BAD RADIATOR (se) - Demons (2015)
Label : Crazy Feelgood Music
Sortie du Scud : 1er octobre 2015
Pays : Suède
Genre : Hard Rock / AOR
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 41 Mins
La Suède, encore et toujours. En terme de revival 70's, 80's, d'AOR de qualité, et de Hard Rock mélodique, ce pays est un réservoir qui semble sans fond, tant de nombreux groupes en émergent régulièrement. Ca devient assez impressionnant à la longue... On savait dans les 80's que la propension des musiciens du cru à jouer un Heavy/Hard de qualité était grande, mais depuis la fin des années 2000, la production locale prend des allures de boite de Pandore.
Le quatuor BAD RADIATOR s'est ainsi formé dans la logique de cette tradition en 2011, à Stockholm. Quatre musiciens pas nés de la dernière pluie, dont certains avaient fait partie du groupe GRACE, responsable d'un gros hit local en forme de BO, "Ingen kan älska som vi", ayant fait les beaux jours de radios et des amateurs de salles de cinéma.
Demons est leur troisième album, après Hypnotize en 2012, et Shangai en 2014. Mais loin de se contenter de suivre les épîtres du livre saint du Hard Rock mélodique, les suédois osent s'en écarter pour réciter avec brio quelques psaumes AOR de très haute volée, comportement musical qui les place en porte à faux, à mi chemin entre le gros Rock énergique, et l'AOR/Pop Us des années 80, sortant du shaker un cocktail frais, mais qui pourra parfois sembler un peu léger pour certains d'entre vous.
Ce qui n'empêche pas certaines saveurs d'avoir un goût assez épicé. Certes, les claviers sont omniprésents, et parfois au premier plan, mais certaines envolées agressives valent leur pesant de Hard Rock. Demons au visuel intrigant dessiné par l'artiste des studios Silo Design Susanne Cerha, se partage en effet entre éclairs puissants portés par un tonnerre de guitares mordantes, et embellies solaires de fin d'après midi, et leur cortège d'harmonies douces et romantiques, sans toutefois le céder à la mièvrerie.
On pourrait rapprocher ce troisième album de certains efforts de JOURNEY, comme un mash up de leurs albums de la fin des 90's et des heures plus accessibles des 80's, telle une rencontre entre Arrival et Raised On Radio pour être plus précis.
C'est parfois limite dans le rattachement, comme le démontre la superbe ballade "Fairytales", en duo avec Linnea Hansson (que je soupçonne d'être la fille du batteur Roger Hansson...), qui se promène au gré d'une Pop/Aor lisse et policée, mais heureusement pour vous, ce genre d'intermède est souvent contrebalancé par des grooves costauds dans la veine de "Hey", qui n'aurait pas dépareillé sur un LP de HAREM SCAREM ou sur le Rush Street de Richard Marx.
L'équilibre, tout est une question d'équilibre. En ce sens, Demons est un modèle du genre. Lorsqu'on pense que BAD RADIATOR est en passe de tomber dans le côté obscur de la force Pop, les choses s'arrangent d'elles mêmes, et les riffs reviennent au premier plan.
Ce qui ne les empêche pas d'assumer leur passion et leur vécu, pour un résultat souvent largement au dessus de la moyenne.
Ca peut même devenir très Heavy à l'occasion, "Keep Moving On" en tête de liste, à la lourdeur bien sentie, et entonnée en trio avec un petit coup de main vocal d'Annika Wallberg et Maria Andersson. Feeling un peu ZEP et KING'S X, voix en avant plan, et guitare qui lamine un riff saignant sans empiéter sur les mélodies vocales qui s'entremêlent avec bonheur.
Et quand bien même le quatuor le cède aux impulsions synthétiques des années 80, le résultat est quand même brillant et nous replonge dans les souvenirs des FM Us qui à l'époque se délectaient de ces albums à la frontière du Rock et de la Pop, qu'on allait pas tarder à tous ranger dans la catégorie vulgarisante AOR, pour bien démarquer les publics potentiels.
"Do It Again", même s'il n'a que peu de points communs avec son homonyme édité par les légendaires STEELY DAN, balance comme une gros tube de la période 85/86, et laisse même s'échapper un joli solo qui électrise légèrement l'atmosphère cotonneuse et intimiste. Il faut je le conçois admettre que les claviers jouent un rôle prépondérant ici, mais la production aplanit tellement le tout qu'il n'est pas très compliqué de l'assimiler.
Et une fois fait, on découvre un album ciselé de bout en bout, qui certes cite allègrement des références connues, mais qui assume ses choix crânement. "I Forgive You Honey" pourrait symboliser par exemple une réunion impromptue entre John PARR et HAYWIRE, avec son refrain taillé pour les ondes d'il y a trente ans, et ses couplets plus retenus.
Demons prend d'ailleurs grand soin de ne pas s'achever sur une blue song comme la logique l'aurait voulu, mais appuie un peu plus son discours avec une onzième perle toujours entre deux eaux, "When All Is Said And Done" tutoyant le Hard Rock de ses guitares, et le middle of the road de son refrain entêtant. Il est certain que l'émergence depuis la fin de la première décennie du 21ème siècle de projets comme THE NIGHT FLIGHT ORCHESTRA peut aider des groupes comme BAD RADIATOR à capter l'attention d'un public Hard Rock moins à cheval sur les principes, mais il n'empêche que les qualités intrinsèques de cette troisième livraison parlent pour elles mêmes, et n'ont pas forcément besoin d'un coup de pouce pour s'imposer.
Sans compter sur le latent individuel des musiciens, Mikael Lundgren en tête de liste, avec sa voix douce, smooth et veloutée, qui laissent le métier parler sans avoir recours aux facilités du pilotage automatique.
Demons, titre étrange pour un album à l'approche simple et sans détours. Mais peut être est un message, une suggestion pour exorciser vos démons intérieurs qui seraient susceptibles de vous éloigner d'un disque un peu trop produit et à la production léchée...
Ajouté : Samedi 23 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Bad Radiator Website Hits: 5714
|