conscience collective. L'individualisme a pris le pas dessus. Être différent en s'habillant au même endroit que tout le monde, c'est idiot. Nous devons arrêter de nous placer au centre et arrêter de nous affirmer à outrance. Nous ne sommes pas grand-chose au final alors pourquoi tant d'arrogance ?
MI. On devine tout de même une part de spiritualité dans vos textes et votre musique...
Tony. Même s'il n'y a pas véritablement d'aspect religieux dans les textes, nous sommes issus de la culture chrétienne avec des valeurs et une morale. Il m'arrive effectivement de parler de Dieu en écrivent un texte mais cela reste en général dans l'intime. A titre personnel, je suis convaincu que nous ne venons pas de nulle part et qu'il y a une volonté supérieure. Comme je te le répète, c'est plus personnel qu'un message que je transmets à travers MAX PIE. Je n'évoquerai pas dans mes textes ni la foi, ni les écritures ni même le dogme.
Lucas. Au delà de la religion, je pense que l'Homme a conscience de faire le Bien ou le Mal. J'ai toujours cela en tête et je pars de ce constat. La musique a la force d'échapper aux différents carcans des religions et elle doit rester libre, sans structure pyramidale.
MI. Et votre futur à vous, c'est quoi ?
Tony. Les concerts ! On a des soucis avec ça car on habite dans des villes éloignées. On répète peu mais avec pas mal de boulot pour tout caler. On travaille chacun dans notre coin et on bosse ensemble le rendu pour le live. Les enchaînements, l'ambiance,...
MI. C'est pas trop dur de rester soudés et motivés ?
Tony. Pas du tout, je dirais même plus que c'est plus simple. Je viens de l'ancienne école où tu répétais trois fois par semaine mais en fait tu ne répétais pas car tu ne travaillais pas chez toi et tu apprenais les morceaux en studio. Se retrouver à bosser à quatre ou cinq des parties différentes, c'est ingérable et tu n'avances pas. Là, c'est de la rigueur avec des gens qui ont le niveau et la volonté. Derrière, ça déroule.
Lucas. Ce n'est que de la musique.
Ajouté : Mercredi 19 Août 2015 Intervieweur : JL Lien en relation: Max Pie Website Hits: 8703
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