RICHARDS / CRANE (usa) - Richards / Crane (2016)
Label : Metalville
Sortie du Scud : 27 mai 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Urban Folk
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 34 Mins
Je vais mettre les choses au point dès le départ. J'adore Whitfield Crane, pas à cause d'UGLY KID JOE, enfin pas seulement, pas parce qu'il est très drôle, même si il l'est, pas parce qu'il est beau, même si il l'est, mais parce que sa voix est capable de transcender n'importe quelle bouse composée sur un coin de table un soir de cuite à la chartreuse.
C'est comme ça...
Alors je suis son évolution. Depuis... Le premier EP des UKJ en fait, et je n'ai jamais lâché l'affaire, même quand il a fait n'importe quoi avec Logan "Traitor" Mader dans MEDICATION. Et pourtant le rendu était bien vilain, comme un sale duo entre McCartney et Wonder ou Jackson.
Bon depuis, il s'est rattrapé, avec le JOE bien évidemment dont le dernier album est une bombe à fun et émotion, mais aussi en doublette avec Lee RICHARDS de GODSMACK dans l'aventure ANOTHER ANIMAL.
Marrant de parler de Richards justement, puisque la romance continue en 2016, sous une forme un peu différente...
Avec un backing band remanié, dans lequel on retrouve l'immanquable Shannon Larkin (GODSMACK et UKJ, ça reste dans la famille), Dave Fortman (hum... UGLY KID JOE, encore ?), Jimmy Preziosa (DROPBOX) et même quelques guests assez fameux dont le moins notable n'est certainement pas l'apparition magique de Myles "Slash" Kennedy (ALTER BRIDGE, et puis le chevelu au chapeau entre guillemets), les deux compères se retrouvent, au coin du feu, pour un nouveau chapitre de leur collaboration/amitié.
Mais cette fois-ci, l'ambiance est quelque peu feutrée...
Le but du jeu, puisque c'en est un ? Enregistrer un album qui aurait pu voir le jour il y a quarante ans, en plein milieu des années 70.
Les références ? Le Crosby, Stills & Co, AMERICA, CREEDENCE, mais aussi les EAGLES, le MAC et la horde de rockeurs à tendance Folk qui savaient encore admirer leur Amérique de près une guitare acoustique à la main.
Oui acoustique. Pas la peine de vous exciter ou d'espérer que j'exagère, vous n'aurez rien d'autre ici. Et franchement, aussi surprenant que ça puisse paraître, c'est une très bonne chose. Parce que le résultat est à la hauteur du talent des deux bonhommes. Honnête, et fantastique.
Richards/Crane est un de ces disques qui font chaud au cœur quand justement la brume enveloppe l'âme. Il est chaud comme un feu de nuit sur une plage, les amis à vos côtés, le rire côtoyant les larmes, et les souvenirs plein la bouteille. Pas de Hard Rock, non, personne n'est là pour faire le malin, mais pour se montrer sans son déguisement de gros dur à ceinture de décibels, et révéler sa face cachée, plus sensible, et plus perméable à une tranche fabuleuse du patrimoine musical US.
Alors je le reconnais. Tout ceci n'a rien à faire ici, mais... who cares ? Vous êtes comme moi, vous adorez votre Rock fort, bien chargé et sans sucre, mais je suis sûr qu'au fond de vous, vous êtes aussi sensible que la moyenne des gens, alors, admettez-le sans savoir.
Ces guitares acoustiques, ces percussions, ces nappes vocales et cette quiétude ambiante, ça vous parlera, comme ça m'a parlé.
Parce que loin d'être tombé dans la complaisance at home with some friends, by ourselves, le duo a vraiment soigné ses compositions, et surtout, ses arrangements vocaux, qui évoquent le meilleur AMERICA, ou même un ZEP plus contemporain, avec une touche de "Going To California" au coin de l'œil.
"Si je devais décrire le son de cet album, j'irais chercher ses racines dans les années 70, avec beaucoup d'harmonies vocales, et de contre mélodies. Travailler avec Whit est vraiment un plaisir, il a vraiment une des tessitures les plus larges du métier, et j'ai toujours adoré la façon dont nos deux voix se marient".
C'est Lee Richards lui-même qui déclare ceci, et je me dois de soutenir ses propos à cent pour cent. D'une parce qu'ils ont fidèles à la réalité, et d'autre part, parce que les voix de Lee et Whit se complètent en effet à merveille.
Et aussi délicieux soit le single/duo/trio avec Myles, la vraie force du projet se trouve dans le talent naturel des deux musiciens qui se connaissent très bien.
"Black And White", illustré d'une superbe vidéo du même toucher et figurant quelques caméos savoureux (Phil Anselmo, les STEEL PANTHER, Dee Snyder et bien d'autres), est en effet un simple qui paraissait évident à mettre en avant pour cette combinaison de chants veloutés et apaisés, mais il est en fait à l'image de l'album dans son intégralité, et non une pierre précieuse cachée dans une meule de foin.
Lee et Whit ont eu l'intelligence de ne pas s'éterniser pour permettre à leur parenthèse de garder ce côté frais et impromptu, comme un bœuf qu'on surprendrait sans le vouloir. Une demi-heure de calme acoustique, débordant pourtant d'énergie, et bâti sur une succession d'accords simples soulignés par une rythmique de peaux très sobre.
Impossible de piocher une tranche au hasard, toutes les parts cachent une fève. Votre sensibilité décidera par elle-même, la mienne a choisi parmi tant d'autres "Rainy Day", pour son texte un peu nostalgique de dimanche de pluie, et ses parties en slide qui rappellent clairement AMERICA. L'ouverture "Homeward" est aussi un morceau de choix, avec sa mélodie un peu timide et sa partie de batterie groovy mais délicate. Une fois de plus, les mots sont choisis, et pas par hasard, et s'adressent à tout le monde, dans une splendide épure d'émotions.
"I hope someday I will find my dreams".
C'est dérisoire sans doute, mais ça me parle, comme ça doit certainement concerner beaucoup d'entre vous. Pas de Hard Rock donc, mais du Folk de toute beauté, porté à bout de grâce par deux artistes uniques, qui s'éloignent chacun de leur univers d'origine pour se rapprocher de leurs racines.
Des guitares, des voix, pas d'esbroufe, juste de la musique, réduite à son essence la plus brute, et pourtant si fine à la fois.
Un bien beau voyage dans l'intimité de Lee Reynolds et Whitfield Crane, qui pourrait être la vôtre, la nôtre, la mienne...
Oui j'aime Whitfield Crane, je l'avoue. Ce mec est résolument à part, et possède une des plus belles voix que j'ai pu entendre.
Mais il possède surtout un charisme extraordinaire, caché sous une épaisse couche de normalité et d'humilité. Tout comme cet album.
Ajouté : Samedi 07 Mai 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Richards Crane Website Hits: 5416
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