DRAG ME UNDER (usa) - Moon Ripper (2015)
Label : Auto-Production
Sortie du Scud : 20 septembre 2015
Pays : Etats-Unis
Genre : Hardcore
Type : Album
Playtime : 6 Titres - 32 Mins
Une fois encore, je navigue à vue en m'occupant d'un groupe dont personne ne parle, et qui est plutôt radin en infos. Les DRAG ME UNDER nous viennent donc de Reno, Nevada (vous savez, la ville où Johnny a buté un mec, juste pour le voir crever), et ça déjà, ça sent plutôt bon. Les combos du cru ont souvent un son assez... cru justement, et cette fois encore, l'exception ne fera pas règle.
Brandon (guitare), Jeromy (Basse), Maurice (Chant) et Pat (batterie) ont quelques sorties à leur actif, et Moon Ripper est donc leur troisième album, après The Great Devour en 2011, et Dead Duded On Dead Horses deux ans plus tard.
Sous une très jolie pochette à a la jolie lune/tête de mort vert fluo ne se cache pas un excellent disque de Chaotic Hardcore comme les blogs se plaisent à le décrire, mais plutôt un disque brûlant de Brutal Hardcore, car les américains ne laissent pas les rythmiques heurtées dominer et sont beaucoup trop Heavy pour revendiquer cette appellation.
Et vous savez quoi ? C'est assez cool en fait.
Non, la base est indéniablement Hardcore, et du plus ténu, mais le feeling qui exsude des compositions est plutôt Steetcore la plupart du temps, un peu Downtempo à l'occasion sans les tics graves insupportables des guitares, et on peut même sentir en approchant bien les oreilles quelques réminiscences de la vague Nola/Southerncore, pas forcément Bluesy, mais reniflant légèrement l'odeur d'un sale bayou infesté de cadavres.
Mid tempo, down tempo, mais des plus teigneux, comme un sale marginal qui vous colle aux basques pour une piécette, ou un gang les poings serrés dans une rue mal famée. A vrai dire, DRAG ME UNDER touche un peu à toutes les variantes possibles, et de fait, enrichit sa musique pour la rendre encore plus puissante.
C'est le mot. Et lorsque le duo basse/batterie s'énerve un peu, ça décolle sec et sans avertissement, comme sur ce "Giza Batteries" qui finit quand même par s'exciter sur un mélange de tempi assez jouissif.
La production très compacte étouffe un peu le tout, mais loin de handicaper le groupe, elle lui confère un surplus d'énergie brute qui énerve encore plus des morceaux déjà bien bougons. Niveau instrumental, les rangs sont serrés, et c'est tous pour un, un pour tous. L'osmose est impressionnante, le bloc indissociable, et la bande avance sans ralentir, sure de son fait.
Maurice vocalise sec et nerveux, dans la plus droite lignée des contestataires Core des 80's/90's, et l'adjonction de sa voix sur des lignes de guitare froides rappelle même les grands moments de HELMET, en plus abrasif et moins cyclique. Pas forcément Indus, mais très cold dans l'échine, même si le quatuor ne se contente pas de rester bloqué sur un riff/une ambiance pendant deux ou trois minutes.
Non, malgré leur belle cohésion, ce qu'ils kiffent par dessus tout, c'est la versatilité logique. Les plans s'enchaînent sans temps mort, picorant de ci de là les graines de la discorde Nola, voire même celle du Stoner/Sludge ("Moon River", monstre de brutalité tendue comme un poing avant la baston), avant de partir dans une rage ébouriffante, digne des ténors du Métal/Core des 90's.
En fouillant leurs influences, on ne trouve rien de vraiment probant. DILLINGER, CONVERGE, NORMA JEAN, tous ces cas sont hors sujet, car DRAG ME UNDER est beaucoup plus stable, sans pour autant faire preuve de plus d'empathie auditive.
En témoigne le surpuissant "Dance Like You Want to Win it", qui tient autant des marathons de danse des années 30 que de la gigue esquissée sous les coups de pétard d'un cow-boy pas content, mais qui reste agglutiné à un down tempo groovy, sans chercher à varier son discours. Le chant atteint des sommets de véhémence, et Maurice éructe, vilipende, harangue sans relâche des ses invectives les plus engagées. Guitares lourdes et sombres en avant, un peu Sludgecore très balancé, agrémenté de breaks sobres mais qui tombent pile poil comme un gros glaviot.
S'il est à l'aise dans la variété de ton, le quatuor ne rechigne pas à appuyer un gros mid tempo qui laisse dominer quelques percussions bien street, et déroule un riff porteur comme une poutre de grange sur "Funeral Grab", à la basse aussi grondante et sourde que celle de Rex, tout en se finissant sur une diatribe à la limite du Crust, "Party Sharks", au phrasé vocal saccadé et au refrain scandé comme un leitmotiv de manif.
Ajoutez à ça quelques pamphlets limite Induscore et poisseux comme un vieux marais lardé de nénuphars pourris ("Last Chance Of Gold", tout ce qui brille n'est pas or mais c'est quand même la plus métallique du lot), et un morceau d'intro ("Rest In Peace, Red Wolf") qui ridiculise des générations de BIOHAZARD jusqu'aux arrières arrières petits enfants des petits enfants.
In your face, intelligent juste ce qu'il faut, avec le bon quota d'idées porteuses qui tombent régulièrement, sans perdre une once de terrain dans le domaine de l'efficacité écrasante. Allez, on vous aiguille un peu, une grosse louche de Hardcore credibility, un gros poil de Metal, une pincé d'Indus gelé, de rares allusions Sludgecore, et par dessus tout, une simplicité loin de la facilité, et des musiciens vraiment à fond dans leur truc.
Ca fait du bien, comme un grand verre de vin chaud après l'ascension.
Mais vu leur nom, méfiez vous, ils pourraient vous tirer de votre pieu pour vous latter en dessous. Alors gardez les yeux ouverts, et les oreilles bien débouchées.
Parce que ça ramone tellement que le cérumen fond de lui même.
Ajouté : Samedi 16 Avril 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Drag Me Under Website Hits: 5620
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